- toupet
- (tou-pè ; le t ne se lie pas ; au pluriel l's se lie : des tou-pè-z-élégants) s. m.1° Petite touffe de poils, de cheveux, de crin, de laine.• Un toupet de cheveux Lui fut coupé, droit vers le front du sire, LA FONT. Muletier..• Peut-être.... Il.... S'arrachera de rage un toupet de cheveux Qui ne sont pas à lui, REGNARD le Joueur, II, 1.• Il avait par-dessus le marché les jambes fort tournées en dedans ; et il était si chauve qu'il ne lui restait qu'un toupet de cheveux par derrière, LESAGE Gil Blas, VII, 2.Un toupet de barbe, on dit plus ordinairement : un bouquet de barbe.2° Absolument, touffe de cheveux sur le sommet du front. Son toupet est dérangé. Un faux toupet.• Vous ne reconnaîtriez pas cette personne qui se coiffait en toupet, qui mettait son busc entre sa chair et sa chemise, et qui ne s'asseyait que sur la pointe des siéges pliants, SÉV. 261.• Son toupet gris, avec sa mignardise, lui donne l'air d'une vieille coquette, DIDER. Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 35, dans POUGENS.• L'âge avait pu dégarnir son crâne ; mais un toupet parfaitement en harmonie avec les cheveux réparait le ravage des années, REYBAUD Jér. Patur. I, 3.Familièrement. Se prendre au toupet, se prendre aux cheveux.Fig. et familièrement. Son toupet lui prend, son toupet s'échauffe, il a un mouvement de caprice, d'impatience.• Voyant le toupet [de la maréchale de Luxembourg] s'échauffer, je me tus et me laissai quereller, SAINT-SIMON 97, 27.Fig. et populairement. Avoir du toupet, avoir du feu, de la verve, de la hardiesse, de l'effronterie.Avoir du toupet, s'est dit parce que les bravi italiens laissaient croître un toupet qu'ils portaient sous leur chapeau, le ramenant sur leur visage, le coup fait, pour n'être point reconnus.Relever le toupet, réprimander.• Madame mère se plaignait à lui [un colonel] de quelques procédés de son fils [Napoléon Ier] : " ....Si j'étais de vous, madame, je lui relèverais le toupet avec de la pommade forte, ", P. L. COUR. Lett. 13 déc. 1805.3° Dans le cheval, houppe de crins qui s'échappe de la partie antérieure de la crinière et qui tombe entre les oreilles. Le toupet est toujours en rapport avec la crinière pour l'abondance, la finesse et la longueur des crins.4° Toupet bleu, verdier de Java.XIIe s.• Par le toupet l'a sesi, sel tret jus [le tire en bas], la Prise d'Orenge, v. 120.XIIIe s.• Et uns Turs [un Turc] est issus, si a prises ses armes, Et sist sor un cheval, les piés ot blans tot quatre, De devant al topet ot fremée une chartre [eut attaché une lettre], Ch. d'Ant. Compl. 58.XIVe s.• En une cité qui siet sur le toupet d'une haulte montaigne, Chr. de St Denis, t. I, fe 6, dans LACURNE.• Il [le singe, à la cour du roi Noble] vait à l'un faisant la moe, Et l'autre reprent par la joe, Par le toupet ou par l'oreille, J. DE CONDÉ t. III, p. 78.XVe s.• Il y pest chascun matin, Car il en a chault le touppet ; Dieu le me sauve, ce varlet, CH. D'ORL. Bal. 135.• Pirula, tipet de le nes [bout du nez], SCHELER Lexicogr. latine, p. 126.• C'est grant blasme que vous qui plorez ce que ne povez avoir, et dont ung autre jouira temprement à votre presence ; et lors les compaignons vous rongneront le toupet comme à celluy qui a musé pour neant, Perceforest, t. v, f° 78.XVIe s.• Le troesne graine tous les ans, jettant sa semence dans de petites bouteilles noires à touppets, O. DE SERRES 557.Bourguig. tôpô, haut de la tête ; diminutif de l'anc. français toup, qui vient de l'allem. Zopf, touffe de cheveux ; anc. scandin. toppr ; le radical est le même que dans touffe (voy. ce mot). Le gaélique a aussi top, tap, une touffe.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRETOUPET. Ajoutez: 5° Populairement, partie de toupet, rixe où l'on se prend aux cheveux.• De là les parties de toupet, les yeux pochés et tout ce qui s'en suit, Cahier des plaintes des dames de la Halle, t. II, p. 8, 1789, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 198.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.