- hôpital
- (o-pi-tal ; l'accent circonflexe ici ne se fait pas sentir) s. m.1° Établissement où l'on reçoit gratuitement des pauvres, des infirmes, des enfants, des malades. L'hôpital des orphelins.• Nous avons à Paris un hôpital unique en son genre : cet hôpital est l'Hôtel-Dieu ; on y est reçu à toute heure, sans acception d'âge, de sexe, de pays, de religion ; les fiévreux, les blessés, les contagieux, les non-contagieux, les fous susceptibles de traitement, les femmes et les filles enceintes y sont admis ; il est donc l'hôpital de l'homme nécessiteux et malade, nous ne disons pas seulement de Paris et de la France, mais du reste de l'univers, TENON Mém. sur les hôp. Préface, p. I.• Il s'agissait d'étudier les hôpitaux dans les hôpitaux mêmes, et d'y saisir ce qu'une longue expérience avait indiqué comme nuisible, ou marqué du sceau de l'utilité, TENON ib. p. X..• Il y a dans Amadabad, capitale de Guzarate, deux ou trois hôpitaux d'animaux où l'on nourrit les singes estropiés, invalides, et même ceux qui, sans être malades, veulent y demeurer, BUFF. Quadrup. t. VII, p. 163.Mettre une fille de mauvaise vie à l'hôpital, la mettre dans une maison de correction.2° Particulièrement, dans le langage administratif, maison de charité établie pour donner des soins gratuits aux malades indigents, par opposition à hospice où on ne reçoit pas les malades.• Le second de nos saints choisit les hôpitaux ; Je le loue, et le soin de soulager les maux Est une charité que je préfère aux autres, LA FONT. Fabl. XII, 27.• Qui ne sait, messieurs, que l'établissement d'un grand hôpital dans cette capitale du royaume qui renferme tant de grandeurs et tant de misères tout ensemble, a été un des plus grands ouvrages du siècle ?, FLÉCH. Duch. d'Aiguillon..• Il entra dans les hôpitaux où l'on transportait les blessés, dont la plupart expiraient par la négligence inhumaine de ceux mêmes que le roi de Perse payait chèrement pour les secourir, VOLT. Babouc..• Il [Rasès] prit quelque teinture de médecine, et s'établit dans un hôpital ; il crut que c'était là le grand livre du médecin, DIDER. Opin. des anc. philos. (Sarrasins)..• Smolensk n'était plus qu'un vaste hôpital, et le grand gémissement qui en sortait l'emporta sur le cri de gloire qui venait de s'élever des champs de Valoutina, SÉGUR Hist. de Nap. VI, 8.Hôpital militaire, établissement où sont reçus et traités les militaires malades.Hôpital ambulant, réunion de personnes et d'un matériel qui suivent une armée dans ses mouvements pour donner les premiers secours aux malades et aux blessés, en attendant qu'on puisse les transporter dans les hôpitaux fixes.Vaisseau-hôpital, vaisseau disposé, dans une flotte, dans une escadre, pour recevoir et traiter les malades.Fièvre d'hôpital, typhus.Par extension.• Le monde est un grand hôpital de tout le genre humain qui doit exciter votre compassion, FÉN. t. XIX, p. 205.C'est un hôpital, se dit d'une maison dans laquelle plusieurs personnes sont malades.Fig. Il s'est dit d'un seul malade chargé de maladies.• Hôpital allant et venant, Des jambes d'autrui cheminant, Des siennes n'ayant plus l'usage, SCARRON Requête à la reine..3° Fig. Misère, pauvreté. Mettre quelqu'un à l'hôpital.• Malherbe, en cet âge brutal, Pégase est un cheval qui porte Les poëtes à l'hôpital, MAYNARD Stances à Malherbe..• ....Ce docte cheval [Pégase], De la richesse ennemi capital, Qui d'Hélicon fit naître la fontaine, Tout d'une traite et presque d'une haleine Porte souvent son homme à l'hôpital, BENSERADE dans RICHELET.• Un homme qui me réduit à l'hôpital, MOL. Méd. m. lui, I, 1.• Souviens-toi de ton livre et de son peu de bruit. - Et toi de ton libraire à l'hôpital réduit, MOL. F. sav. III, 5.• Il est vrai que du roi la bonté secourable.... Va tirer désormais Phébus de l'hôpital, BOILEAU Sat. I.• Vous êtes trop honnête homme pour vous marier dans le dessein d'envoyer une femme et des enfants à l'hôpital, MAINTENON Lett. à M. d'Aubigné, 26 sept. t. I, p. 146, dans POUGENS..• Je payai cher ma brillante sottise ; En quatre mois je fus à l'hôpital, VOLT. P. Diable..Prendre le chemin de l'hôpital, courir en poste à l'hôpital, se ruiner par des dépenses excessives ou par de mauvaises spéculations.• Hélas ! ces pauvres gouverneurs, que ne font-ils point pour plaire à leur maître ? avec quelle joie, avec quel zèle ne courent-ils point à l'hôpital pour son service ?, SÉV. 595.• Cette vertu sauvage Qui court à l'hôpital et n'est plus en usage, BOILEAU Sat. I.4° Terme de marine. Infirmerie.5° Cornet de papier dans lequel on place les vers à soie trop faibles pour monter sur les ramées.6° Il a été pris au sens de demeure, sens étymologique qu'il n'a plus.• La terre Qui fut, avant le temps que survinrent ces maux, Un hôpital commun à tous les animaux, Quand le mari de Rhée, au siècle d'innocence, Gouvernait doucement le monde en son enfance, RÉGNIER Sat. VI.• Les froides horreurs de l'enfer, Cette nuit, ces vieux lits de fer, Où se vont coucher les Furies, Ce gros chien qui jappe au portal, Ces grandes plaines de voiries, Sont leur éternel hôpital, THÉOPHILE Oeuvres, p. 31, Paris, 1656.L'hôpital n'est pas pour les chiens, se dit quand on veut se justifier de se présenter dans un hôpital. Mais enfin que deviendrez-vous ? - L'hôpital n'est pas pour les chiens, je m'y ferai admettre.XIIe s.• Juste Cantorbire unt leprus un hospital, Th. le mart. 159.XIIIe s.• El non del pere esperitable Fonda iluec un hospital ; Iluec couchoit à grant honor Mult de povres nostre seignor, RUTEB. II, 196.XIVe s.• Li sires qui gardoit l'ospital dont je dis Fist lever Baudevin, qui tant est afoiblis, Beaud. de Seb. XII, 118.• Chapellenie ou hospital pour faire le divin service, Ordonn. des rois de Fr. t. III, p. 584.XVIe s.• La mer ne flotte Où elle souloit estre, Et aux lieux vuides d'eaux (Miracle estrange !) on la void soudain naistre Hospital de bateaux, RONS. 464.• Messieurs, vous savez que le vray hospital de la noblesse, c'est le temporel du clergé, FROUMENTEAU Finances, 3e livre, p. 424.Provenç. hospital, espital ; esp. et port. hospital ; ital. ospedale ; du lat. hospitale, lieu hospitalier, de hospes, hôte (voy. ce mot). Hospital a été refait sur le latin très anciennement ; mais, à l'origine, hospitale avait donné régulièrement hostel.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.