- noyau
- (no-iô ; plusieurs prononcent noi-iô) s. m.1° Partie dure et solide, tantôt unique, tantôt multiple, que certains fruits renferment, et qui contient la semence ou l'amande. Casser le noyau pour en avoir l'amande.• Je fus surpris à mon arrivée en Grèce, de voir fumer et émonder les arbres ; mais ma surprise fut extrême, lorsque je vis des fruits dont on avait trouvé le secret de diminuer le noyau, pour augmenter le volume de la chair, BARTHÉL. Anach. ch. 59.• On obtient aussi des fruits sans noyaux en privant un arbre d'une partie de sa moelle, GENLIS Maison rust. t. II, p. 369, dans POUGENS.Fruits à noyau, fruits qui ont un noyau comme la pêche, la prune, etc. par opposition à fruits à pepin.Eau de noyau, liqueur dans la préparation de laquelle entrent des noyaux de pêches.Les noyaux, se dit d'un jeu pour lequel on se sert de huit noyaux noirs d'un côté et blancs de l'autre, que l'on jette en l'air. Jouer aux noyaux. Le jeu des noyaux.2° Fig. et populairement, au plur. des noyaux, des espèces monnayées. Il a amassé bien des noyaux.• Je vas chez M. Evrard pour toucher mes noyaux, COMTE DE CAYLUS (GROSLEY), Hist. de M. Guillaume, Oeuvr. t. X, p. 64, dans POUGENS..3° Fig. Premier et petit groupe d'une compagnie, d'un établissement, d'un rassemblement, etc. Le noyau d'une colonie. Le noyau d'un rassemblement.4° Terme d'anatomie. Partie qui entre dans la structure des éléments anatomiques ayant forme de cellule. Le noyau d'une cellule.5° Masses pierreuses, solides et moulées dans le creux des coquilles pétrifiées.6° La partie la plus dure qui se trouve au centre de certains cailloux.Se dit aussi d'une montagne ou de tout autre corps considérable.• Le noyau d'une montagne est composé de différents lits de pierres, dont les supérieurs sont de pierre tendre, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. terr. Oeuvr. t. II, p. 373.• Le bonhomme [Maupertuis] proposait sérieusement.... de creuser un trou jusqu'au noyau de la terre, VOLT. Maupertuis..7° La partie centrale d'un cristal qui diffère souvent beaucoup du cristal lui-même.• Cet octaèdre, retiré si aisément du cube de chaux fluatée, et qui est divisible parallèlement à ses propres faces, se nomme le noyau ou la forme primitive de la chaux fluatée, AL. BRONGNIART Traité de min. t. I, p. 13, dans POUGENS..8° Terme de chimie. Théorie des noyaux, nom donné à la théorie des radicaux fondamentaux, dans les composés organiques, soit que le noyau résiste aux réactifs et reste seul, soit que, perdant du carbone ou un autre élément constituant, il se transforme en un autre noyau.9° Terme d'astronomie. Partie qui paraît la plus dense, dans une comète.• Elles [les comètes] présentent aux yeux des observateurs un noyau vif et solide, qui réfléchit fortement la lumière du soleil à travers l'atmosphère immense de la comète, BUFF. Hist. nat. Preuv. théor. ter. Oeuvr. t. I. p. 199.• Au milieu de la nébulosité de la chevelure, qui est le caractère distinctif des comètes, Jean-Baptiste Cysatus remarqua un espace plus lumineux et d'une clarté plus dense et plus serrée ; c'est proprement le disque et le corps de la comète ; il l'appela le noyau, BAILLY Hist. astron. mod. t. II, p. 121.Partie lumineuse au milieu des taches du soleil.10° Terme de fonderie. La masse de terre à potier, ou autre matière, remplissant l'intérieur d'un moule et destinée à soutenir la cire que doit remplacer le métal en fusion. Le noyau d'une statue, d'une cloche, d'un canon.Terme de fontainier. Cylindre que l'on place au centre du moule dans lequel on coule les tuyaux de plomb.Terme de plombier. Masse de terre composée que l'on met dans un châssis, pour mouler le creux d'un mascaron ou d'une autre figure en plomb.La partie intérieure d'une médaille fourrée.• J'ai cité les deux médaillons de plomb du cabinet de Vienne qu'il croit avoir été les noyaux de deux semblables médailles [fourrées], et qui auraient perdu les feuilles de métal précieux dont les faussaires les avaient revêtues, MONGEZ Instit. Mém. acad. inscript. t. IX, p. 248.11° Terme de sculpture. Ébauche grossière d'une figure de plâtre, de stuc, etc.12° Terme d'architecture. Toute partie plus ou moins brute et massive, qui est enveloppée d'un revêtement.Toute saillie brute sur laquelle des moulures lisses doivent être poussées au calibre.Massif de pierre dont l'usage principal est de soutenir l'espèce de voûte rampante formée par les marches d'un escalier.Noyau d'escalier, pièce de bois où toutes les marches sont emmortaisées et tournent autour en lignes spirales. Noyau de fond, celui qui, du rez-de-chaussée, monte au dernier étage. Noyau suspendu, celui qui est coupé au-dessous des paliers et rampes de chaque étage. Noyau à corde, celui qui est taillé d'une grosse moulure en forme de corde pour conduire la main.13° Partie d'un tuyau d'orgue, où l'on place l'anche.14° Terme de gravure. Sorte de bouterolle concave.15° Noyau d'olive, volute rustique, sorte de coquille.PROVERBE Il faut casser le noyau pour en avoir l'amande, c'est-à-dire il faut prendre de la peine avant de retirer de l'utilité de quelque chose.XIIe s.• E ço iert [c'était] li nualz de tuz les malz que te sunt avenu dès l'ure [heure] que fus bacheler jusqu'à cest jur, Rois, p. 191.• Par devers nous est li noiaus [le gros, le fort de l'armée ennemie] tournés, Roncisv. 81.XIIIe s.• Vos despandeiz [dépensez] et sens raison Vostre tens et vostre saison, Et le vostre et l'autrui en tasche ; Le noiel laissiez por l'escraffe, Et paradix pour vainne gloire, RUTEB. 114.XIVe s.• Le noyau du beuf est la piece après le col et les espaules, Ménagier, II, 5.XVIe s.• Arbres à pepin, à noiau et à fruit, O. DE SERRES 631.Berry, nyau ; provenç. nogalh, nogaill ; du lat. nucalis, amande, datte, dérivé de nux, nucis, noix. Il y avait aussi, dans l'ancienne langue, un noiel, noiau tout différent, qui signifiait un noeud, et venait du latin nodellus, diminutif de nodus, noeud.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.