ombre

ombre
ombre 1.
(on-br') s. f.
   Espace privé de lumière par interposition d'un corps opaque.
   Et déjà les vallons Voyaient l'ombre en croissant tomber du haut des monts, LA FONT. Phil. et Bauc..
   Le soldat est trop lâche, qui veut toujours être à l'ombre, BOSSUET 1er serm. quinquagés. 2.
   L'ombre de la terre, ainsi que celle de la lune, est conique, parce que le diamètre du soleil est plus grand que celui de ces planètes, CONDILL. Art de rais. V, 9.
   Si, faisant passer la lumière d'une bougie par un petit trou, vous placez à un pied de distance la surface A d'un pouce carré, cette surface jettera sur B qui est à deux pieds, une ombre de quatre pouces carrés ; sur E qui est à trois pieds, une ombre de neuf pouces ; sur D qui est à quatre pieds, une ombre de seize pouces ; sur cinq, une ombre de 25 ; sur six, une ombre de 36 ; en un mot l'ombre augmentera comme le carré des distances, CONDILL. id. III, 3.
   L'ombre que tout corps jette à la lumière a pu donner naissance à la peinture, celle-ci à l'écriture, BONNET Ess. psychol. ch. 18.
   La terre étant éclairée par le soleil, c'est-à-dire par un corps plus grand qu'elle, et son ombre ayant une forme conique, la partie de cette ombre que traverse la lune doit être d'autant plus large que la lune sera plus près de la terre, BAILLY Hist. astron. mod. t. I, p. 179.
   Les ombres à midi sont plus courtes en été qu'en hiver, BRISSON Traité de phys. t. II, p. 280, dans POUGENS.
   On marchait dans la chambre ; ce qui formait de grandes ombres fugitives qui passaient avec rapidité devant les fenêtres, GENLIS Mlle de Clermont. p. 106, dans POUGENS.
   Ombre droite, celle que jette un corps opaque sur le plan horizontal auquel il est perpendiculaire ; ombre renversée, celle qu'il jette sur un plan vertical, ainsi dite parce qu'elle suit, pour sa longueur, des lois inverses de celles de l'ombre droite.
   Ombre absolue, celle qui est projetée dans l'espace absolu, par exemple l'ombre de la terre ; ombre relative, l'ombre absolue rencontrée par une surface quelconque.
   L'ombre et la lumière, l'ombre considérée dans son contraste avec l'espace lumineux qui l'entoure.
   Il y a des objets que l'ombre fait valoir, d'autres qui deviennent plus piquants à la lumière, DIDER. Essai sur la peint. ch. 3.
   Fig.
   Un même caractère a aussi ses traits d'ombre et de lumière qui s'embellissent par leur mélange, MARMONTEL Élém. litt. Oeuv. t. VII, p. 427, dans POUGENS.
   Fig. Jeter une ombre sur, obscurcir.
   Cet hymen jetterait une ombre sur sa gloire, CORN. Nic. IV, 5.
   Il me semble, comme à vous, ma bonne, que rien ne peut plus jeter des ombres et des chagrins sur notre société, SÉV. 17 juill. 1680.
   On dit dans un sens analogue : mêler de l'ombre.
   Mais, puisque, pour remplir la dignité royale, Votre haute naissance en demande une égale, Perpenna parmi vous est le seul dont le sang Ne mêlerait point d'ombre à la splendeur du rang, CORN. Sert. II, 2.
   Les grandeurs du monde ne sont qu'ombre et que fumée, c'est-à-dire elles n'ont rien de solide ni de permanent.
   Passer comme l'ombre, comme une ombre, être de courte durée, locution prise de la rapidité avec laquelle l'ombre change dans une journée.
   Fig. Mettre un homme à l'ombre, le mettre en prison Bon ; je vois mon fripon ; nous l'allons mettre à l'ombre, les Deux arlequins, III, 6, dans le Théât. ital. de Gherardi, t. III, p. 313.
   Mettre à l'ombre, tuer. Il en mit encor vingt à l'ombre ; Mais bientôt, accablé du nombre, La camarde allait le faucher, la Henr. trav. IV.
   Il cherchera querelle à ce drôle qui n'envoie pas seulement cent sous à sa pauvre soeur, et.... - Ici Vautrin se leva, se mit en garde, et fit le mouvement d'un maître d'armes qui se fend, " Et à l'ombre ! " ajouta-t-il, H. DE BALZAC le Père Goriot..
   Être dans l'ombre, être dans un espace que l'ombre couvre, et fig. ne pas paraître, ne pas figurer.
   Le rôle qu'on fait jouer à Antoine est peu de chose.... c'est une figure dans l'ombre, qui ne sert, à mon avis, qu'à faire sortir le personnage d'Octave, VOLT. Triumvirat, Notes..
   Chez nous, où les hommes ont une carrière active, il faut que les femmes soient dans l'ombre ; et ce serait bien dommage d'y mettre Corinne, STAËL Corinne, VIII, 1.
   Fig. Tout lui fait ombre, c'est-à-dire tout lui fait peur, tout excite sa défiance ; par comparaison avec le cheval ombrageux.
   Des prêtres, des enfants lui feraient-ils quelque ombre ?, RAC. Athal. V, 2.
   Faire ombre à quelqu'un, obscurcir le mérite, le crédit de quelqu'un.
   Je trouve qu'on l'a voulu chasser proprement de l'hôtel de Condé, parce qu'il faisait ombre aux autres, SÉV. 165.
   Celui-là fait sa fortune innocemment, et il nous rend ses ennemis par ses bons succès : ou sa vertu nous fait ombre, ou sa réputation nous offusque, BOSSUET 4e serm. Passion, 1.
   Fig. Jeter de l'ombre, inquiéter, rendre jaloux.
   Poëte, j'eus toujours un chant pour les poëtes ; Et jamais le laurier qui pare d'autres têtes Ne jeta d'ombre sur mon front, V. HUGO Odes, III, 1.
   Dans le style élevé, la nuit.
   Dans l'ombre de la nuit cache bien ton départ, CORN. Cid, III, 4.
   Les ombres, les flambeaux, les cris et le silence, RAC. Brit. II, 2.
   Mes soldats presque nus, dans l'ombre intimidés, RAC. Mithr. II, 3.
   Les ombres par trois fois ont obscurci les cieux, RAC. Phèdre, I, 3.
   Et, sans me rappeler des ombres des enfers, RAC. Théb. V, 4.
   La nuit vint m'envelopper de ses ombres, FÉN. Tél. IX..
   Dès que la nuit plus sombre Aux crimes des mortels viendra prêter son ombre, VOLT. Zaïre, IV, 7.
   L'ombre diminue, Et comme une nue S'élève et s'enfuit ; Le jour la poursuit Et par sa présence Chasse le silence, Enfant de la nuit, BERNIS Poésies diverses, Description poét. mat. p. 96.
   Ombre donnée par les feuillages, ombrage.
   Déjà moins plein de feu, pour animer ma voix J'ai besoin du silence et de l'ombre des bois, BOILEAU Épître VI.
   ....Du mont Cithéron vous recherchiez les ombres, M. J. CHÉNIER Oedipe roi, IV, 4.
   Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée, Me couvrent tout entier de silence et de paix, LAMART. Médit. I, 6.
   Fig.
   Que de leur feuillage sans nombre à jamais ils puissent faire ombre [donner protection] Aux peuples de tout l'univers, MALH. II, 3.
   Fig. L'ombre considérée comme ce qui protége.
   Depuis que son courage [de Sertorius] à nos destins préside, Un bonheur si constant de nos armes décide, Que deux lustres de guerre assurent nos climats Contre ces souverains [les Romains] de tant de potentats, Et leur laissent à peine, au bout de dix années, Pour se couvrir de nous l'ombre des Pyrénées, CORN. Sert. II, 1.
   L'ombre de la mort, les ténèbres qui accompagnent la mort.
   La mort à laquelle vous nous avez condamnés, n'est point une véritable mort ; ce n'est qu'une ombre de la mort dont vous nous avez couverts, pour nous faire porter des marques de votre justice, BOURDAL. 15e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 451.
   Les ombres de la mort, l'ombre du tombeau, la mort même.
   La grandeur de la foi éclate bien davantage lorsque l'on tend à l'immortalité par les ombres de la mort, PASC. Lett. sur la mort de son père.
   Au plus haut point de sa gloire, sa joie [de Mazarin] est troublée par la triste apparition de la mort ; intrépide, il domine jusqu'entre ses bras et au milieu de son ombre, BOSSUET le Tellier..
   Ô grandeur humaine.... de quelque côté que je te tourne, je trouve toujours la mort en face qui répand tant d'ombres de toutes parts sur ce que l'éclat du monde voulait colorer, BOSSUET Serm. Mort, 1.
   Quoique environné des ombres de la mort, il avait encore quelque connaissance, LESAGE Gil Blas, X, 2.
   Des ombres du trépas ses yeux s'enveloppèrent, VOLT. Henr. VIII.
   Il faut que nos mystères sombres Soient cachés dans la mort, et couverts de ses ombres, VOLT. Fanat. IV, 1.
   Déjà tout se noircit des ombres de la mort, DELILLE Én. XI.
   Fig. L'ombre de la mort, les ombres de la mort, l'ignorance de Dieu, de la vraie religion.
   Vous attendrez la lumière, et Dieu la changera en une ombre de mort, en une profonde obscurité, SACI Bible, Jérém. XIII, 16.
   Combien de fois, déplorant l'aveuglement de tant de peuples qui vivent dans les ténèbres, à l'ombre de la mort...., FLÉCH. Aiguill..
   Hâte-toi d'éclairer, ô lumière éternelle, Des malheureux assis dans l'ombre de la mort, RAC. Hymn. le Mercr. à laudes..
   Terme de peinture. Les endroits les plus bruns et les plus obscurs d'un tableau qui servent à rehausser l'éclat des autres. [Chez Poussin] une manière plus ronde qui ne l'est que par l'adoucissement du terme de l'ombre avec une teinte qui l'unit à la plus prochaine du jour, NOEL COYPEL, Discours sur la peinture (1670).
   Ombre portée, toute ombre qu'un corps projette sur une surface, et l'imitation qu'on en fait dans un dessin, dans un tableau.
   Fig. C'est une ombre au tableau, se dit d'un léger défaut qui n'efface point les beautés d'un ouvrage, les bonnes qualités d'une personne.
   C'est une ombre au tableau qui lui donne du lustre, BOILEAU Sat. IX..
   Ce sont des ombres à un beau tableau, VOLT. Candide, 22.
   On dit aussi en ce sens, ombre absolument.
   Je vous prie de ne plus dire de mal de votre humeur : votre coeur et votre âme sont trop parfaits pour laisser voir ces légères ombres, SÉV. 26 janvier 1680.
   Ombre se dit, dans un dessin, dans une carte, dans un plan, de ce qui imite l'ombre, de ce qui est en noir.
   La glacière de ce pôle, qui en occupe toutes les régions adjacentes jusqu'au 80 ou 81e degré, comme nous l'avons représenté en jetant une ombre sur cette portion de la terre à jamais perdue pour nous, BUFF. Explic. cart. géogr. Oeuv. t. XIII, p. 355.
   Fig. Terme de musique. Ombre, nuance de la voix. C'est ainsi qu'on appelle en italien les différentes gradations des fortés et des pianos, dont on doit alternativement faire usage dans les cantilènes pour leur donner un peu de relief, comme les ombres et les demi-teintes servent en peinture à faire ressortir les couleurs, ESCUDIER.ig. Ce qui obscurcit l'âme.
   Tout respire en Esther l'innocence et la paix ; Du chagrin le plus noir elle écarte les ombres, RAC. Esth. II, 7.
   Fig. Le secret qui cache les choses.
   Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux [des dieux], Même les actions que dans l'ombre il croit faire, LA FONT. Fabl. IV, 19.
   Chacun s'en aperçut ; car d'enfermer sous l'ombre Une telle aise, le moyen,..., LA FONT. Pet. ch..
   Les ombres sont encore répandues sur le procédé de Montgobert, SÉV. 441.
   Dans l'ombre du secret ce feu s'allait éteindre, RAC. Mithr. IV, 4.
   Nos feux, toujours brûlants dans l'ombre du silence, Trompaient de tous les yeux la triste vigilance, VOLT. Adél. I, 2.
   [Le calvinisme] Faible, marchant dans l'ombre, humble dans sa naissance, VOLT. Henr. I.
   L'injustice et la tyrannie aiment à se renfermer dans l'ombre ; elles se cachent à ceux qu'elles oppriment, RAYNAL Hist. phil. IV, 21.
   Les ombres du mystère, l'obscurité qui couvre les choses secrètes.
   Jamais l'amour ne fut moins imprudent, Ne sut mieux se voiler dans l'ombre du mystère, VOLT. Tancr. II, 1.
   Être, rester dans l'ombre, être, demeurer ignoré. La cause de cet événement reste dans l'ombre.
   Fig. Retraite, solitude, tranquillité.
   Dans l'ombre de la paix, CORN. Sert. III, 1.
   Venise ne le laissa pas longtemps dans les exercices tranquilles et dans l'ombre d'une université, FONTEN. Guglielmini..
   La timide infortune aime à gémir dans l'ombre, DORAT dans GIRAULT-DUVIVIER.
   Image, ressemblance du corps qui projette l'ombre. L'ombre à une certaine heure est l'image du corps ; cette ombre grandit à mesure que le jour baisse.
   Particulièrement. L'ombre jetée par le corps d'une personne.
   Cadediou, ce coquin a marché dans mon ombre, Il s'est fait tout vaillant d'avoir suivi mes pas, CORN. l'Illus. com. III, 10.
   Après t'être immolé chez toi ton général, Toi, que faisait trembler l'ombre d'un tel rival, CORN. Sertor. V, 4.
   C'est là qu'il [Sénèque] dit de la gloire, qu'elle est à la vertu ce que l'ombre est au corps, DIDER. Claude et Nér. II, 28.
   Philippe s'en plaignit [aux Lacédémoniens] avec hauteur, et reçut pour toute réponse ces mots : Si tu te crois plus grand après ta victoire, mesure ton ombre ; elle n'a pas augmenté d'une ligne, BARTHÉL. Anach. ch. 82.
   Il le suit comme l'ombre fait le corps, il le suit partout.
   On dit aussi : il ne le quitte pas plus que son ombre.
   [Il] La faisait suivre [sa femme] à toute heure, en tous lieux, Par une vieille.... Qui la quittait aussi peu que son ombre, LA FONT. On ne s'avise..
   Il y a là une femme de chambre qui ne me quitte non plus que mon ombre, DIDER. Père de famille, IV, 13.
   On dit encore dans le même sens : c'est son ombre, c'est une ombre attachée à ses pas.
   Je le rencontre partout ; c'est exactement une ombre attachée à mes pas, GENLIS Théât. d'éduc. la Bonne mère, II, 3.
   C'est l'ombre et le corps, se dit de deux personnes qui ne se quittent pas.
   Mme de Coulanges est toujours obsédée de notre cousin ; il ne paraît plus qu'elle l'aime ; et cependant c'est l'ombre et le corps, SÉV. 6 avr. 1680.
   Avoir peur de son ombre, avoir peur des moindres choses.
   Je ne vous dirai point combien de fois elle broncha, et eut peur de son ombre, SCARR. Rom. com. II, 1.
   Ce même fond me fait craindre mon ombre, toutes les fois que votre amitié est cachée sous votre tempérament, SÉV. 440.
   Morgué ! que tu es défiant, Colin ! tu as peur de ton ombre, DANCOURT l'Opéra de village, SC. 1.
   Je crains toujours de commettre quelque indiscrétion ; mon ombre me fait peur ; c'est apparemment depuis que j'ai été sur le point de n'être plus qu'une ombre, VOLT. Lett. Richelieu, 11 avr. 1773.
   Fig. Courir après une ombre, se livrer à une espérance chimérique.
   Chacun se trompe ici-bas ; On voit courir après l'ombre Tant de fous qu'on n'en sait pas La plupart du temps le nombre, LA FONT. Fabl. VI, 17.
   Ils courent après une ombre trompeuse, FÉN. Tél. XIV.
   Fig. Prendre l'ombre pour le corps, prendre une chose vaine pour une chose solide.
   Ah ! ma chère enfant.... rien n'est bon que d'avoir une belle et bonne âme : on la voit en toute chose comme au travers d'un coeur de cristal.... vous n'avez point vu de dupes là-dessus : on n'a jamais pris longtemps l'ombre pour le corps, SÉV. 9 sept. 1675.
   On dit de même : l'ombre d'une chose, par opposition à cette chose même, à son existence réelle.
   Ils avaient l'ombre de la sévérité, mais ils n'en avaient pas le corps, bien loin qu'ils en eussent l'esprit, BOURDAL. Sévér. évang. 2e avent, p. 426.
   L'erreur qui nous a fait prendre l'ombre pour la vérité, MASS. Myst. Résurr..
   Chez les anciens Romains, les personnes que les convives invités amenaient avec eux.
   Chaque convié [au festin de Crassus] avait la sienne [robe de festin], et on en a encore trouvé de reste pour toutes les ombres, FÉN. t. XIX, p. 294.
   Selon la doctrine des anciens païens, apparence, simulacre du corps après la mort, soit qu'elle habite les régions de l'enfer, soit qu'elle apparaisse aux vivants.
   Comme s'il importait, étant ombres là-bas, Que notre nom vécût ou qu'il ne vécût pas, RÉGNIER Sat. IV.
   Une ombre est toujours ombre, et des nuits éternelles Il ne sort point de jours qui ne soient infidèles, CORN. Tois. d'or, I, 3.
   Son ombre vers mon lit a paru se baisser ; Et moi je lui tendais les mains pour l'embrasser, RAC. Athalie, II, 5.
   Il y a deux vers dans le 6e livre de l'Énéide, qui ont été fort estimés... : On voyait là, dit la traduction, le cocher Tydacus, Qui tenant l'ombre d'une brosse Nettoyait l'ombre d'un carrosse, CH. PERRAULT Mémoires, Avignon, 1759, p. 9.
   J'y voyais des images plus terribles pour moi que les pâles ombres, MONTESQ. Temple de Gnide, ch. 6.
   Si vous voulez, chemin faisant, voir des ombres, comme faisait le capitaine de dragons Ulysse dans ses voyages, vous ne pouvez mieux vous adresser que chez moi : je suis la plus chétive ombre de tout le pays, ombre de quatre-vingts ans ou environ, ombre très légère et très souffrante, VOLT. Lett. Delisle, capitaine de dragons, 12 juill. 1773.
   Trois fois l'ombre divine échappe à ses transports, DELILLE Énéide, VI.
   Il se dit, dans un sens plus général, de la personne considérée après sa mort.
   Quoi ! viens-tu jusqu'ici braver l'ombre du comte ?, CORN. Cid, III, 1.
   ....Jouissons, en dépit de l'envie, Des restes glorieux de son illustre vie ; Sa mort me laissera pour ma protection La splendeur de son ombre et l'éclat de son nom, CORN. Sert. II, 1.
   Nous avons trouvé tous ses gens en pleurs : l'ombre de ce bon évêque n'a pas laissé de nous donner un très bon souper et de nous loger, SÉV. 549.
   Dieu veuille que ces prospérités continuent ! ce serait l'ombre de M. de Turenne qui serait encore dans cette armée, SÉV. Lett. 5 août 1675.
   Je voudrais bien avoir causé seulement deux heures avec l'ombre de M. de Turenne, pour prendre la suite de ses desseins, Paroles de Condé allant prendre le commandement de l'armée de Turenne, dans SÉVIGNÉ, 26 août 1675.
   Enfin, après sa mort [de Mazarin], son ombre était encore la maîtresse de toutes choses, et il paraissait que le roi ne pensait à se conduire que par les sentiments qu'il lui avait inspirés, Mme DE LA FAYETTE Hist. de Mme Henriette, 1re partie..
   Voilà celui qui nous menait dans les hasards ; son ombre eût pu encore gagner des batailles, BOSSUET Louis de Bourbon..
   De morts et de mourants noblement entouré, Que, vengeant sa défaite et cédant sous le nombre, Ce héros a forcés d'accompagner son ombre, RAC. Baj. V, 11.
   La satire est pour leur personne et la gloire pour leur ombre, D'ALEMBERT Liberté de la musique, Oeuvres, t. III, p. 389, dans POUGENS..
   Fig. Légère apparence.
   Ces ombres de santé cachent mille poisons, CORN. Rodog. III, 6.
   Cette feinte douceur, cette ombre d'amitié Vint de ta politique, et non de ta pitié, CORN. Héracl. I, 2.
   Et vous l'avez [le coeur] tous deux trop grand, trop magnanime Pour souffrir sans horreur l'ombre même d'un crime, CORN. Héracl. V, 6.
   Mais aux ombres du crime on prête aisément foi, MOL. Mis. III, 5.
   Vos mines et vos cris aux ombres d'indécence Que d'un mot ambigu peut avoir l'innocence, MOL. ib..
   Du Chesne [un médecin] m'a dit d'aller toujours dans le carême jusqu'à l'ombre de la moindre incommodité, SÉV. 17 mars 1680.
   Je lui demandai [à Ch. de Sévigné qui voulait vendre sa charge] au moins d'attendre un prétexte, l'ombre d'un dégoût, enfin quelque chose qui pût cacher le fond du terrain, SÉV. 14 févr. 1680.
   Il est bien dur à M. de Lavardin d'avoir acheté une charge quatre cent mille francs, pour obéir à M. de Fourbin ; car encore M. de Chaulnes a l'ombre du commandement, SÉV. 2 août 1675.
   La voilà, malgré ce grand coeur, cette princesse si admirée et si chérie, la voilà telle que la mort nous l'a faite ; encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s'évanouir...., BOSSUET Duch. d'Orl..
   Le nom même et l'ombre de division [dans l'Église] faisait horreur à la reine, BOSSUET Mar.-Thér..
   Ne donnera-t-il [Dieu] à ceux qu'il aime qu'une ombre de félicité ?, BOSSUET Hist. II, 6.
   Il ne lui laissa qu'une ombre de puissance, BOSSUET ib. I, 9.
   L'ombre d'une faute vous a fait peur, BOSSUET Lett. 160.
   Des hommes superbes et artificieux qui, pour ne paraître pas dépourvus de la lumière de la vérité, se couvraient de l'ombre d'une trompeuse austérité, BOURDALOUE 3e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. II, p. 360.
   Ombres et apparences du péché, madame la Dauphine vous poursuivait dans les plus secrets replis de son âme, FLÉCH. Dauphine..
   M. de Montausier [même lorsqu'il se trompait] suivait du moins l'ombre de la vérité et de la justice, FLÉCH. Duc de Mont..
   Du reste, ou mon crédit n'est plus qu'une ombre vaine...., RAC. Mithr. I, 1.
   Si de tant de maux le funeste inventeur De quelque ombre de bien pouvait être l'auteur, RAC. Athal. III, 4.
   Les tyrans ont toujours quelque ombre de vertu, VOLT. Catilina, I, 5.
   Agités par l'ombre du plaisir qu'ils poursuivent sans cesse et qui leur échappe toujours, DIDER. Interprét. de la nature, n° 27.
   Il se lève, un long dard s'agite dans sa main, Une ombre de couronne est sur son front hautain, DELILLE Paradis perdu, II.
   Il se dit aussi pour exprimer que la chose dont on parle existe à peine.
   Il passa en Italie avec quelque ombre de joie de songer qu'il sortait des mains de ses ennemis, VOIT. Oeuvr. t. II, p. 328.
   Un courroux si constant pour l'ombre d'une offense M'a trop bien éclairci de votre indifférence, MOL. le Dép. IV, 3.
   Sans preuve, sans la moindre ombre et sans la moindre apparence, PASC. Prov. XI.
   Il ne peut pas avoir l'ombre d'un chagrin, SÉV. 476.
   Je vous prie, mon cher comte, de recevoir ce petit présent.... voilà d'étranges présents, un ruban, une ceinture, un petit pigeon, une ombre, un souffle, un rien, c'est le denier de la veuve, SÉV. 26 janv. 1689.
   Il ne me paraît pas qu'il [M. Trouvé] ait l'ombre d'un tort, SÉV. 9 avril 1683.
   Je ne vis entre nous aucune ombre de difficulté, BOSSUET Var. 8.
   Et qu'étant loin de moi, quelque ombre d'amertume Vous fit trouver les jours plus longs que de coutume, RAC. Théb. II, 1.
   Vous devez à ses pleurs quelqu'ombre de pitié, RAC. Phèdre, II, 3.
   Clérembault l'assura [Rouvroy] qu'il ne trouverait jamais ombre de la moindre preuve [de parenté avec Saint-Simon], SAINT-SIMON 194, 97.
   Mon coeur sans mouvement.... D'aucune ombre d'espoir n'était plus secouru, VOLT. Fanat. II, 1.
   Une ombre de respect pour son saint ministère Peut-être adoucira ces vainqueurs forcenés, VOLT. Orphel. I, 1.
   C'est l'éloquence la plus vigoureuse sans l'ombre d'effort de rhétorique, DIDER. Lett. à Grimm..
   Pas l'ombre de, pas du tout.
   De justice, il n'y avait pas l'ombre, VOLT. Louis XIV, 5.
   Mais franchement, tu n'as pas le sens commun, mais.... pas l'ombre, MIRABEAU Lett. orig. t. II, p. 259, dans POUGENS.
10°   Fig. Signe, figure d'une chose à venir ; en ce sens il ne se dit que de l'ancienne loi par rapport à la nouvelle. Les cérémonies et le sacrifice du vieux Testament n'étaient que les ombres des mystères et des vérités du nouveau.
   Quand sera le voile arraché Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre ? Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre ; Jusqu'à quand seras-tu caché ?, RAC. Esth. II, 9.
   Par extension, image imparfaite.
   Les règles de la justice humaine nous peuvent aider à entrer dans les profondeurs de la justice divine dont elles sont une ombre ; mais elles ne peuvent pas nous découvrir le fond de cet abîme, BOSSUET Hist. II, 1.
   Astre dont le soleil n'est que l'ombre grossière, RAC. Hymnes, le lundi à laudes..
   Ces établissements ne sont que l'ombre de ce que vous ferez un jour, FÉN. Télém. XXII.
   Des figures vides et les ombres de l'avenir, MASSILLON Carême, Temples..
11°   Fig. Il se dit d'une personne ou d'une chose qui a perdu ce qui faisait sa grandeur, son éclat.
   Vous êtes aussi bien le véritable roi, Je n'en suis plus que l'ombre, et l'âge ne m'en laisse Qu'un vain titre d'honneur qu'on rend à ma vieillesse, CORN. Nicom. II, 11.
   Qu'est-ce donc que l'homme ?... n'est-ce pas, si je puis parler de la sorte, un reste de lui-même, une ombre de ce qu'il était dans son origine ?, BOSSUET la Vallière..
   Depuis ce coup fatal le pouvoir d'Agrippine Vers sa chute à grands pas chaque jour s'achemine, L'ombre seule m'en reste, RAC. Brit. I, 1.
   L'audace d'une femme, arrêtant ce concours [au temple de Jérusalem], En des jours ténébreux a changé ces beaux jours ; D'adorateurs zélés à peine un petit nombre Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre, RAC. Ath. I, 1.
   Sémiramis n'est plus que l'ombre d'elle-même, VOLT. Sémir. II, 3.
   Le sénat, dont l'ombre subsistait, s'élevait souvent contre eux [ces papes], VOLT. Moeurs, 1.
   J'approche, hélas ! de la nuit sombre Qui nous engloutit sans retour ; D'un homme je ne suis que l'ombre, Je n'ai que l'ombre de l'amour, VOLT. Lett. roi de Prusse, 29 août 1742.
12°   Terme de blason. Se dit d'une peinture si déliée, qu'on voit le champ de l'écu au travers.
   Ombre de soleil, représentation du soleil, qui n'a pas de visage, mais un disque d'une seule couleur.
13°   À l'ombre de, loc. prép. Sous le couvert, à l'abri de. À l'ombre d'un toit.
   Je me repose à cette heure à l'ombre d'une montagne dont cette ville est couverte, VOIT. Lett. 38.
   Ces esclaves obscurs, Nourris loin de la guerre à l'ombre de ces murs, RAC. Bajaz. IV, 7.
   Dieux ! que ne suis-je assise à l'ombre des forêts !, RAC. Phèdre, I, 3.
   Fig. Sous la protection, à la faveur de.
   Il te fait vivre en paix à l'ombre de ses palmes, RÉGNIER Épître I.
   Le prince à mes côtés ferait dans les combats L'essai de son courage à l'ombre de mon bras, CORN. Cid, I, 6.
   Je repose sans crainte à l'ombre de tes soins, ROTR. Bélis. I, 2.
   Je serai en sûreté et à couvert à l'ombre de vos ailes, SACI Bible, Psaum. LX, 5.
   Je souhaiterais que notre mariage se pût faire à l'ombre du leur, MOL. Bourg. gent. III, 7.
   Ainsi l'on vit l'aimable Samuel Croître à l'ombre du tabernacle, RAC. Athal. II, 9.
   C'est à l'ombre de l'indigence Que j'ai trouvé la liberté, BÉRANG. Indép..
   Toujours échappé d'Athalie, Quelque enfant que le fer oublie Grandit à l'ombre du Seigneur [en parlant du duc de Bordeaux], LAMART. Méd. I, 15.
14°   Sous l'ombre de, sous ombre de, loc. prép. Sous l'apparence, sous le prétexte.
   Et sous ombre d'agir pour ses folles amours, Il a su pratiquer de si rusés détours...., CORN. Illus. com. II, 8.
   Sous ombre de venger sa grandeur méprisée, CORN. D. Sanche, II, 1.
   Vous m'avez voulu faire passer pour simple traducteur, sous ombre de soixante et douze vers que vous marquez sur un ouvrage de deux mille, et que ceux qui s'y connaissent n'appelleront jamais de simples traductions, CORN. Lett. apologétique..
   Elle [Mme de Grignan] se gouverne un peu à sa fantaisie, et, sous ombre de la philosophie de M. Descartes, qui lui apprend l'anatomie, elle se moque un peu des régimes et des remèdes communs, SÉV. 13 juin 1679.
   Tant d'âmes réprouvées, qui, par une simplicité pleine d'indiscrétion, ont adhéré aux sectes et aux hérésies, sous ombre d'une réforme imaginaire, BOURDAL. 7e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 92.
   Une mère mondaine qui, sous ombre de leur apprendre la science du monde, leur apprend à se damner, BOURDAL. Avent, Scandale, 114.
   On raille les dévotions de l'Église sous ombre de crédulité, BOURDAL. Dominicales, III, Zèle pour l'honneur de la religion. 287.
   Quand on dit sous l'ombre de.... il faut que le substantif suivant ait un article, par exemple : sous l'ombre de l'amitié ; quand on dit sous ombre, le substantif suivant ne prend pas d'article, par exemple : sous ombre d'amitié.
   Sous ombre que, loc. conjonct. signifiant sous prétexte que.
   Regardez.... s'il n'eût pas été mal à propos, qu'en cette occasion, sous ombre que je suis de l'Académie, je me fusse allé piquer de parler bon français, VOIT. Lett. 94.
   Mais, sous ombre que vous avez à cette heure une infinité d'affaires..., il vous semble que tous les autres ont du loisir, VOIT. Lett. 83.
   Sous ombre qu'elle est un peu belle, MOL. Psyché, V, 6.
   Vous faites bien l'entendu, monsieur le comte ; sous ombre que vous écrivez comme un petit Cicéron, vous croyez qu'il vous est permis de vous moquer des gens, SÉV. Lett. à Bussy, 25 nov. 1655.
PROVERBE Quand le soleil est couché, il y a bien des bêtes à l'ombre.
   Xe s.
   Quant umbre li fesist [un lierre], Fragm. de Valenc. p. 468.
   XIe s.
   Alez en est en son verger sous l'umbre, Ch. de Rol. II.
   XIIe s.
   Si ju aleve [ôte, enlève] en mei l'ombre de mort, SAINT BERN. p. 573.
   Huem [homme] à vanitedsemblans faiz est ; li jur de lui sicume umbre trespassent, Liber psalm. p. 222.
   Car qui peor [peur] a de son ombre, S'il puet [peut], volentiers se desconbre D'ancontre de lance ou de dard, Chev. au lyon, v. 1685.
   XIIIe s.
   Vostre bel ombre qui l'atent, Lai de l'ombre.
   Et s'el est tex [telle] que mantel port, Si le doit porter de tel port, Que trop la veüe n'encombre Du biau cors à qui il fait ombre, la Rose, 13762.
   Car ses umbres [son ombre] I'ot si trahi [Narcisse], Que cuida veoir la figure D'ung enfant bel à demesure [excès], SAINT BERN. 1494.
   XIVe s.
   Se le dit abuseur avoit aucune chose prins soubz umbre de la dite abusion, DU CANGE abusor..
   Par occasion et sous ombre de guerre renouvelée contre les Eques, BERCHEURE f° 39, recto..
   XVe s.
   Ha, frès viandiers, cà, cà, cà ! Il vous fault retirer à l'ombre, Que le chault ne vous face encombre, Entrés leans et prenés place (yci entrent en la prison), Seconde journée du mistere de la Passion Jhesus-Christ, dans FR. MICHEL, Argot..
   Il leur manda par un prelat, sous l'ombre du pape, que...., FROISS. I, I, 106.
   Il n'y a rien au devant de vous qui vous fasse ombre ni encombrier, FROISS. II, JII, 33.
   Disoyent qu'ils faisoyent guerre en l'ombre du roy de Navarre [sous la couverture de son nom], FROISS. livre I, p. 264, dans LACURNE.
   XVIe s.
   L'ombre du fort donne au foible assurance, J. MAROT V, 13.
   Mais sous bel ombre en chambre et galleries Nous pourmenans...., MAROT III, 162.
   Dont maintenant, qu'en est-il rien qu'ung umbre ?, MAROT III, 239.
   Les uns aiment les fresches ombres des foretz, DU BELLAY I, 34, recto..
   Menander disoit celui-là heureux qui avoit pu rencontrer seulement l'ombre d'un amy, MONT. I, 219.
   Le sieur de Langey, qui desja avoit l'ombre de la verité [la soupçonnait, était sur la trace de l'affaire], M. DU BELL. 484.
   Elle n'avoit qu'un songe et une umbre des biens qu'elle avoit esperez, AMYOT Lucul. 32.
   Les umbres [en un clair de lune] s'estendoient bien plus loing que les corps, AMYOT Pomp. 49.
   Et la vigne tortisse Mon sepulchre embellisse, Faisant de toutes pars Un ombre espars, RONS. 479.
   Lors ombrageant d'un grand ombre les champs...., RONS. 599.
   Tu m'as donné non un cheval d'Espagne, Mais l'ombre vain d'un cheval par escrit, RONS. 961.
   Il n'y a si petit buisson qui ne porte son ombre, COTGRAVE .
   Wallon, âbion, obion, contracté pour ombion, diminutif de ombre ; Berry, umbre ; provenç. ombra, umbra ; espagn. sombra ; ital. ombra ; du lat. umbra. Il semble naturel de rapporter umbra au terme grec qui signifie pluie, lat. imber ; ce serait le sanscr. ambhas, abhra, la pluie, le nuage qui obscurcit. Comme on voit à l'historique, ombre a été longtemps masculin et féminin.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. OMBRE. Ajoutez :
16°   Sauter au delà de son ombre, tenter l'impossible.
   Le tempérament de la France et vos dispositions ne le permettent pas, et je ne veux pas sauter au delà de mon ombre, Journ. offic. 23 juin 1874, p. 4256, 2e col..
   Et quant je suys en ces haults boys En la belle umbre, J'ouys le chant si doulx et courtoys D'oyseaulx sans nombre, les Chansons du XVe siècle, publ. par G. Paris, p. 74. à s'en rapporter à l'historique qui accompagne ombre, ce texte est le plus ancien où ombre est féminin.
————————
ombre 2.
(TERRE D')
   ou, simplement, OMBRE (on-br'), s. f..
Terre brune qui sert à ombrer. On n'a point de détails sur le gisement de cet ocre ; on dit qu'il en vient de Nocera en Ombrie, ce qui lui a fait donner le nom de terre d'ombre, AL., BRONGNIART, Traité de minér. t. I, p. 546, dans POUGENS. Les uns y faisaient entrer [dans le tabac] des feuilles de diverses plantes pulvérisées ; les autres, de la terre d'ombre, Compte des tabacs pour 1817, p. 26.
   Il ne paraît pas que terre d'ombre vienne de ombre ; le nom en dérive de l'Ombrie, contrée d'Italie, d'autant plus qu'on la nomme aussi terre de Sienne.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
2. OMBRE. Ajoutez : - ÉTYM.
   Les Italiens disent terra d'ombra, et non d'Ombria ; les Espagnols disent sombra ; sombra de Venezia, ombre de Venise, sombra de hueso, noir d'ivoire ; ce qui porte à croire que l'étymologie n'est pas Ombrie, mais ombra, ombre, HENSLEIGH WEDGWOOD dans Trans. of the philolog. soc. 1873-1874, part. I, p. 63.
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ombre 3.
(on-br') s. m.
Voy. hombre.
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ombre 4.
(on-br') s. m.
Espèce de perche de la Méditerranée.
   Ombre-chevalier, variété de la truite.
   Nous mangerons un ombre-chevalier, et nous entendrons M. de l'Écluse, MARMONTEL Mém. VII.
   Nos ombres sont si renommés, qu'on profite des froids de l'hiver pour en envoyer à Paris, et même jusqu'à Berlin, SAUSSURE Voy. Alpes, t. I, p. 22, dans POUGENS.
   Ombre de mer, le corbeau de mer, poisson du genre sciene.
   Origine inconnue.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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