- loisir
- (loi-zir) s. m.1° État dans lequel il est permis de faire ce qu'on veut.• Je me tiendrai toujours plus obligé à ceux par la faveur desquels je jouirai sans empêchement de mon loisir, que je ne serais à ceux qui m'offriraient les plus honorables emplois de la terre, DESC. Méth. VI, 12.• La circonstance de leur mauvaise santé [la Rochefoucaud et Mme de la Fayette] qui les rendait comme nécessaires l'un à l'autre, et qui leur donnait un loisir de goûter leurs bonnes qualités, SÉV. 5 avr. 1680.• Mais je ne trouve point de fatigue si rude Que l'ennuyeux loisir d'un plaisir sans étude, Qui, jamais ne sortant de sa stupidité, Soutient, dans les langueurs de son oisiveté.... Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire, BOILEAU Ép. XI.• Des problèmes qui.... n'étaient destinés qu'à amuser le loisir des écoles et la vanité des sophistes, MASS. Carême, Vérité de la relig..• Un loisir inutile qu'on est bien aise d'amuser, MASS. Carême, Parole..• Nous ne gagnerions à nous marier que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante, MARIV. le Legs, SC. 17.• Ce même homme [Alberoni], étant depuis légat à Bologne, et ne pouvant plus entreprendre de bouleverser des royaumes, occupa son loisir à tâcher de détruire la république de Saint-Marin, VOLT. Siècle de Louis XV, I.• Ainsi l'on dort tranquille ; et, dans son saint loisir, Devant son propre coeur on n'a point à rougir, A. CHEN. Élég. XVI.• Oui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d'obscurs loisirs, BÉRANG. Plus de pol..• Le temps s'est réveillé ; ma tâche recommence ; Adieu, besoins du coeur, solitude, silence, Adieu loisir, adieu loisir !, SAINTE-BEUVE Poésies, au loisir..Être de loisir, n'avoir rien à faire.• Hébé est de grand loisir, depuis que Ganymède verse le nectar en sa place, FÉN. t. XIX, p. 126.• Quelques-uns de ces tigres [les conquérants tartares], à la vérité, ont été un peu astronomes quand ils ont été de loisir, après avoir saccagé tout le nord de l'Inde, VOLT. Lett Bailly, 19 janv. 1776.• Il parut plusieurs édits de quelques personnes qui, se trouvant de loisir, gouvernent l'État au coin de leur feu, VOLT. l'Homme aux 40 écus, désastre..Familièrement. Il est bien de loisir, il faut qu'il ait bien du loisir de reste, se dit de celui qui s'amuse à des bagatelles, ou qui se mêle d'affaires qui ne le regardent pas.À loisir, tout à loisir, loc. adv. À son aise, à sa commodité, sans être dérangé.• Tu pourras me répondre, après, tout à loisir, CORN. Cinna, V, 1.• Mais rien ne vient m'interrompre ; Je mange tout à loisir, LA FONT. Fabl. I, 9.• Mme de Chaulnes eut avant-hier au soir un si grand mal de gorge.... à Paris, on aurait saigné d'abord ; mais ici elle fut frottée à loisir avec du baume tranquille...., SÉV. 24 avr. 1689.• Hélas ! oui, mon pauvre monsieur, vous êtes malade.... je suis touchée de la tristesse de votre état ; j'en vois toutes les conséquences, et j'en suis triste à loisir, SÉV. 13 juin 1685.• Vous pouvez à loisir faire des voeux pour elle [la Grèce], RAC. Iphig. I, 2.Il s'en repentira à loisir, il aura tout le loisir de s'en repentir, se dit d'un homme qui fait quelque chose dont on croit qu'il souffrira longtemps.2° Espace de temps nécessaire pour faire quelque chose à son aise.• Mais pour les mieux choisir [les champions], Nos chefs ont voulu prendre un peu plus de loisir, CORN. Hor. I, 4.• Nous n'avons pas loisir d'un plus long entretien, CORN. Ment I, 3.• Au sortir de Pharsale, un si grand capitaine Saurait mal son métier s'il laissait prendre haleine, Et s'il donnait loisir à des coeurs si hardis De relever du coup dont ils sont étourdis, CORN. M. de Pomp. II, 4.• À peine eus-je loisir de lui dire un adieu, CORN. D. Sanche, II, 1.• Je vous demanderais le loisir d'y penser, CORN. Nicom. IV, 3.• Je n'ai fait celle-ci [lettre] plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte, PASCAL Prov. XVI.• Sans avoir eu le loisir d'établir ses affaires, BOSSUET Hist. III, 5.• Achitoas, qui avait eu le loisir de cacher sa jalousie, FÉN. Tél. VII.• On a toujours du loisir, quand on sait s'occuper ; ce sont les gens qui ne font rien, qui manquent de temps pour tout, Mme ROLAND Mémoires, XV, 164.3° Temps qui reste disponible après les occupations.• Soit que tu donnes ton loisir à prendre quelque autre plaisir, MALH. IV, 5.• J'abuse trop, seigneur, d'un précieux loisir, CORN. Sertor. I, 3.• Je reverrai tout au premier loisir, BOSSUET Lett. Corn. 90.• Là, dans le seul loisir que Thémis t'a laissé, Tu me verras souvent à te suivre empressé, BOILEAU Épît. VI.• Un roi victorieux vous a fait ce loisir, RAC. Poésies, 3.• Quel moyen de pouvoir tenir contre des gens qui ne savent pas discerner votre loisir, ni le temps de vos affaires ?, LA BRUY. Théophraste, III.• La chose qui me manque le plus, c'est le loisir, VOLT. Lett. Helv. 12 déc. 1760.LOISIR. OISIVETÉ. Loisir, qui vient du verbe latin licere, être permis, est un temps de liberté, où l'on a permission d'agir ou de ne pas agir. L'oisiveté est un temps d'inaction.XIe s.• Sa coustume est qu'il parole à leisir, Ch. de Rol. X.XIIIe s.• Diex ! est-ce jà que [je] la tienne à celée Entre mes bras, nu à nu, à loisir ?, VIDAME DE CH. Romanc. p. 114.• La traïson [ils] de visent entre eux trois à loisir, Berte, XIII De vous afestoier [je] n'ai ores pas loisir, ib. LXXXVII.XIVe s.• Ce que aucun eslit et fait selon longue preparacion et qu'il delivre par grant loisir et par cogitacion ou pensée, il semble moins estre fait selon habit, ORESME Eth. 88.XVe s.• Là put-on voir dames noblement parées et richement atournées, qui eust loisir, FROISS. I, I, 31.• Sans leur donner loysir de tirer ung coup de flesche, COMM. I, 3.• Il advertist bien les amys secrets de ce qu'ils avoient à faire, et se mist en la mer à son beau loysir, COMM. III, 4.XVIe s.• Heureuse la mort qui oste le loisir aux apprests de tel equipage !, MONT. I, 90.• Hommes de loisir et curieux de nouveautez, J. PELLETIER dans LIVET, la Gramm. franç. p. 144.• Vous qui les ruisseaux d'Helicon frequentez, Vous qui les jardins solitaires hantez Et le fond des bois, curieux de choisir L'ombre et le loisir, RAPIN Vers métr. sur Ronsard..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.