- perruque
- (pè-ru-k') s. f.1° Coiffe de réseau sur laquelle on range des cheveux représentant une coiffure naturelle. Perruque à la Louis XIV.• Cela sent son vieillard qui, pour en faire accroire, Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire, MOL. Éc. des mar. I, 1.• Il est bien nécessaire d'employer de l'argent à des perruques, lorsque l'on peut porter des cheveux de son cru qui ne coûtent rien ?, MOL. Avare, I, 5.• Monseigneur s'est fait couper les cheveux ; il en avait une très grande quantité et les plus beaux du monde, mais ils l'incommodaient à la chasse ; il a pris la perruque qui ne lui sied pas mal, DANGEAU I, 423, 30 déc. 1686.• Parce qu'il a une perruque blonde et des vapeurs noires, il se croit un philosophe anglais, MARMONTEL Cont. mor. Connaiss..Tête à perruque, tête en bois, sur laquelle on place une perruque pour l'accommoder.Fig. Tète à perruque, vieillard de peu d'esprit et opiniâtre en ses préjugés.• Quand elle [la raison] s'est présentée en Bavière et en Autriche, elle a trouvé deux ou trois grosses têtes à perruque qui l'ont regardée avec des yeux stupides et étonnés, VOLT. L'homme au 40 écus, le bon sens de M. André..Populairement et fig. Donner une perruque à quelqu'un, le réprimander vertement.2° Fig. S'est dit pour chevelure des arbres, feuillage ; acception qui n'est plus usitée, ou qui ne le serait qu'en plaisanterie.• Le tronc de branches dévêtu.... Reprenant sa perruque verte, RÉGNIER Stances relig..3° Terme de botanique. Assemblage de poils ou de filaments très menus auxquels adhèrent les graines des champignons angiocarpiens.4° Fig. et populairement. Personne trop âgée pour les fonctions qu'elle occupe, ou attachée à des idées qui ont passé de mode. C'est une perruque.• Je ne balance pas assurément entre Catherine II et les vingt-cinq perruques de Genève, VOLT. Lett. d'Argental, 11 oct. 1765.• Le mot perruque était le dernier mot trouvé par le journalisme romantique, qui en avait affublé les classiques, H. BALZAC dans Excentricités du langage..Adj. Vieux, suranné. Cela est décidément perruque.• Il le trouvait [un journal] tiède, timide, arriéré, perruque ; ce dernier substantif métamorphosé en adjectif exprimait le plus haut degré de son mépris, CH. DE BERNARD un Homme sérieux, § 5.XVe s.• Quant leurs cheveux sont trop petiz, Ils ont une perruque feincte, COQUILL. Monolog. des perr..XVIe s.• Mettant un chapeau de laurier par dessus sa longue perruque [chevelure], AMYOT Rom. 25.• ....Et d'autant que tousjours vostre chef renouvelle De printemps en printemps sa perruque nouvelle, RONS. 750.Wallon, perik ; espagn. peluca ; portug. peruca ; ital. parruca ; Sardaigne, pilucca ; lombard, peluch, toupet ; piém. pluch ; génois, pelluco, cheveu, fibre ; valaque, parocë. Tous ces mots se ramènent au lat. pilus, poil, qui a donné les formes en l, comme il a donné l'italien piluccare, et le français peluche ; les formes en r sont des altérations. Toutefois l'espagnol perico, toupet, reste en dehors de cette dérivation, sans cependant pouvoir la contredire. Perruque paraît pour la première fois en France dans le XVe siècle ; le sens propre en est chevelure. On a aussi indiqué comme étymologie le grec signifiant, fauve, jaune, parce que les premières perruques furent faites de cheveux blonds fort estimés dans l'ancienne Rome ; mais rien ne montre l'existence et la filiation de ce mot dans les langues romanes.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPERRUQUE. Ajoutez :5° Arbre à perruques, le rhus cotinus, L., BAILLON, Dict. de botan. p. 257.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.