- lever
- lever 1.(le-vé. La syllabe le prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je lève, je lèverai) v. a.1° Placer dans une situation plus haute ce qui est étendu, pendant, etc. Levez cela davantage. On leva la poutre en l'air. Le succin frotté lève la paille. Cela est si pesant, qu'on ne saurait le lever de terre.• Théodose, apprenant ces heureuses nouvelles, leva les mains au ciel, FLÉCH. Hist. de Théod. III, 113.• Déjà pour la saisir Calchas lève le bras, RAC. Iphig. V, 6.• Et j'ai trop tôt vers toi [Neptune] levé mes mains cruelles [je t'ai trop tôt imploré], RAC. Phèdre, V, 5.Fig.• ....Quand le coeur, de ses ennuis pressé, Lève à peine le poids dont il est oppressé, DUCIS Oth. II, 1.Lever la main, lever le bâton, lever le sabre sur quelqu'un, se mettre en devoir de le frapper.• Ce sera un homme fier et sauvage ; il lèvera la main contre tous et tous lèveront la main contre lui [Ismaël], SACI Bible, Genèse, XVI, 12.• Quelque mauvais que soit un fils, peut-il lever la main sur son père ?, LESAGE Diable boit. ch. 7, dans POUGENS.• On m'avait toujours dit que ce fut un Thébain Qui leva sur son prince une coupable main, VOLT. Oedipe, I, 3.• Se pourrait-il qu'un frère, élevé dans mon sein, Pour mieux servir son roi, levât sur moi sa main ?, VOLT. Adél. du Guesclin. I, 3.Lever la main, la dresser en l'air dans l'acte de prêter serment. Levez la main, et prononcez le serment.Familièrement. J'en lèverais la main, j'en ferais serment.• Il n'est rien plus certain, J'en lèverai le pied et, s'il le faut, la main, LEGRAND Foire de St-Laurent, sc. 25.Jouer à lève-cul, jouer les uns après les autres en prenant la place de celui qui perd.Terme de fauconnerie. Voler à lève-cul, se dit de la manière de chasser de certains oiseaux, qui attendent le départ du gibier pour fondre dessus.Fig. Cela lève la paille, voy. paille.Lever la toile, le rideau, retirer la toile, le rideau qui cache le théâtre aux spectateurs.Lever le menton à une jeune fille, lui passer familièrement la main sous le menton en forme de caresse.Fig. Lever le menton à quelqu'un, le protéger, l'aider en ses affaires, en ses entreprises (métaphore tirée de la natation, où, pour aider quelqu'un qui apprend à nager, on lui tient le menton).Dans un langage libre, lever la jupe à une femme, la trousser.• Être souvent réduite à emprunter une jupe pour aller se la faire lever par un homme dégoûtant, VOLT. Candide, 24.2° Lever les yeux, les tourner en haut.• Je lève, je baisse, je tourne, je roule les yeux, BOSSUET Élévat. sur myst. IV, 9.Lever les yeux au ciel, tourner les yeux vers le ciel, regarder le ciel.• Le moment du prince n'était pas encore venu [de faire le Tellier chancelier] ; et le tranquille ministre, qui connaissait les dangereuses jalousies des cours et les sages tempéraments des conseils des rois, sut encore lever les yeux vers la divine Providence, dont les décrets éternels règlent tous ces mouvements, BOSSUET le Tellier..• Ses yeux mal assurés N'osent lever au ciel leurs regards égarés, RAC. Andr. V, 8.• Triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes, RAC. Brit. II, 2.Absolument. Lever les yeux, regarder en face, cesser de tenir le regard fixé sur la terre.• Mais levez donc les yeux quand je vous interroge, BOISSY Deh. tromp. II, 4.Fig. Il n'ose pas lever les yeux, se dit d'une personne qui craint de voir et d'être vue, ayant quelque reproche à se faire, ou seulement craignant de rire, de rougir, etc.• La Puisieux s'en est épanoui la rate [d'une petite mortification de Mme de Gêvres] ; Mademoiselle [la fille du frère de Louis XIII] n'osait lever les yeux ; et moi, j'avais une mine qui ne valait rien, SÉV. <<13 mars 1671.En un autre sens. Ne pas lever les yeux, ne pas cesser de regarder. Il n'a pas levé les yeux de dessus son livre.• Les Argiens surtout ne pouvaient lever les yeux de dessus celui qui avait entrepris cette guerre exprès pour eux, ROLLIN Hist. anc. Oeuvr. t. VIII, p. 319, dans POUGENS.• Ce maudit Aldobrandin, qui ne levait presque pas les yeux de dessus elle, LAMOTTE Magnifique, I, 3.Lever les yeux sur quelqu'un, le regarder.• Peu de jours s'étaient écoulés et Lucile commençait à peine à lever ses timides regards sur son époux, STAËL Corinne, XIX, 1.Fig. Lever les yeux, être ému.• La honteuse lâcheté de nos moeurs nous empêche de lever les yeux pour admirer le sublime de ces paroles : Aude, hospes, contemnere opes, FÉN. Lettre à l'Académie, Sur les anciens et les modernes.Fig. Lever les yeux sur, aspirer à, prétendre à.• Que sur Aménaïde il ait levé les yeux, Qu'il ait osé prétendre à s'unir avec elle ?, VOLT. Tancr. III, 1.Lever un oeil présomptueux, téméraire sur..., être présomptueux, téméraire en quelque prétention.• Je ne veux point lever un oeil présomptueux Vers le voile sacré que vous jetez sur eux [des secrets], VOLT. Brutus, III, 3.Familièrement. Lever le pied, s'en aller, s'enfuir. Il a eu peur, et a levé le pied. Lever le pied pour cause de mauvaises affaires.Lever les épaules, témoigner, en levant les épaules, du mécontentement ou du mépris. C'est à faire lever les épaules.Fig. et familièrement. Lever la crête, s'enorgueillir, s'en faire accroire. Il commence à lever la crête, à vouloir faire l'entendu.Lever la crête signifie aussi, se montrer, paraître avec plus de hardiesse.Fig. Lever la tête, le front, s'enorgueillir.• Lève, Jérusalem, lève ta tête altière ; Regarde tous ces rois de ta gloire étonnés, RAC. Athal. III, 7.• Messène, après quinze ans de guerres intestines, Lève un front moins timide, et sort de ses ruines, VOLT. Mérope, I, 1.• ....Et la Ligue ennemie, Levant contre son prince un front séditieux, Nous confond dans sa rage et nous poursuit tous deux, VOLT. Henr. I.• Nous ne voyons dans aucun auteur, soit grec, soit latin, la moindre trace de cette secte ; elle ne commence à lever la tête que depuis la naissance du mahométisme, DIDER. Opin. des anc. phil. (arabes)..3° Terme d'agriculture. Lever les guérets, donner le premier labour aux terres qui se reposent depuis quelque temps.4° Redresser une personne ou une chose qui était couchée ou penchée. Lever un malade sur son séant. Lever un tonneau. Lever un pont-levis.Lever quelqu'un, l'aider à se lever et à s'habiller. Son valet de chambre le lève, l'aide à se lever. Il est paralytique, il faut le lever.5° Terme de chasse. Lever le lièvre, les perdrix, faire partir le lièvre, les perdrix.Fig. Il a levé le lièvre, il a le premier ouvert un avis, donné lieu à une question, à un débat, trouvé un expédient.6° Terme de marine. Lever l'ancre, arracher l'ancre du fond de la mer par le moyen de son câble.Lever l'ancre par les cheveux, la tirer du fond de la mer par son orin.Lever les accores, retirer les accores d'un navire dont la construction est achevée.Lever les épontilles, les faire tourner sur les charnières pour les fixer horizontalement, sous le pont supérieur.Lever les lofs, carguer en partie les points des basses voiles pour les dégager en les élevant au-dessus des bastingages, lorsqu'on vire de bord.Lever une garcette ou une bosse, démarrer cette garcette ou cette bosse de dessus le câble, le cordage, ou l'objet sur lequel elle est frappée.Lever un navire, en monter les couples dits de levée, c'est-à-dire les principaux couples.Lever rame, suspendre la nage en élevant au-dessus de l'eau les pales des rames, et en laissant les avirons dans la position horizontale et prêts à fonctionner de nouveau.• Nous n'en étions qu'à une portée de mousquet quand je commandai à nos gens de lever rame et de prendre des pistolets et des mousquetons pour attendre nos ennemis, VILLETTE-MURSAY (1677), dans JAL.7° Ôter, enlever, écarter. Le chirurgien a levé le premier appareil. Lever le scellé. Lever une serrure. Lorsqu'il arriva pour dîner, le premier service était levé.• En vain à lever tout les valets sont fort prompts, Et les ruisseaux de vin coulent aux environs, BOILEAU Sat. III.Lever le masque, voy. masque.Fig. Lever une difficulté, un empêchement, un obstacle, des doutes, un scrupule, les écarter.• Il est des moyens sourds pour lever un obstacle, CORN. Perthar. III, 3.• Néron lui leva toutes sortes de défiances par ses caresses, D'ABLANCOURT Tac. Annales, liv. XIV, dans RICHELET.• ....Je sais l'art de lever les scrupules, MOL. Tart. IV, 5.• Quand vous seriez venue à bout de leur lever cette appréhension, BOSSUET Lett. abb. 54.• Il peut y avoir des difficultés qui ne s'offrent point à mon esprit, mais nous les lèverons, LESAGE Diable boit. ch. 15, dans POUGENS.Lever les défenses ; lever l'interdit, l'excommunication ; lever une opposition ; lever la consigne, etc. ; révoquer des défenses, un interdit, une excommunication, une opposition, une consigne, etc.• Il a été raisonnable que Dieu levât cette obligation fâcheuse, PASC. Prov. X..• Mes frères, réjouissons-nous : le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ a levé cette excommunication de la loi [défense d'entrer dans le saint des saints] ; écoutez l'apôtre saint Paul, qui vous dit qu'il a pénétré au-dedans du voile, BOSSUET Sermons, Ascension, 1.• Les ambassadeurs lui déclarèrent (31 mars) que, si dans huit jours il ne posait les armes et s'il ne levait les censures, ils se retireraient, DUCLOS Hist. Louis XI, Oeuv. t. III, p. 217, dans POUGENS.8° Terme de jardinage. Lever de terre, ou, simplement, lever, retirer de terre des plantes, des oignons, lorsque la saison des fleurs est passée. Lever des tulipes, des renoncules.Lever un arbre, une plante en motte, arracher un arbre, une plante, avec la portion de terre qui tient aux racines, afin de les transplanter.9° Terme d'imprimerie. Lever la lettre, prendre les lettres les unes après les autres dans les cassetins, et les arranger dans le composteur pour en former des mots et des lignes.Lever la correction d'une épreuve, mettre dans le composteur toutes les lettres nécessaires pour cette opération10° Lever le siége d'une place, retirer les troupes qui la tenaient assiégée.Fig. et familièrement. Lever le siége, s'en aller.Lever le camp, s'en aller en parlant d'une troupe. Cette armée a levé le camp.Ces troupes ont levé le piquet, elles se sont retirées avec quelque précipitation (locution qui vient des piquets qui fixent la tente et qu'on ôte pour s'en aller).Lever la garde, lever la sentinelle, retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est en faction.Terme de marine. Lever la chasse, cesser de poursuivre un bâtiment.11° Lever la séance, déclarer que la séance est terminée, que les membres de l'assemblée doivent se séparer.• Ma volonté ce soir une fois approuvée, Ma cour la connaîtra ; la séance est levée, C. DELAV. Princ. Aur. IV, 1.Absolument.• Il était près de huit heures quand le conseil leva, SAINT-SIMON 166, 215.• Demeurer en séance, quand la cour levait, était une indécence pour tout le parlement, SAINT-SIMON 376, 85.Cet emploi a vieilli.12° Terme de trictrac. Lever, mettre sur la bande les dames, après les avoir toutes passées dans le jan de retour.Absolument. J'aurai levé avant vous.Au jeu de cartes, lever les cartes, ou lever la main, faire la main, enlever les cartes jouées, celle que l'on avait étant supérieure. J'ai déjà levé deux mains, trois mains. On dit aussi lever un pli.13° Couper une partie sur un tout, en parlant d'animaux que l'on mange. Lever une épaule, un gigot de mouton. Lever une cuisse de poulet.• Je jetai quelques regards nonchalants sur un poulet d'assez bonne mine, dont je levai nonchalamment aussi les deux ailes, MARIV. Paysan parv. 3e part..Terme de vénerie. Lever le pied du cerf, le couper pour en faire honneur au maître de la chasse.Il se dit en parlant des étoffes.• Ah ! ah ! monsieur le tailleur, voilà de mon étoffe du dernier habit que vous m'avez fait ; je la reconnais bien. - C'est que l'étoffe me sembla si belle, que j'en ai voulu lever un habit pour moi. - Oui, mais il ne fallait pas le lever avec le mien, MOL. Bourg. gent. II, 8.• Je fus hier lever pour bien de l'argent d'étoffes chez Gautier, pour me faire belle en Provence, SÉV. 27 mai 1672.• Un habit d'un très beau velours bleu fut levé et fait à Salamanque, LESAGE Diabl. boit. ch. 18, dans POUGENS.• J'étais allé, comme tu sais, lever des étoffes pour habiller mon monde, LEGRAND les Paniers, sc. 7.14° Recueillir. Lever les fruits d'une terre.Percevoir, faire rentrer, en parlant de taxes.• Les rois ne levaient rien sur les terres qui étaient du partage des Francs, MONTESQ. Espr. XXX, 20.• Ce ministre [Sully], aussi éclairé qu'intègre, trouva qu'en 1596 on levait cent cinquante millions sur le peuple pour en faire entrer environ trente dans le trésor royal, VOLT. Moeurs, 174.• Cette espèce de tribut qui, quoique difficile à lever, rend à l'État deux millions cinq cent mille livres, est perçu dans la rade d'Elseneur, RAYNAL Hist. phil. XII, 32.• Lui-même à table et sans suppôt Sur chaque muid levait un pot D'impôt, BÉRANG. Yvetot..On a dit de même autrefois : lever les dîmes, les rentes seigneuriales.15° Enrôler pour le service militaire. Lever des troupes, une armée.• J'ai fait lever des gens par des ordres secrets Qu'à vous suivre en tous lieux vous trouverez tout prêts, CORN. Rodog. II, 3.• Un des régiments qu'il fait lever en Bretagne, SÉV. 503.• Les rebelles s'étaient saisis des arsenaux et des magasins.... il était encore plus aisé au roi de lever des soldats que de les armer, BOSSUET Reine d'Anglet..• Le roi [Louis XI] employa les fonds de ces compagnies à lever un corps de Suisses ; c'est de ce temps-là qu'ils sont entrés au service de France, DUCLOS Hist. de Louis XI, Oeuv. t. III, p. 222.• Tout prince qui lève trop de soldats peut ruiner ses voisins, mais il ruine sûrement son État, VOLT. Dict. phil. Age..16° Lever un corps, procéder, par autorité publique, à l'enlèvement d'un corps mort.Lever un corps saint, le tirer du tombeau avec cérémonie, pour l'exposer à la vénération des fidèles.Lever un enfant, faire emporter à l'hôpital, par autorité publique, un petit enfant exposé.Toutes ces locutions viennent de ce que, effectivement, on lève de terre le mort, le saint, l'enfant.17° Lever un arrêt, une sentence, lever un acte chez un notaire, s'en faire délivrer une expédition.Prendre chez un dépositaire. Lever des titres. Lever cent kilos de tabac.18° Lever le plan d'une place, de quelque lieu, prendre les mesures nécessaires pour tracer ce plan, et aussi le tracer.• Des ingénieurs levaient des cartes dans tout l'empire, VOLT. Russie, II, 6.19° Lever boutique, lever ménage, commencer à tenir boutique, à tenir ménage, etc.20° Terme de manége. Lever un cheval à cabrioles, à pesades, à courbettes, manier un cheval à cabrioles, etc.Lever le devant, c'est la même chose que lever à courbettes.21° Terme de féodalité. Lever le cri, proférer le cri d'alarme.Lever bannière, exercer le droit d'un banneret, en mettant son étendard en girouette, pour appeler ses vassaux aux armes.Fig. Lever l'étendard. se déclarer chef d'un parti, d'une faction. Lever l'étendard de la révolte.Lever l'étendard contre quelqu'un, se déclarer ouvertement contre lui.22° V. n. Commencer à germer, en parlant des graines et des plantes.• J'ai pris des glands germés auxquels j'ai coupé le tiers, la moitié, les trois quarts et même toute la radicule ; je les ai semés dans un jardin où je pouvais les observer à toute heure, ils ont tous levé, mais les plus mutilés ont levé les derniers, BUFF. Hist. nat. Introd. part. exp. Oeuv. t. VIII, p. 382, dans POUGENS..• L'erreur alors universelle que les grains doivent pourrir en terre pour lever, VOLT. Philos. Sommaire hist. XV.Fig.• La semence de la vertu lève difficilement, J. J. ROUSS. Ém. I.23° Éprouver le soulèvement qui accompagne la fermentation. La pâte commence à lever. Le levain fait lever la pâte.24° Se lever, v. réfl. Être levé, porté en haut. À peine fûmes-nous au théâtre que la toile se leva.• Je veux que ma main se lève, que mon bras s'étende, que ma tête, que mon corps se tourne, cela se fait, BOSSUET Élévat. sur myst. V, 3.25° Se dresser, se mettre debout sur ses pieds. Il était étendu à terre, il se leva.• Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants, CORN. Cid, IV, 3.• Je me lèverai maintenant, dit le Seigneur, je signalerai ma grandeur, je ferai éclater ma puissance, SACI Bibl. Isaïe, XXXIII, 10.• Lève-toi, m'a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse, RAC. Esth. I, 1.• Levons-nous, et lançons les derniers anathèmes, Prenons les droits du ciel, et chargeons-nous nous-mêmes Des justices de Dieu, LAMART. Médit. I, 6.Quitter le siége sur lequel on était assis.• Les vieillards étaient fort respectés en Égypte : les jeunes gens étaient obligés de se lever devant eux et de leur céder partout la place d'honneur, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 67, dans POUGENS.• Telle était la vénération qu'on avait pour lui [Virgile] à Rome, qu'un jour, comme il vint à paraître au théâtre après qu'on y eut récité quelques-uns de ses vers, tout le peuple se leva avec des acclamations, VOLT. Ess. poés. épiq. ch. 3.Se lever pour une proposition, contre une proposition, voter, en se levant, dans une assemblée délibérante, pour l'admission ou pour le rejet d'une proposition.Cesser une séance.• Allez dire au sénat, Flavian, qu'il se lève ; Quoi qu'il ait commencé, je défends qu'il achève, CORN. Tite et Bérén. V. 5.Se lever de table, quitter la table, après ou pendant le repas.• Le prélat radouci veut se lever de table, BOILEAU Lutr. I.• Vous moquez-vous de moi ? vous lever au dessert ? Et, pour me planter là, sortir l'un après l'autre, DESTOUCHES Phil. marié, IV, 3.Absolument. Se lever, sortir du lit.• Vous avez caqueté dès le troisième jour, vous vous êtes levée dès le dixième, SÉV. 108.• Il [le roi de Prusse] se levait à cinq heures du matin en été, et à six en hiver, VOLT. Mém. Volt..Terme de chasse. Avec suppression du pronom personnel, faire lever un lièvre, faire lever des perdrix, faire partir un lièvre, faire partir des perdrix.• Pour me servir d'un terme de chasseur, c'est lui qui faisait lever le lièvre ; c'est moi qui le tuais, PICARD M. Musard, sc. 11.26° Commencer à paraître sur l'horizon, en parlant du soleil, de la lune et des autres astres. Le soleil se lève à telle heure Les Égyptiens observaient quand Sirius se levait.• [Ô lune] Astre ami du repos, des songes, du silence, Tu ne te lèves pas seulement pour les yeux, LAMART. Harm. I, 10.• Quand le tour du soleil ou commence ou s'achève, D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève, Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours, LAMART. Médit. l'Isolement..• Vénus se lève à l'horizon ; à mes pieds l'étoile amoureuse De sa lueur mystérieuse Blanchit les tapis de gazon, LAMART. Médit. I, 4.On dit dans le même sens : le jour se lève.• Maximin de retour Des pays reculés où se lève le jour, ROTR. St Genest, I, 2.• Tous les jours se levaient clairs et sereins pour eux, RAC. Phèdre, IV, 6.Fig.• Une même lumière nous paraît partout : elle se lève sous les patriarches ; sous Moïse et sous les prophètes elle s'accroît, BOSSUET Hist. II, 6.• La lumière du ciel se lèvera ici sur vous, MASS. Prof. rel. Serm. 1.• Un soleil plus serein se lève sur vos têtes, VOLT. Oedipe, V, 6.27° Commencer à se faire sentir, en parlant du vent, des brouillards, etc.• Le vent favorable se lève, FÉN. Tél. XXIII.• Heureusement pour eux, il se leva du côté de la mer un brouillard épais qui couvrait tous les environs de la ville, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 503, dans POUGENS.On dit que le temps se lève, lorsqu'il se dégage des nuages qui interceptaient la vue du ciel, ou qu'il tend à s'embellir.28° Être levé, perçu. Ces impôts se lèvent difficilement.PROVERBESIl faudra se lever bien matin pour l'attraper, se dit d'un homme fin, habile (voy. matin).Il a beau se lever tard, qui a le bruit de se lever matin.1° LEVER, HAUSSER. La différence primitive est dans la situation de ce qu'on hausse ou lève. Hausser s'applique à ce qui est bas ; lever à ce qui est étendu. Ce tableau est trop bas, haussez-le. Cette planche est à terre, levez-la.2° Lever un plan, faire un plan. Lever un plan et faire un plan sont deux opérations très distinctes. On lève un plan en travaillant sur le terrain, c'est-à-dire en prenant des angles et en mesurant des lignes, dont on écrit les dimensions dans un registre, afin de se ressouvenir pour faire le plan. Faire un plan, c'est tracer en petit sur du papier, sur du carton ou toute autre matière semblable, les angles et les lignes déterminées sur le terrain dont on a levé le plan.XIe s.• Li empereres est par matin levet, Ch. de Rol. XI.• Granz est li chauz, si se leva la poudre, ib. CCXVI.XIIe s.• Pinabaux s'agenouille, et Tierris se leva, Ronc. 192.• Lever [dresser] son tref [sa tente], ib. 8.• [Ils font] Par les grans combes la poudrere lever, ib. 109.• Et nostre lois levée [élevée] et essauciée, ib. 137.• Cil qui le gardent en ont le cri levé [quand il s'enfuit], ib. 183.• Lors se leva Judas, qui estoit apelez Machabé, en son lue [lieu], Machab. I, 3.XIIIe s.• Li pains ki est bien cuis et bien levés et fais d'un jor, ALEBRANT f° 4.• Et leur manderent que li empereres Alexis s'en estoit fuis, et qu'il avoient l'empereur Kirsac levé à seigneur, VILLEH. LXXXIII.• Lors par le commandement des princes et des barons se leva en piés Quenes de Bethune, VILLEH. LXVII.• Et li cris lieve en l'ost, et s'en issirent à desroi, VILLEH. CXLII.• Et nous commanderent [les barons] que nous vous en cheissions as piés [que nous nous jettassions à vos pieds], et que nous n'en leviessiemes devant vous que vous le nous ariés otroié, VILLEH. XVI.• Le coutel [elle] a saisi, si l'a amont levé, Berte, XV.• Après [se] leva la lune et bele et claire et pure, ib. XLII.• Si malade qu'à peine jamais en levera, ib. LXXVII.• Il m'avoient si durement levé le pied que je n'osoie parler encontre els, H. DE VALENC. XXI.• Et li venerres [le veneur] vet devant Sor un grant chaceor liart ; Atant ont levé un renart, Ren. 22026.• Car, s'il fust jor, je me levasse, la Rose, 2512.• Et quant il a ce dit, cil qui est apelés doit dire : je vos en lieve comme parjure [c'est-à-dire je fais lever le témoin qui s'était agenouillé pour jurer], BEAUMANOIR LXIV, 9.• Nus [nul] ne doit espouser.... ne cele avoc qui il a levé [tenu sur les fonts] autrui enfant, BEAUMANOIR XVIII, 8.• Nus ne doit penre l'autrui coze, ne lever qu'il truist [ce qu'il trouve] hors de quemin commun, BEAUMANOIR XXV, 21.• Je ne li lerai pas lever les yssues [produits], BEAUMANOIR XXXIV, 17.• L'autre ier un jor jouer aloie Devers l'Auçoirrois Saint Germain, Plus matin que je ne soloie, Que ne lief pas volentiers main, RUTEB. 213.• Et quant le devant dit rei a ce fait, le patriarche le lieve en piés, et le prent par la main destre, Ass. de Jérus. I, 30.• Le roy donna journée l'endemain de la Saint-Barthelemy, à laquelle journée le saint cors fut levé, JOINV. 303.XIVe s.• Le pain doit estre de bon fourment, moianement cuit, et levé, ne viel ne nouvel, H. DE MONDEVILLE f° 44, verso.• Quant les feves se lievent hors de terre, Ménagier, II, 2.XVe s.• Adonc s'avisa le roi de France qu'il s'en iroit atout son ost devant Calais pour lever [faire lever] le siege, s'il pouvoit aucunement, FROISS. I, I, 316.• Nous n'osons les yeux lever, FROISS. III, IV, 56.• Et avant qu'il fust midy, le pont fut levé jusques à l'autre part de la riviere, COMM. I, 6.• Les roys d'Angleterre ne levent jamais riens que leur domaine, si ce n'est pour ceste guerre de France, COMM. IV, 11.• Car qui poure [pauvre] est et vuiz [vide, exempt] de villenie, Devant tous puet bien sa teste lever, E. DESCH. Fais ce que dois..• Là vint le cardinal d'Avignon, qui venoit en Bretagne pour lever [mettre en châsse] saint Vincent, Hist. d'Artus III, connest. de France, p. 790, dans LACURNE.XVIe s.• Leve le coeur, ouvre l'oreille, Peuple endurci, pour escouter, MAROT IV, 339.• Les assemblées qui souvent se font aux provinces pour decider querelles, ou pour lever la gerbe, seroyent alors converties en douces et agreables contentions, LANOUE 131.• Cest ordre seroit aussi gardé, que six vingt chevaux, ou cent au moins, pourroyent lever enseigne, et former une compagnie, LANOUE 237.• Lorsqu'il leve des regimens d'Alemans, LANOUE 282.• Quand on seme force honneurs, on fait lever beaucoup de vertu, LANOUE 608.• Pour la prier de lever sur les saints fonts de baptesme la fille de Sa Majesté, CASTELNAU 269.• Esperant que par ce moyen il leveroit [ôterait] l'occasion aux François de plus passer en Italie, M. DU BELL. 466.• Grandgousier se leva de sus l'herbe, RAB. Garg. I, 6.• Pour sa chemise [de Gargantua] feurent levées 900 aulnes de toile, RAB. ib. I, 8.• Il me desplaist par trop de lever guerre, RAB. ib. I, 32.• Il la leva de terre avecques le petit doigt, RAB. Pant. II, 7.• Puys leva les yeulx on ciel, RAB. ib. III, 20.• Ung pré, duquel faisant lever les fossez, toucharent les piocheurs, de leurs marres, ung grand tombeau de bronze, RAB. Garg. I, 1.• À l'endroict du ciel où le soleil se leve, MONT. I, 238.• Se lever de table, MONT. II, 242.• Lever les yeulx de sa besongne, MONT. III, 73.• Les subsides et impositions que levoient ses predecesseurs, MONT. III, 81.• Quelque temps après il se leva à Rome une peste si violente, que les hommes en mouroient tout subitement, AMYOT Rom. 37.• Il voulut que le temple de Saturne fust le tresor publique auquel on deposeroit tout l'argent qui se leveroit sur le peuple, AMYOT Publ. 22.• Il se leva un petit vent, qui esleva le dessus seulement et le plus delié de celle terre pouldreuse, AMYOT Sertor. 24.• Ilz sont aussi marris quand on les esveille, ou qu'on les lieve, comme sont ceulx qui sont fort espris de sommeil, AMYOT Anton. 93.• Et pource que l'on ne trouvoit point les clefz, il feit venir des serruriers, et feit lever les serrures, AMYOT César, 46.• Lever à six, manger à dix, souper à six, coucher à dix, font vivre l'homme dix fois dix, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 171.Génev. lever la table, la desservir ; provenç. levar ; espagn. llevar ; ital. levare ; du lat. levare, qui est le dénominatif actif de levis (e bref), voulant dire d'abord alléger, puis delà, lever une chose en haut, la traiter comme une chose légère (voy. léger).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. LEVER. Ajoutez :29° Dans le canton de Vaud, lever la vigne, l'attacher à l'échalas.30° Terme de lapidaire.• Retirer la pierre de dessus la roue, CHRITEN Art du lapidaire, p. 82.————————lever 2.(le-vé ; l'r ne se prononce et ne se lie jamais) s. m.1° Action de lever.Terme de théâtre. Le lever de la toile, le lever du rideau, l'instant où on lève la toile, le rideau qui cache le théâtre aux spectateurs.Un lever de rideau, petite pièce qu'on joue avant la grande pièce de la soirée, pour donner aux spectateurs attardés le temps d'arriver.2° Terme de manége. Lever ou soutien, nom donné (les extrémités du cheval pendant la marche étant alternativement en l'air et sur le sol) au premier de ces instants, par opposition à poser.3° L'heure, le temps auquel on se lève. Il faut aller chez lui à l'heure de son lever, à son lever.Absolument, le lever, le moment où le monarque reçoit dans sa chambre, après qu'il est levé.• Il [le roi] disait l'autre jour à son lever que Fouquet était un homme dangereux ; voilà ce qu'on lui met dans la tête, SÉV. 11 déc. 1664.On écrit aussi levé.• Parbleu ! je viens du Louvre, où Cléonte, au levé, Madame, a bien paru ridicule achevé, MOL. Mis. II, 5.Petit lever et grand lever du roi, dans l'étiquette de l'ancien régime. Dès que le roi était réveillé et avait récité l'office du Saint-Esprit, le petit lever commençait ; le grand lever avait lieu lorsque le roi était peigné et rasé (voy. CHÉRUEL, Dictionnaire des institutions, étiquette, § 3).4° Le lever du soleil, de la lune, le moment où le soleil, la lune paraît sur l'horizon.• Vous avez, dans un trouble à nul autre pareil, Prévenu ce matin le lever du soleil, TH. CORN. Ariane, V, 1.• Qui n'admire ce bel astre [le soleil] ? qui n'est ravi de l'éclat de son midi et de la superbe parure de son lever et de son coucher ?, BOSSUET Louis de Bourbon..On dit dans le même sens : le lever du jour.• Pourquoi devances-tu le lever de l'aurore ?, M. J. CHÉN. Gracques, II, 1.Lever d'une étoile, le moment où elle s'élève au-dessus de l'horizon. Il y a pour les astronomes trois espèces de levers des étoiles : le lever cosmique, le lever acronyque, le lever héliaque.Lever astronomique, le moment où un astre arrive sur l'horizon rationnel, c'est-à-dire à 90 degrés du zénith. Lever apparent, le moment où l'astre se montre, en vertu de la réfraction et de la parallaxe.5° Terme de géométrie pratique. Se dit des délinéations ou des croquis d'un topographe, opérant soit trigonométriquement, soit à vue.Le lever d'un plan. Des levers à vue, à la planchette.On dit aussi : lever de mine, lever de bâtiment, de machine.XVIe s.• Et tousjours premier estoit on lever du bon Pantagruel, RABEL. Pant. V, 26.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.