- asseoir
- (a-soir), j'assieds, tu assieds, il assied, nous asseyons, vous asseyez, ils asseyent ; j'asseyais, nous asseyions ; j'assis, nous assîmes ; j'assiérai, nous assiérons, ou j'asseyerai, nous asseyerons ; j'assiérais, nous assiérions, ou j'asseyerais, nous asseyerions ; assieds, asseyons, asseyez ; que j'asseye, que nous asseyions ; que j'assisse, que nous assissions ; asseyant ; assis, assise. On dit aussi, mais plus rarement : j'assois, tu assois, il assoit ; j'assoyais ; j'assoirai ; j'assoirais ; assois, assoyons ; assoyez ; que j'assoie, que nous assoyions ; assoyant ; v. a.1° Mettre quelqu'un sur un siége. Asseoir un enfant, un malade.• Mais tu venais asseoir sur leur trône abattu [des faux dieux] Le Dieu de vérité, de grâce et de vertu, LAMART. Harm. III, 5.Par extension.• Chaque soir, une table aux suaves apprêts Assoira près de nous nos belles adorées, A. CHÉNIER 101.2° Poser, placer, établir. Le général assit son camp près du fleuve. Asseoir solidement des fondations.• Près de la forteresse [il] Assied son camp, LA FONT. Mandr..• Tous ceux qui bâtissent voudraient asseoir eux-mêmes chaque pierre qui entre dans leur bâtiment, VOIT. Lettr. 183.Fig. Asseoir solidement son trône, un empire. Asseoir un impôt. Asseoir une dot sur un bien-fonds. Asseoir son jugement ou son opinion sur l'événement. Beaucoup de choses sur lesquelles on peut aisément asseoir des conjectures.• Supposons que l'esprit du gouvernement soit d'asseoir les taxes sur le superflu des richesses, J. J. ROUSS. Écon. 3.• J'estime qu'on peut, sans tirer à conséquence pour les autres pays, asseoir un droit modique sur chaque espèce desdits bestiaux [bestiaux communaux] équivalant à la dîme de la nourriture qu'ils en retirent, pour tenir lieu de celle de ces sortes de terres vagues, vaines et en commune, VAUBAN Dîme, p. 157.• On ne sait où asseoir sa créance, PASC. 2e conv..• Et je ne vois pas pourquoi asseoir son imagination sur l'un plutôt que sur l'autre, PASC. édit. COUS..• Avant que d'asseoir son jugement, BOSSUET Serm. Quinq. 1.3° En termes d'eaux et forêts, asseoir les ventes, marquer le canton de bois qui doit être coupé.4° En termes de doreur, asseoir l'or, le poser sur une première matière qui lui sert de fond ou de soutien, pour lui donner du relief et de l'éclat.5° En termes de peinture et de sculpture, asseoir une figure, lui donner une position naturelle et un bon équilibre.6° En termes de manége, asseoir, faire plier les jambes à un cheval. Asseoir un cheval sur ses hanches.7° Faire asseoir quelqu'un, dire à quelqu'un de s'asseoir. L'ayant fait asseoir, il lui dit. Il les fait asseoir sur un banc de gazon. Faire asseoir quelqu'un à sa table, l'inviter à se mettre à table avec soi.Fig.• Le premier prince qui a fait asseoir avec lui la religion sur le trône, MASS. Triomphe..8° S'asseoir, v. réfl. Se mettre sur un siége, se tenir sur son séant. Je m'assieds, les domestiques s'empressent. Asseyez-vous sur les bancs. Nous nous assîmes dans un pré. S'asseoir à table. Il s'assit à la droite du préfet.• On le fait s'asseoir dans une belle chaise d'ivoire, CHATEAUB. Génie, II, VI, 3.• [Ils] s'asseient en prélats les premiers à vos tables, RÉGNIER Sat. II.• Les marquis tantôt se lèveront, tantôt s'assoiront, suivant leur inquiétude naturelle, MOL. Impromptu, 3.9° Se poser en parlant d'un oiseau. Le rossignol s'assoit sur une branche.L'Académie écrit j'assoirai, sans e, mais je surseoirai avec un e. Il faudrait remettre la concordance entre ces deux verbes que rien ne doit séparer, afin de diminuer des exceptions qui compliquent inutilement l'orthographe.XIe s.• Au faldestoed s'est Marsiles assis, Ch. de Rol. XXXIV.• Dessus s'asiet li paien Baligant, ib. CLXXXVIII.XIIe s.• S'asist li rois, Ronc. p. 6.• Sor son chef font un vert haume asseïr, ib. p. 55.• Tant [j'] ai en lui [elle] ferme assis mon courage, Qu'ailleurs [je] ne pense...., Couci, XIX.• Ses blans dois lons et traitis, Son gent cors et son clair vis, Et sa bouche bien assise, ib. p. 120.• [Dame] Où toute valeur souploie [abonde] Et où tout bien est assis, ib..• Diex est assis [assiégé] en son saint heritage, QUESNES Romancero, p. 93.• Dame, l'amour qu'ailleurs avez assise, [je] Deüsse avoir par loiauté conquise, AUDEFR. LE BAST. ib. p. 7.• Quant li rois eut mangié et la courz fu assise, Sax. XXIII.• Prist la curune del chief le rei, ki d'or esteit e asise de pierres preciuses, si l'asist sur sun chief, Rois, 162.• Lur message [ils] unt bien dit e lur moz bien asis, Th. le mart. 53.• L'apostolies l'asiet juste lui erramment, ib. 58.• E à sa quesine furent asis, chascun jur, dis bues gras de guarde e vint ki veneient de la cumune pasture, Rois, 239.XIIIe s.• Si est [la ville] moult biele et moult bien assise, VILLEH. LX.• Les table furent mise, [ils] s'assirent au souper, Berte III.• Lors [elle] s'assiet sous un arbre, car li cuers li douloit, ib. XXVIII.• Taille et tonlieus [impôts] [elle] assist au païs par maistrie, ib. LX.• Dessur les marcheans [elle] fist coustume [impôt] asseïr, ib. LXIII.• En la chambre s'assient tous trois sur des tapis, ib. LXXV.• Et si [je] vous assirai au païs bele rente, ib. CXI.• Symons l' [Berte] assiet lez lui, mout [elle] fu taisant et coie, ib. CXVII.• Et tout li baron seroient entour li, et cil en cui cief [tête] elle asseroit la corone seroit rois, Chron. de Rains, p. 19.• Se ymagiers paintres assiet argent seur estain, l'euvre est fause, se elle ne li est commandée au faire, Liv. des mét. 158.• Lors commencerent à laver, Atant aséent au soper Li chevaliers et sa mesniée, Ren. 22128.• [La fortune] .... Et leur assiet, comme marastre, Au cuer un dolereux emplastre, la Rose, 4913.• Li ung [arbre] fu loing de l'autre assis, Plus de cinq toises ou de sis, ib. 1378.• Et le seignor deit le gage receveir et asseir le jor de la bataille ou quarantisme jor, Ass. de Jér. 120.• Adont ses hons li doit requerre qu'il li assiece jour, et il yra volentiers querre se [sa] delivrance, BEAUMANOIR LXII, 2.• Il est dit dessus que l'assiete des coz [coûts] qui sont fet por le commun porfit doit estre assize [fixée, établie] par le serement de bone gent, BEAUMANOIR XXV, 17.XVe s.• Et point ne s'espargnerent, mais s'assirent les glaives [lances] l'un sur l'autre en poussant [combat singulier de deux chevaliers], FROISS. II, II, 80.• Et vinrent l'un contre l'autre asseoir leurs glaives, FROISS. II, II, 81.• Ainsi comme vous avez ouy, fu la forte ville de Calais assise [assiégée] par le roi d'Angleterre, FROISS. I, I, 322.• En cette isle de France est bien assise cette ville de Paris de povoir fournir deux si puissans ostz, car jamais nous n'eusmes faulte de vivres, COMM. I, 8.• Les villes assises sur la riviere de Somme, COMM. I, 12.• Quand le premier mets fut assis [servi], LOUIS XI Nouv. XLIX..XVIe s.• Ils alleguent qu'on ne peut assoir un jugement, sinon que la cause soit cognue, CALV. Instit. 501.• Mais qui en Dieu son espoir asserra, MAROT IV, 270.• [La pierre rebutée] A esté assise et plantée Au plus haut du principal coin, MAROT IV, 329.• Plus matin que la garde Assise au point du jour, MAROT IV, 333.• Il estudioyt quelque meschante demye heure, les yeulx assiz dessus son livre, RAB. Gar. I, 21.• Il s'asseoyt à table, et commençeoyt son repas par...., RAB. ib. I, 21.• Si je m'assys à table, je boiray, RAB. ib. 39.• Les aultres remparoyent murailles, asseoyent sentinelles, RAB. Pant. III, Prol..• Assoyez vous là, et que plus on ne vous le die, RAB. ib. V, 11.• Ces peuples sont assis le long de la mer, MONT. I, 236.• Où asseons nous cette renommée que nous allons questant avecques si grand peine ?, MONT. I, 347.• Pour avoir mal assis une escabelle, MONT. III, 146.• Un maistre d'hostel, en asseyant les plats, lui repandit un potage sur un saye de velours qu'il portoit, DES PÉRIERS. Contes, XLIX..• Elle supplia au juge d'asseoir les despens sur sa fille, DES PÉRIERS. ib. CXXIII.• Les jeux qui se jouent d'assis, YVER p. 598.• Il ordonna que, qui voudroit asseoir sur son fond des ruches d'abeilles, qu'il les assist à 300 pieds pour le moins, loing de celles qui paravant auroient esté assises autour de luy, AMYOT Solon, 47.• Il assiet l'estat de son accusation sur un si sainct fondement, que...., M. DU BELL. 496.• De ne se laisser decevoir aux commis es impositions, lors qu'ils en asseent et despartent les deniers, O. DE SERRES 14.• Nous asserrons nostre logis des champs en lieu sain, O. DE SERRES 17.• Assisons nous sur ceste molle couche, RONS. 185.• Les uns ayans pitié des hommes et des naux [nefs], S'assisent sur les masts, comme deux feux jumeaux, RONS. 877.Picard, assir, achir ; Berry, assidre ; provenç. assezer, assire, assir ; ital. assedere ; de adsidere, de ad, à, et sedere, être assis (voy. seoir). Assidre du Berry suppose un changement de conjugaison, de assidere ( avec un e long) en assidere ( avec un e bref), avec changement d'accent. Les deux conjugaisons j'assieds et j'assois sont la trace de deux prononciations provinciales qui avaient cours dans l'ancien français : j'assois dans le centre, j'assieds dans l'ouest.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREASSEOIR. Ajoutez :10° S'asseoir signifie, dans les cours judiciaires, sortir du parquet, dit magistrature debout parce qu'il fonctionne debout et qu'il est amovible, pour se faire nommer juge ou conseiller, place inamovible et où l'on fonctionne toujours assis.• Quand un magistrat [du parquet] a eu la précaution de s'asseoir, pour employer une expression familière et technique, alors il est définitivement acquis à la magistrature, Journ. offic. 12 mai 1872, p. 3169, 3e col..11° Populairement et fig. Envoyer quelqu'un s'asseoir, l'écarter, le renverser.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.