- mitiger
- (mi-ti-jé. Le g prend un e devant a et o : mitigeant, mitigeons) v. a.1° Rendre quelqu'un moins entier, moins vif, moins rigoureux. L'expérience mitigea ce caractère absolu et enthousiaste.2° Rendre quelque chose moins intense, moins vif, moins dur. Mitiger la douleur, les passions. Mitiger une proposition.• Ils [M. et Mme de Grignan] ont ici une petite fille qui, sans avoir la beauté de sa mère, a si bien mitigé et radouci l'air des Grignans, qu'elle est en vérité fort jolie, SÉV. à Bussy, 27 janv. 1692.• Les physionomies, par le commerce que les hommes ont ensemble, contractent je ne sais quoi de liant qui les mitige, MARIV. dans DESFONTAINES.• Les Anglais, dans qui la nature a mis l'esprit d'indépendance, les adoptèrent [les réformes de Luther], les mitigèrent, et en composèrent une religion pour eux seuls, VOLT. Louis XIV, 36.• Solon mitigea le système politique de Dracon, DIDEROT Opin. des anc. philos. (grecs)..3° Se mitiger, v. réfl. Devenir moins absolu, moins rigoureux.• On apprend que ces hérétiques [les Albigeois] se mitigeaient quelquefois à l'égard du mariage, BOSSUET Variat. XI.• Il me semblait que mon homme se mitigeait, qu'il était plus flatteur que zélé, plus généreux que charitable, MARIV. Marianne, part. I.XIVe s.• Aucunes herbes ou melodies si ont vertu naturelle de mitiguer et de donner alegence au lunaticque, le Songe du Vergier, I, 176.• Combien que li pere [les sénateurs] temptassent en toutes manieres de mittiger le plebe envers lui, BERCHEURE f° 90, verso..XVIe s.• Dès qu'il la voit, il mitige et pallie Son parler aigre, MAROT I, 253.Provenç. et espagn. mitigar ; ital. mitigare ; du lat. mitigare, de mitis, doux, et igare, fréquentatif de agere, faire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.