- marinette
- (ma-ri-nè-t') s. f.Ancien nom de la boussole.Marin.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREMARINETTE. - ÉTYM. Que marin soit l'étymologie de marinette, il y a lieu d'en douter, puisque marinette est douteux. Le passage de Guiot de Provins où marinette se trouve est ainsi dans la citation de Roquefort : Par vertu de la marinette Une pierre laide et noirette Où le fer volontiers se joint ; Et si regarde le droit point, Puisque l'eguille l'a touchée. Mais il est différent dans la Bible même, p. 50 (des Guiot von Provins bis jezt bekannte Dichtungen, herausgegeben von Joh. Friedr. Wolfart und San-Marte, Halle, 1861) ; le mot de marinette ne s'y trouve pas ; en place on y lit maniere : Un art font qui mentir ne puet Par la vertu de la maniere : Une pierre laide et bruniere, Où li fers volentiers se joint, Ont ; si esgardent le droit point, Puis c'une aguille i ont touchié (lisez touchie). Entre marinette et maniere, la vraie leçon est fort incertaine. Barbazan dans l'Ordène de chevalerie (in-12, 1759, à Lausanne) se prononce entièrement contre la marinette ; il cite le texte de la Bible de Guiot, avec la manière, qu'il explique par la manoeuvre. Feu M. Roulin conjecturait maniete ou manete pour magnete, du lat. magnes, aimant ; cette conjecture a beaucoup pour soi. La suite du morceau ne permet pas de douter qu'il s'agisse de la boussole. L'aiguille a touché la pierre : Et en un festu l'ont couchié (lisez couchie){{}}; En l'eve le metent sanz plus, Et li festus la tient desus ; Puis se torne la pointe toute Contre l'estoile [polaire], si sans doute Que jà nus hom n'en doutera, Ne jà por rien ne fausera Quant la mers est obscure et brune, C'on ne voit estoile ne lune, Dont font à l'aguille alumer ; Puis n'ont il garde d'esgarer ; Contre l'estoile va la pointe ; Por ce sont li marinier cointe De la droite voie tenir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.