- lisière
- lisière 1.(li-ziè-r') s. f.1° Ce qui forme le bord d'une étoffe dans le sens de la longueur, ou, ce qui est la même chose, dans le sens de la chaîne ; ce bord est plus serré que le reste de l'étoffe. Lever les lisières d'un drap. Dans quelques étoffes, la lisière est d'un autre tissu et d'une autre couleur que le fond. Leurs lisières seront rayées à milles raies, dans telles couleurs que les fabricants jugeront convenable d'adopter, Lett. patent. 5 mai 1779, art. 3.Chaussons de lisières, chaussons faits avec des lisières.PROVERBE Les lisières sont pires que le drap, se dit à un homme, qui, se défendant d'être d'un pays qui a quelque mauvais renom, assure qu'il n'en est que voisin. Dans les campagnes normandes, ce proverbe est : la lisière est pire que le drap, et signifie que les domestiques sont plus insolents envers les étrangers que les maîtres.2° Cordons attachés à la robe d'un enfant pour le soutenir quand il marche ; ainsi dits parce qu'ils sont souvent faits avec de la lisière de drap.• Émile n'aura ni bourlet ni lisières, J. J. ROUSS. Ém. II.Fig. Ce qui sert à guider, à soutenir, comme une lisière guide, soutient.• La duchesse de Bourgogne fut peut-être trop enfant pour tenir une lisière, SAINT-SIMON 296, 36.• Nous sommes des enfants qui essayons de faire quelques pas sans lisières, VOLT. Philos. Ignor. 14.• Nous sommes de vieux enfants ; Nos erreurs sont nos lisières, Et les vanités légères Nous bercent en cheveux blancs, VOLT. Épître LXXXVIII.• Leur dérober sans cesse leurs lisières, afin de conserver en eux le sentiment de la dignité, de la franchise, de la liberté, DIDER. Lett. à la comtesse de Corbach.• Elle a coupé ses lisières disait-elle, avec le vrai couteau, DIDER. Sur la princesse Dachekof..• Nous n'étions plus menés et retenus à la lisière comme chez Mme Geoffrin, MARMONTEL Mém. VII.Fig. Il sera toujours à la lisière, c'est un homme qu'on mène à la lisière, par la lisière, se dit d'un homme qui se laisse gouverner.3° Parties extrêmes d'un champ, d'un pays, par comparaison avec la lisière qui borde une étoffe. La lisière de Champagne, de Picardie. La lisière, les lisières d'un bois, d'une forêt.• Du côté de la terre, au delà de cette large lisière de palétuviers... s'étendent encore des savanes noyées, BUFF. 6e époq. nat. Oeuv. t. XII, p. 301, dans POUGENS.• La lisière du bois était bordée d'une infinité de noisetiers, de mûriers et de framboisiers, GENLIS Veillées du chât. t. II, p. 456, dans POUGENS.• Cette lisière, d'une admirable fertilité, formée par les fleuves et par la mer, est pour ces pays un don d'autant plus précieux...., CUVIER Rév. p. 161.Fig.• Il y a une lisière de convention sur laquelle on permet à l'art de se promener, DIDER. Salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, p. 328.Par extension, les plantes mêmes qui viennent sur le bord d'un terrain.• Près de là croissaient des lisières de pervenche, BERN. DE ST.-P. Paul et Virginie..Terme d'eaux et forêts. Les arbres qui se trouvent sur l'extrémité d'un bois, d'un canton de bois, ou même d'une coupe.4° Adj. Vaches lisières, deuxième classe de vaches laitières dans le système de classification de Guenon, caractérisées par un écusson qui s'élève, des mamelles jusqu'à la vulve, sous forme d'une bande étroite comme une lisière.XIIIe s.• Nus ne puet avoir drap espaulé, c'est à savoir drap delquel la chayne ne fust aussi bone au milieu come aus lisieres, que il ne soit en vingt sols d'amende, Liv. des mét. 121.• Estanforz et tous dras à lisiere, ib. 393.XVIe s.• Timoleon n'estoit encore que attaché, par maniere de dire, à une petite lisiere de la Sicile, n'y tenant encore que la petite ville de Tauromenion avec bien peu de puissance, AMYOT Timol. 16.• [les différentes rimes qui entrent dans une pièce de vers sont appelées] lisieres c'est à dire terminaisons, FABRI Art. de rhétor. livre II, f° 40, dans LACURNE.Berry, liseire ; esp. lisiera. Lisière est, d'après Diez, pour listière, et est dérivé de liste, bordure (voy. liste 1). Cela paraît très probable ; cette étymologie est encore appuyée par lisse 4, qui est évidemment pour liste.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.