- légion
- (lé-ji-on) s. f.1° Terme d'antiquité romaine. Corps de gens de guerre, composé d'infanterie et de cavalerie.• Tu sais que, quand l'aigle romaine Vit choir ses légions aux bords du Trasimène, CORN. Nicom. I, 5.• Vous dont j'ai pu laisser vieillir l'ambition Dans les honneurs obscurs de quelque légion, RAC. Brit. I, 2.• Les Romains ne levaient jamais que quatre légions dont chacune était environ de quatre mille hommes et de trois cents chevaux, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 431, dans POUGENS.• La légion se divisait en trois corps, qui étaient hastati, les hastaires ; principes, les princes ; triarii, les triaires, ROLLIN ib. 1re part. p. 333.• Polybe, avec son bon sens ordinaire, compare l'ordonnance des Romains avec celle des Macédoniens.... il fait voir les avantages et les inconvénients de la phalange et de la légion ; il donne la préférence à l'ordonnance romaine ; et il y a apparence qu'il a raison, si l'on en juge par tous les événenents de ces temps-là, MONTESQ. Rom. 5.• Les officiers [de l'armée républicaine anglaise] voulaient l'égalité et la liberté, avec la fortune, les honneurs et le pouvoir absolu ; c'est ainsi que sous la tente, depuis les légions romaines jusqu'aux mamelouks, on a toujours compris la république, CHATEAUBR. Stuarts, la République..2° En France, sous François 1er, nom de certains corps d'infanterie.3° Dans les premiers temps de la Restauration, nom des régiments de ligne. Chaque légion portait le nom d'un des départements de la France.4° Il se dit des régiments de la garde nationale et de ceux de la gendarmerie. La première, la seconde, la troisième légion.5° Au plur. Légions se dit, dans le style relevé et poétique, des armées. Déjà ses légions traversaient les Alpes.• [M. de Termes, du haut du ciel] .... Voit comme fourmis marcher nos légions Dans ce petit amas de poussière et de boue, Dont notre vanité fait tant de régions, RACAN Consolation..6° Légion d'honneur, ordre institué par Napoléon 1er pour récompenser les services, les vertus, les talents distingués, les actions d'éclat de toute nature. Chevalier, membre de la Légion d'honneur. La décoration de la Légion d'honneur.7° Fig. et familièrement. Un grand nombre de personnes. Ils étaient une légion.• Tant qu'une légion de pédants novateurs Imprimera l'ennui pour le vendre aux lecteurs, GILBERT Mon apologie..8° Dans le style de l'Écriture. Des légions d'anges, des légions de démons, des multitudes d'anges, de démons.• Jésus lui demanda : quel est ton nom ? il lui dit : je m'appelle Légion, parce que plusieurs démons étaient entrés dans cet homme, SACI Bible, Évang. St Luc, VIII, 30.• Un solitaire paresseux et sans emploi se trouvait souvent, comme ce misérable de l'Évangile, possédé d'une légion entière, BOURDAL. Dim. de la Septuag. dominic. t. I, p. 369.S'appeler légion, expression figurée par laquelle on indique qu'un individu en représente un grand nombre.Fig.• C'est une légion de diables enfermés dans un seul pourpoint, BEAUMARCH. Mère coup. II, 21.XIIe s.• Li permanables jugieres [le juge éternel] aparrat paürosement, et les legions des angeles seront presens à cest spectacle, Job, p. 491.• Dont [il] prist une aultre legion De nobles hommes, de vassaulx, Heaumes laciés, à bons chevaulx, Brut, f° 94, dans LACURNE.XIIIe s.• Gent [il] apparaille an grant estour, Ki jà sunt assemblé mult tost ; Si en font il mult plentif ost ; Set legiuns i sunt numbrées, Ben de cumbatre aparaillées, Édouard le confesseur, V. 4220.XVIe s.• Ces trouppes furent appellées legions, pour autant qu'elles estoient composées d'hommes esleuz et choisis entre les autres pour combattre, AMYOT Rom. 19.• Le grand roy François, desirant fortiffier et asseurer son royaume par tous moyens praticables, s'avisa d'establir des legions pour avoir toujours des gens prests, quand le besoin surviendroit, sans estre contraint d'aller mendier l'aide des estrangers, LANOUE 325.Provenç. legio ; espagn. legion ; ital. legione ; du lat. legionem, de legere, choisir, lever (voy. lire). Legio veut dire primitivement levée militaire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.