- neutralité
- (neu-tra-li-té) s. f.1° État d'une puissance neutre entre deux ou plusieurs autres puissances qui sont en guerre.• La ville de Cologne, sur le fondement de sa neutralité, a donné entrée à plusieurs personnes de l'armée du prince d'Orange, PELLISSON Lett. hist. t. II, p. 86, dans POUGENS.• Cette garnison [de Vénuse] est toujours à la solde des Lucaniens ; elle n'a point refusé de leur obéir : elle a gardé, du moins en apparence, la neutralité, FÉN. Tél. XX..• Vers ce temps-là même, le roi de Naples embrassait la neutralité, quoiqu'il s'agît de la cause de son père et de son frère, VOLT. Louis XV, 8.Neutralité armée, neutralité dans laquelle la puissance qui reste neutre tient sur pied des troupes suffisantes pour faire respecter son territoire, son commerce, ses droits.2° Par extension, abstention de ceux qui ne prennent point de parti dans des questions, dans des différends.• Qui pensera demeurer neutre [entre le scepticisme et le dogmatisme] sera pyrrhonien par excellence ; cette neutralité est l'essence de la cabale ; qui n'est pas contre eux est excellemment pour eux, PASC. Pens. VIII, 1, éd. HAVET..• Gardez-vous bien de pencher ni pour Saint-Remi, ni pour Châtelet ; faites comme moi, soyez dans l'exacte neutralité, SÉV. 27 déc. 1684.• Malheureuse neutralité qui forme tant de fausses consciences, BOURDAL. Pensées, t. II, p. 348.• Nous en avons l'histoire [de la découverte du calcul infinitésimal] dans l'éloge de M. Leibnitz ; et, quoique ce fût l'éloge de M. Leibnitz, nous y avons si exactement gardé la neutralité d'historien, que nous n'avons présentement rien de nouveau à dire pour M. Newton, FONTEN. Newton..• Au lieu de leur représenter [à des jeunes gens] avec neutralité le siècle et la retraite, on les place dans des situations où tout leur fait entendre ce qu'on n'ose leur dire, MASS. Pensées, Choix d'un état..• Les premiers [aristotéliciens, stoïciens et épicuriens] étaient des gens fort décisifs ; ils fuyaient la neutralité et l'équilibre entre deux opinions probables, et ne manquaient jamais de prendre parti, BAYLE Lett. à Minutoli, 31 janvier 1671.3° Terme de chimie. Qualité que possède un corps de n'avoir ni les caractères de l'acidité, ni ceux de l'alcalinité. La neutralité de certains sels.Abolition réciproque des propriétés caractéristiques de l'acide et de la base qui constituent un sel neutre.Par extension, état d'un corps où certaines actions physiques sont neutralisées. La neutralité électrique de la terre.XVe s.• Du fait de l'Eglise, pour le plus sur et pour ma conscience apaiser, j'ai toujours tenu la neutralité, FROISS. II, III, 50.XVIe s.• Par la neutralité on ne se deffait de ses ennemis et n'acquiert-on point d'amis, CASTELNAU 102.• C'est à peu près et en quelque sens l'ataraxie des pyrrhoniens, la neutralité et indifference des academiciens, CHARRON Sagesse, II, 2.Neutral, ancien adjectif, du latin neutralis, qui vient de neuter, ni l'un ni l'autre (voy. neutre).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.