- humilité
- (u-mi-li-té) s. f.1° Vertu qui nous donne le sentiment de notre faiblesse et de notre insuffisance, qui nous fait concevoir de bas sentiments de nous-mêmes. Pratiquer l'humilité, se montrer humble.• Ce précepte de se connaître soi-même, qui est pour tous les autres une leçon d'humilité, doit avoir pour votre regard un effet tout contraire et vous oblige de mépriser tout ce qui est hors de vous [Balzac], VOIT. Lett. I.• C'est un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever, et qui n'est jamais plus capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité, LA ROCHEFOUC. Réfl. mor. 254.• L'amour de Dieu fait naître toutes les vertus ; et, pour les faire subsister éternellement, il leur donne pour fondement l'humilité, BOSSUET la Vallière.• Le maître de l'humilité [Jésus] paraîtra bientôt sur la terre, LA ROCHEFOUC. Abrégé d'un sermon pour le 3e dim. de l'Avent.• Si l'humilité de coeur n'a part dans notre modestie, il [Dieu] réprouve notre modestie comme une vertu chimérique, BOURD. Instr. Oct. de l'Ass. Exhort. t. II, p. 315.• Sans une solide humilité, il n'est pas possible de conserver une foi bien pure, BOURD. Instruct. Humilité de la foi, Exhort. t. II, p. 380.• L'effet propre de l'humilité est de faire en nous ce vide mystérieux et salutaire, qui consiste dans l'oubli de nous-mêmes, BOURD. Annonciat. de la Vierge, Myst. t. II, p. 64.• L'humilité à l'épreuve de la grandeur est le plus infaillible ouvrage de la grâce, BOURD. ib. p. 82.• L'ambition partout chassa l'humilité, BOILEAU Lutrin, VI.• Nous nous bornerons à dire que l'humilité est la modestie de l'âme, VOLT. Dict. phil. humilité..• Épictète en vingt endroits prêche l'humilité, VOLT. ib..Fig.• Que j'aime le silence ! que j'en aime l'humilité, la tranquillité, le sérieux, le recueillement, la douceur !, BOSSUET Lett. abb. 60.2° Acte d'humilité.• Non, ne descendez pas dans ces humilités, Et laissez-nous juger ce que vous méritez, MOL. Mélic. IV.3° Familièrement. En toute humilité, aussi humblement qu'il est possible.• À présent que j'ai eu l'honneur de vous prouver en passant que vous aviez ce petit avantage [dans la traduction d'un vers latin] sur Boileau, il n'est plus surprenant que je vous dise, monseigneur, en toute humilité, qu'il y a dans votre épître plusieurs vers que je serais bien glorieux d'avoir faits, VOLT. Lettre au prince royal de Prusse, février 1740.XIe s.• Ce senefiet pais et humilitet, Ch. de Rol. V.XIIe s.• Se par mal conseil as contre Deu meserré, Par Deu ne traie à tei, chée [tombe] en humilité, Th. le mart. 73.• En grant humilité devez à curt aler, Que nuls ne vus en puisse reprendre ne blasmer, ib. 36.XIIIe s.• Ahi ! Diex ! fait Bertin, rois pleins d'umilité, Berte, XV.• La terre moult souvent par humbleté [elle] baisoit, ib. XXVIII.• Pour Dieu, vous pri k'avoec vo grant biauté Ne voelliés tant d'orguel accompaignier, K'umelités ne vous puist justicier, Bibl. des chartes, t. v, 4° série, p. 486.XIVe s.• Et aucune foiz faignent il et font teles humilités pour vaine gloire, ORESME Eth. 135.XVe s.• Adonc fit la noble roine d'Angleterre grand umilité.... et pleuroit si tendrement de pitié qu'elle ne se pouvoit soutenir, FROISS. I, I, 321.XVIe s.• Les seigneurs de Cremone en toute humilité Vindrent devers le roy, lequel moult revererent, J. MAROT V, 162.• Tousjours l'humilité gaigne le coeur de tous ; Au contraire, l'orgueil attize le courrous, RONS. 663.• Humilité à tout homme bien sied ; qui plus bas se tient, plus haut on l'assied, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 306.Provenç. humilitat, omilitat ; espagn. humildad ; ital. umiltà ; du lat. humilitatem, de humilis, humble (voy. humble). Bien que humilité soit très ancien, la forme d'origine et régulière était humbleté. On trouve aussi humblesse, humiliance, humiliement.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.