- idolâtre
- (i-do-lâ-tr') adj.1° Qui adore les idoles, qui rend un culte divin à des créatures.• Peuple idolâtre, ROTROU St Genest, V, 2.• On devient idolâtre [disent les protestants] en faisant paraître par quelque posture de respect le sentiment de vénération vraiment sainte qu'on a dans le coeur, BOSSUET Var. XIV, § 104.Fig.• Comme un joug importun les règles rejetées, Le Parnasse idolâtre adorant de faux dieux, GILBERT 18e siècle..Il se dit également du culte même. Rendre un culte idolâtre.• Jusque sur notre autel votre injuste marâtre Veut offrir à Baal un encens idolâtre, RAC. Athal. I, 2.Substantivement. Un idolâtre, une idolâtre.• Que je sois tout ensemble idolâtre et chrétien, CORN. Poly. IV, 3.• Mon père, en ce jour solennel, De l'idolâtre impur fuit l'aspect criminel, RAC. Athal. III, 2.2° Fig. Qui ressent un amour passionné ou servile pour une personne ou pour des choses.• Le voilà donc [le prince] engagé dans l'agrandissement du sujet qu'il aime [un favori].... le voilà idolâtre sans y penser ; il adore ce qu'il a fait..., BALZAC De la cour, 7e disc..• Et cette vieille erreur, que Cinna veut abattre, Est une heureuse erreur dont il [le peuple romain] est idolâtre, CORN. Cinna, II, 1.• À faire, aux nouveautés dont je suis idolâtre, Figure de savant sur les bancs du théâtre, MOL. Mis. III, 1.• Cette femme, idolâtre d'elle-même et toute occupée des vanités du siècle, a pris le parti de la retraite, BOURDAL. Dim. de la Sexagés. Dominic. t. I, p. 440.• Un avare, idolâtre et fou de son argent, BOILEAU Sat. IV.• Je ne prends pas pour juge une cour idolâtre, RAC. Bérén. II, 2.• Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre, RAC. Phèdre, I, 3.• Pouvez-vous être idolâtre d'une chair qui... ?, MASS. Carême, Jeûne..• Un peuple opiniâtre, De ses liens sacrés imbécile idolâtre, VOLT. Oed. III, 5.• Périsse le coeur dur, de soi-même idolâtre, VOLT. Mérope, I, 1.• Jamais peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ses préjugés au point où l'étaient alors, où le sont peut-être encore aujourd'hui les Espagnols, RAYNAL Hist. phil. VI, 9.Qui a pour quelqu'un un respect outré, qu'on peut comparer à l'idolâtrie.• Les grands pour la plupart sont masques de théâtre, Leur apparence impose au vulgaire idolâtre, LA FONT. Fabl. IV, 4.XIIIe s.• Tuit cil de la province du Catay sont tretouz ydolatres, MARC POL p. 360.• Orguilleus est [l'homme], murdriers, et lerres [voleur], Et inconstans et foloiables, Idolastres, desagreables, la Rose, 19432.• Diex hait avers [les avares] les vilainastres, Et les dampne comme idolastres, ib. 5268.XVe s.• Doulx Diex, ce m'est le cuer grevant Que les gens de ce païs voy Vivre ydolatres sans ta foy Tenir ne croire en toy, doulx Diex, Myst. de Barl. et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p. 370.XVIe s.• Un dieu le plus puissant s'estimeroit heureux D'estre de vos beaux yeux idolatre amoureux, RONSARD Élég. 7.• Ainsi dites vous idolatre pour idololatre, RABEL. IV, 40.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.