- mari
- (ma-ri) s. m.Celui qui est joint à une femme par le mariage.• Et pour suivre un mari l'on quitte ses parents, CORN. Hor. III, 4.• Et qu'on n'épouse point l'amant le plus chéri Qu'on ne se fasse un maître aussitôt qu'un mari, CORN. Pulchér. V, 1.• Certaine fille un peu trop fière Prétendait trouver un mari, Jeune, bien fait et beau, d'agréable manière, Point froid et point jaloux : notez ces deux points-ci, LA FONT. Fabl. VII, 5.• Tandis que sous le nom de mari de madame, Je serais comme un saint que pas un ne réclame, MOL. Éc. des f. I, 1.• ....Qui donne à sa fille un mari qu'elle hait Est responsable au ciel des fautes qu'elle fait, MOL. Tart. II, 2.• Et ce n'est pas partout un bon moyen de plaire Que la figure d'un mari, MOL. Amph. Prologue.• Quoi ! celle, dites-vous, dont vous tenez ce gage.... - Est ma femme, et je suis son mari. - Son mari ? - Oui, son mari, vous dis-je, et mari très marri, MOL. Sgan. sc. 9.• Le roi son mari lui a donné jusqu'à la mort ce bel éloge, qu'il n'y avait que le seul point de la religion où leurs coeurs fussent désunis, BOSSUET Reine d'Anglet..• Cette femme que vous voyez, qui chérit si tendrement son mari, ordinairement elle ne le choisit pas ; mais plutôt il lui est échu en partage par des conjonctures imprévues, BOSSUET Serm. pour une profession, jour de l'exalt. de la croix, 2.• Ce marquis indocile Qui, depuis quinze jours dans le piége arrêté, Entre les bons maris pour exemple cité...., BOILEAU Sat. VIII.• La revêche bizarre, Qui, sans cesse d'un ton par la colère aigri, Gronde, choque, dément, contredit un mari, BOILEAU Sat. X.• Exige d'un mari les respects d'un amant, BOILEAU ib..• Il y a telle femme qui anéantit ou enterre son mari au point qu'il n'en est fait dans le monde aucune mention, LA BRUY. III.• Un mari n'a guère un rival qui ne soit de sa main, et comme un présent qu'il a autrefois fait à sa femme, LA BRUY. III.• Et quand l'âge le lui eut ramené, il conserva près d'elle cette rudesse inflexible dont les maris infidèles ont accoutumé d'aggraver leurs torts, J. J. ROUSS. Hél. III, 7.• Ce titre de mari d'une jolie femme, qui se cache en Asie avec tant de soin, se porte ici sans inquiétude, MONTESQ. Lett. pers. 55.Fig.• Je suis un peu fâchée que vous n'aimiez point les madrigaux ; ne sont-ils pas les maris des épigrammes ? ce sont de si jolis ménages quand ils sont bons, SÉV. 18 août 1680.Mari commode, ou mari patient, mari qui, par intérêt ou par quelque autre cause, laisse vivre sa femme peu régulièrement.• Est-il au monde une autre ville aussi Où l'on ait des maris si patients qu'ici ?, MOL. Éc. des f. I, 1.MARI, ÉPOUX. Époux a un féminin et mari n'en a pas ; il est le latin sponsus et signifie proprement le promis, le fiancé, de là l'emploi qu'il a conservé dans le langage de la pratique et que mari n'a pas. Hors de là, époux appartient au style élevé, tandis que mari est de tous les styles.XIIe s.• Toz mariz ploroit, Machab. I, 5.• Et tante dame veuve de lor maris, Roncis. 72.• Qu'il me prendroit, et je lui à mari, ib. 170.• Sa mere entra, si s'assiet devant li [elle], Bel li pria : fille, prenez mari, Romanc. 73.• Et volent esteindre la stencele ki remise m'est [qui m'est restée], que remembrance ne seit de mun marid, ne qu'il n'ait heir, Rois, 168.XIIIe s.• Que por tele aventure [ils] me donassent marit, Berte, LIII.• Tel tere qui fu à tel home qui fu mes maris, BEAUMANOIR VI, 7.XIVe s.• Vous devez plus en mari penser à la condition qu'à l'avoir, Ménagier, I, 6.XVIe s.• Femme bonne qui a mauvais mari a bien souvent le coeur marri, COTGRAVE .Bourguig. mairi ; provenç. marit, marrit ; espagn. marido ; ital. marito ; du lat. maritus, que les étymologistes tirent de mas, maris, mâle. Les Parisiens prononçaient mazi, dit Palsgrave, p. 34, au XVIe siècle. Le pays de Caux en Normandie dit encore mazi.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.