- arbre
- (ar-br') s. m.1° Grand végétal ligneux, et, dans le langage spécial de la botanique, végétal dont le tronc ligneux s'élève à plus de six mètres.• Le troisième tomba d'un arbre Que lui-même il voulut enter, LA FONT. Fabl. XI, 8.• On peut comparer les empires à un arbre dont les branches trop étendues ôtent tout le suc du tronc et ne servent qu'à faire de l'ombrage, MONTESQ. Lettres pers. 121.Arbres verts, se dit particulièrement de ceux qui conservent leurs feuilles en hiver, tels que le sapin, l'yeuse, le houx.Fig.• La source est à chercher plutôt que les ruisseaux ; Il faut s'en prendre à l'arbre et non pas aux rameaux, TRISTAN M. de Chrispe, IV, 11.• Le ciel même peut-il réparer les ruines De cet arbre séché jusque dans ses racines ?, RAC. Ath. I, 1.• Voyons s'il s'en est fallu beaucoup, qu'il n'ait renversé ce grand arbre de la maison d'Autriche, VOIT. Lett. 74.Fig. et familièrement. Se tenir au gros de l'arbre, s'attacher au parti le plus fort, s'appuyer sur ce qui semble le plus solide et le plus sûr.2° L'arbre de la croix, la croix où fut attaché Jésus.Arbre de la science du bien et du mal, arbre qui était au milieu du paradis terrestre, et auquel Dieu avait défendu de toucher sous peine de mort.Arbre de vie, arbre qui était au milieu du paradis terrestre, et dont le fruit avait la vertu de conserver la vie à l'homme, si l'homme eût conservé son innocence.3° Axe ou principale pièce d'une roue ou d'une machine.• On leur [aux nègres] fait tourner à bras l'arbre des moulins à sucre, VOLT. Moeurs, 152.Axe de bois ou de métal. Arbre d'un volant de pendule.Arbre d'une balance, la verge de fer à laquelle est suspendu le fléau.Terme d'horloger. Petit morceau d'acier qui passe au travers du barillet de la montre, et qui sert à bander le ressort. Dans les horloges, il y a l'arbre de la grande roue, qui porte les poids, l'arbre du grand ressort, l'arbre de la fusée.4° En termes de marine, mât. L'arbre de meistre, le grand mât d'un bâtiment à voiles latines. L'arbre de trinquet, le mât de misaine.5° Arbre de généalogie, grande ligne, au milieu de la table généalogique, qui se divise en d'autres petites lignes qu'on nomme branches, et qui marquent tous les descendants de quelque famille.6° Arbre fourchu, position dans laquelle on se tient sur ses mains, la tête en bas et les pieds en haut. Faire l'arbre fourchu.Arbre fourchu, terme de poésie française ancienne, sorte de poëme français où de très petits vers s'entremêlaient régulièrement à de plus grands, de manière à former un tronc et des branches horizontales.7° Arbre encyclopédique, tableau de l'enchaînement systématique des sciences.8° Dans le blason, arbre fusté, arbre dont le tronc et les branches ne sont pas du même émail ; arbre englanté, celui dont l'émail du fruit est différent aussi.Meuble d'armoiries dont l'émail le plus fréquent est le sinople. L'arbre paraît sur l'écu en pal, les racines resserrées.9° En termes d'eaux et forêts, arbres de lisière, ceux qu'on laisse dans une coupe pour en borner l'étendue. Arbres de laye, ceux que l'on laisse pour repeupler la forêt.10° En termes de chimie, arbre de Diane, amalgame d'argent (Diane étant, dans le langage des alchimistes, le surnom de l'argent) qui se dispose en petites aiguilles prismatiques groupées de manière à représenter un arbrisseau.Arbre de fer ou de Mars, végétation métallique qui se forme lorsqu'on met un fragment d'un sel dans la liqueur des cailloux.Arbre de Jupiter, nom donné à la végétation métallique qu'on obtient en précipitant l'étain par le zinc.Arbre de Saturne, cristallisation que l'on produit avec une lame de zinc plongée dans l'acétate de plomb.Dans l'alchimie, arbre des philosophes se dit du mercure, et quelquefois de la pierre philosophale.11° En anatomie, arbre de vie, disposition que présentent les prolongements de la substance médullaire dans les lobes du cervelet.12° Dans le jardinage, arbre en colonne (voy. colonne), arbre en buisson ou cépée (voy. buisson), arbre en cordon (voy. cordon), arbre en oblique (voy. oblique), arbre en palmette (voy. palmette), arbre à palmettes doubles ou à deux tiges ou en u (voy. palmette n° 3, (palmette double)), arbre à quenouille (voy. quenouille), arbre en vase ou gobelet (voy. vase), arbre en plein-vent ou haute tige ou de plein vent ou de haut vent (voy. vent).13° Nom de différents végétaux. Arbre aveuglant, arbre de la famille des euphorbiacées, dont le suc âpre et laiteux cause des ophtalmies dangereuses, s'il tombe sur la conjonctive.Arbre au corail, nom donné à deux plantes de la famille des légumineuses, dont l'une a des graines du poids de 212 milligrammes assez constant pour qu'elles servent d'unité de poids dans l'Inde à l'effet de peser l'or et les pierres précieuses.Arbre à la glu, un des noms vulgaires du houx, dont l'écorce moyenne sert à faire la meilleure glu.Arbre aux grives, nom vulgaire du poirier des oiseleurs ou sorbier des oiseaux.Arbre à l'huile du Japon, arbre de la famille des euphorbiacées, dont le fruit, ordinairement à 4 loges, renferme autant de graines dont l'huile est employée pour l'éclairage.Arbre de Judée, nom vulgaire du gaînier commun ; c'est à tort que certains auteurs lui donnent le nom de bois de Judée ; il porte des fleurs rouges très jolies.Arbre à pain ou jaquier, dont le fruit pulpeux amylacé se cuit et se mange comme du pain dans les îles de l'Océanie et aux Antilles.Arbre saint, un des noms vulgaires de la Mélie Azédarach, probablement parce que les noyaux de ses fruits sont employés à faire des chapelets, d'où elle est aussi appelée arbre à chapelet.Arbre de Sainte-Lucie, nom donné au cerisier Mahaleb (rosacées), parce qu'il est commun aux environs du village de Sainte-Lucie, département de la Meuse ; il est aussi appelé bois de Sainte-Lucie.Arbre à suif de la Chine, naturalisé dans la Caroline du Sud. Les semences, indépendamment de l'huile qu'elles contiennent à l'intérieur, sont couvertes d'une substance sébacée blanche qu'on exploite pour la fabrication des chandelles.Arbre à la vache, nom du Galactodendron utile de la Colombie, fournissant un liquide blanc qui se boit comme du lait.Arbre au vermillon. Dans quelques localités de la France et de l'Italie, on donne ce nom vulgaire au chêne coccifère ou chêne Kermès.PROVERBE Entre l'arbre et l'écorce, il ne faut pas mettre le doigt ; c'est-à-dire qu'il ne faut pas se mêler des débats de famille.La prononciation populaire abre est condamnée par Vaugelas, qui remarque qu'elle était commune. Arbre, venant de arbor, s. f. a été quelquefois fait du féminin dans les anciens textes.XIe s.• Haut sont li pui et mout haut sont les arbres, Ch. de Rol. CLXVI.• Va, les pend tous à l'arbre de mal fust, ib. CCXC.XIIe s.• Lors s'est assis sous l'aubre qui verdie, Ronc. p. 154.• A la fenestre est venue au jor cler ; Voit sor ces haubres ces oisellons chanter, Raoul de C. 242.XIIIe s.• Et se l'arbre i [au moulin] faut metre...., TAILLIAR Recueil, p. 452.• Lors [elle] s'assiet sous un arbre, car li cuers li douloit, Berte, XXVIII.• Li aubre despoillent lor branches, RUTEB. 211.XVIe s.• De sa lance rumpoyt ung huys, aculoyt une arbre, RAB. Gar. I, 23.• L'enorme meurtre que y avoit faict Gargantua avecques son grand arbre, RAB. ib. I, 44.• Tous les arbres, arbustes et frutices des foretz, RAB. Pant. II, 8.• Comme arbre novellement plantée les fault appuyer, RAB. ib. III, 1.• Pantagruel, par l'adviz du pilot, tenoyt l'arbre [le mât] fort et ferme, RAB. ib. IV, 19.• À ceste heure fays bien à poinct l'arbre fourchu, les piedz à mont, la teste en bas, RAB. ib..• Toute arbre que son Pere n'a plantée sera arrachée, CALV. Inst. 217.• Ils apperçurent un homme au faite de l'arbre, [mât] sur l'antenne, CARL. I, 11.Bourguig. génev. et picard, abre ; Berry, âbre, âbe ; provenç. arbre, albre, aybre ; espag. albol ; portug. arvore ; ital albero ; du latin arbor ; zend, urvara, arbre ; sanscrit, urvarà, terre fertile ; allem. urbar, fertile ; celtique, arbara, plante à grain. Dans tous ces mots se trouve un radical arb ou urb, exprimant ce qui pousse, ce qui est fécond.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREARBRE. Ajoutez :14°• Arbre de vent, nom populaire des cirrus, qui annoncent presque toujours un changement de temps, Journ. offic. 20 sept. 1873, p. 5976, 2e col..Arbre des Machabées, même sens.• M. Taine m'apprend qu'en France, depuis les Ardennes jusqu'en Bourgogne, les paysans donnent au même phénomène le nom d'arbre des Machabées, à cause des sept branches qu'ils lui attribuent...., F. BAUDRY les Mythes du feu et du breuvage céleste, dans Rev. germanique, t. XIV, p. 376.Ajoutez.XIVe s.• La terre porte herbes vers Et les herbres de fruit couvers, MACÉ Traduction de la Bible, f° 1, verso, 2e col..• Une arbre bestournée [un arbre planté les racines en haut et les branches en bas], Revue critique, 5e année, 2e série, p. 328 (dans un texte anglo-normand).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.