- mousse
- mousse 1.(mou-s') adj.1° Qui n'est pas aigu ou tranchant. Certains ciseaux sont faits exprès avec une branche pointue et l'autre mousse.• L'on peut connaître l'âge du chien par les dents, qui dans la jeunesse sont blanches, tranchantes et pointues, et qui, à mesure qu'il vieillit, deviennent noires, mousses et inégales, BUFF. Chien..• La cime de la montagne est une pointe mousse, coupée en pic du côté de la vallée de Chamouni, SAUSSURE Voy. Alpes, t. III, p. 56, dans POUGENS.Terme rural. Chèvre mousse, celle qui n'a point de cornes.2° Fig. Qui n'a pas de finesse.• Quoique ma pénétration, naturellement très mousse, mais aiguisée à force de s'exercer dans les ténèbres, me fasse deviner assez juste des multitudes de choses, J. J. ROUSS. Lett. à St-Germain, 26 févr. 1770.XVIe s.• Chascun de vous en son affaire à part Est advisé et fin comme un renard ; Et tous ensemble estes grossiers et mousses D'entendement, AMYOT Solon, 63.• Les playes faites de choses lourdes, pesantes, obtuses ou mouces sont dites contusions, PARÉ VII, 2.• J'ay l'esprit tardif et mousse, MONT. II, 27.• Mes moeurs sont mousses et plustost fades que aspres, MONT. III, 10.Berry, mosse ; provenç. mos ; ital. mozzo ; du germanique : rhétique, mutt, mutsch, émoussé ; moy. Haut all. mutzen, mutiler ; holl. mots, émoussé. Le radical germanique paraît être le même que dans le latin mut-ilus, mutilé.————————mousse 2.(mou-s') s. m.1° Jeune garçon qui fait son apprentissage du métier de la mer ; il est en même temps marin et domestique. Mousse de proue. Mousse de poupe.• Il [Ruyter] avait commencé par être valet et mousse de vaisseau ; il n'en fut que plus respectable, VOLT. Louis XIV, 13.S'emploie comme injure, en parlant d'un marin d'un âge plus fait dont on veut dénigrer la capacité.2° Employé du bagne, qui fouille les forçats à leur entrée et à leur sortie.XVIe s.• Pantagruel demandoit cependant à ung mousse de leur esquif...., RAB. Pant. IV, 48.Esp. mozo ; ital. mozzo, jeune garçon ; du lat. mustus, jeune, frais.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE2. MOUSSE. Ajoutez :3° Ouvrier qui n'a pas encore atteint l'âge d'homme.• Considérant, en effet, que le jour dont il s'agit le jeune O..., employé en qualité de mousse, dénomination qui est donnée aux ouvriers n'ayant pas encore atteint l'âge d'homme, aux travaux de la compagnie du chemin de fer d'Épernay à Romilly, Gaz. des Trib. 4 nov. 1875, p. 1063, 1re col..————————mousse 3.(mou-s') s. f.1° Nom des plantes cryptogames cellulaires, à fructification apparente et à tiges distinctes, à folioles vertes ou autrement colorées, disposées régulièrement sur la tige, et offrant un rhizome d'où partent des radicules cellulaires.• On les eût vus sur la mousse, Lui, sa femme et maint petit ; Ils n'avaient tapis ni housse, Mais tous fort bon appétit, LA FONT. Fabl. V, 7.• Un rossignol sait faire son nid, et le construit quand il a trouvé de la mousse, VOLT. Princ. d'action, ch. 12.• À des parterres émaillés de fleurs succèdent de grands tapis de mousse et des gazons dont cent ruisseaux entretenaient la verdure, DIDEROT Mém. t. IV, p. 343, dans POUGENS.• Une des qualités de la mousse est de retenir longtemps l'humidité, et de n'en retenir que ce qui est nécessaire pour la végétation ; c'est apparemment la raison pourquoi les plantes qui y croissent poussent de plus longues tiges que celles qui croissent dans la terre, BONNET Hist. nat. Mém. Oeuvr. t. III, p. 214, dans POUGENS..• Ç'avait été le célèbre M. Gleditsch, de l'académie de Prusse, qui avait tenté le premier d'élever des plantes dans la mousse ; je l'ignorais lorsque je tentai mes premières expériences, BONNET ib. p. 261.• Dans les forêts prochaines La mousse épaisse et verte Abonde au pied des chênes, V. HUGO les Voix intérieures, VIII.Un lit de mousse, la mousse prête à recevoir ceux qui veulent s'étendre dessus.• Le désir cherche un lit de mousse, Le monde est loin, l'herbe est si douce, BÉRANG. Champs..2° Mousse de Corse, nom donné à un mélange d'ulves, de coralline, de diverses conferves et d'un grand nombre de fucus ; elle est anthelminthique.La véritable mousse de Corse est la gigartine helminthocorton (floridées), appelée aussi coralline de Corse.Mousse d'lslande, nom vulgaire du lichen d'Islande.Mousse du Nord, le lichen des rennes.3° Mousse verte, mousse qui, pendant l'hiver et dans les temps humides, couvre les troncs d'arbre et les murs exposés au nord.Mousse aquatique, substance verte qui couvre les eaux croupissantes.• La petite mousse produite par la moisissure est peut-être la seule plante microscopique dont on ait parlé, BUFF. Hist. anim. ch. I, t. III, p. 21.Mousse, l'espèce de moisissure qui vient sur la tête des vieilles carpes, où il s'amasse parfois assez de limon pour que des plantes de la famille des conferves s'y développent.4° Mousse terrestre, nom vulgaire du lycopode.5° Écume qui se forme sur l'eau et sur quelques liqueurs quand on les bat ou qu'on les verse de haut. La mousse du vin de champagne.• On vous sert un pot de bière en bel étain, la mousse aux bords, BEAUMARCH. Mar. de Figaro, III, 5.• Lorsque la liqueur est visqueuse, comme la bière, les bulles d'air, ne pouvant crever leurs enveloppes, emportent, en s'élevant, la liqueur en forme de mousse, BRISSON Traité de physique, t. II, p. 139, dans POUGENS.Fig. Esprit pétillant.• C'est de l'aimable secousse De nos esprits enflammés Que naît la brillante mousse Par qui nos sens sont charmés, CHAUL. à Mme D..6° Chez les pâtissiers, espèce de crème fouettée dans laquelle on mêle du chocolat, de la vanille, etc.Fig.• On n'oublia rien pour réaliser les soupçons [de jansénisme] sur le curé, mais on ne trouva que de la mousse qui ne put prendre, SAINT-SIMON 274, 203.7° Mousse pierreuse, espèce de polypier.8° Mousse en haie, la fauvette babillarde.PROVERBE Pierre qui roule n'amasse pas de mousse, c'est-à-dire il ne faut pas changer constamment, il faut se fixer, si l'on veut profiter.XIIIe s.• Et la mesenge a empoignié Plain son poing de mouse et de foille, Ren. 1771.XVIe s.• Les gens de guerre estoient contraints de prendre de la mousse et de l'algue qui croist en la mer, AMYOT Cés. 68.• Voyez ici frere Jan des Entommeures ; la mousse luy est creue on gousier par faulte de remuer et exercer les badigouinces et mandibules, RAB. Pant. IV, 49.Wallon, mosai ; nam. mosè, mosia ; provenç. mossa ; esp. musco, musgo ; port. musgo ; ital. musco, muschio ; du lat. muscus. L'italien et l'espagnol viennent du latin muscus. Le wallon vient d'un diminutif muscellus. Restent le français et le provençal, qui se rattachent plus directement à l'ancien haut-allemand mos, mousse. Mais là sans doute il y a eu confusion entre le radical germanique et le radical latin. On pourrait être tenté de séparer mousse, plante, de mousse, écume, et tirer celui-ci de l'allemand Mos ; mais Mos signifie seulement la plante et non l'écume ; on peut donc penser que la mousse écume a été dite ainsi par une assimilation de mollesse, de boursouflure avec la mousse, plante.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.