- gâteau
- (gâ-tô) s. m.1° Pâtisserie faite avec de la farine, du beurre et des oeufs.Gâteau des Rois, gâteau qu'on mange le jour des Rois, et dans lequel il y a une fève.Fig. Trouver la fève au gâteau, faire quelque heureuse rencontre, avoir quelque bonne chance ; locution tirée du gâteau des Rois contenant une fève qui fait roi du repas celui à qui elle échoit dans sa part.Fig. Je ne mange pas mon gâteau dans ma poche, c'est-à-dire je veux donner une part du profit de l'affaire à ceux qui me l'ont procurée.Gâteau à la minute, voy. tôt-fait.Gâteau de riz, gâteau de pommes de terre, gâteau où le riz, la pomme de terre remplacent la farine.2° Fig. Quelque bon morceau, quelque affaire utile, avantageuse. Avoir part au gâteau.• Ils firent tous ripaille, Chacun d'eux eut part au gâteau, LA FONT. Fabl. VIII, 7.• Le moins de gens qu'on peut à l'entour du gâteau, C'est le droit du jeu, c'est l'affaire, LA FONT. ib. X, 15.• Vous avez bonne part au gâteau, TH. CORN. D. Bertr. de Cigarral, III, 2.• À tout gâteau leur main fait large entaille, Car ils sont grands, même infiniment grands, BÉRANG. 10000 fr..Partager le gâteau, partager le profit.• En partageant avec moi le gâteau, LESAGE Gil Blas, VII, 15.Il se prend d'ordinaire en mauvaise part. Au lieu d'enchérir, ils se sont partagé le gâteau.3° Certaines sucreries qui tiennent de la conserve. Gâteau à la crème. Gâteau de Savoie. Gâteau aux confitures.4° Certains entremets de gibier ou de venaison en hachis et qui doivent être servis en terrine. Gâteau de lièvre aux truffes.5° La gauffre où les abeilles font la cire et le miel.• Les abeilles construisent fort souvent, dans un gâteau qui n'a que deux à trois pouces en carré, deux à trois cellules royales, BONNET 5e mém. Abeilles..6° Masse de résine pour isoler les corps qu'on veut électriser.7° Terme de sculpture. Morceau de cire ou de terre dont les sculpteurs remplissent les creux d'un moule.8° Terme de chirurgie. Masse de charpie appliquée par couches plus ou moins épaisses.Terme de pathologie. Gâteau fébrile, nom donné quelquefois à la tuméfaction de la rate, dans les fièvres intermittentes.Terme d'anatomie. Gâteau placentaire, nom donné quelquefois au placenta.9° Masse de métal se figeant après fusion, dans le fourneau.10° Très familièrement, et par une espèce de jeu de mots entre gâteau et gâter. C'est un père gâteau, un papa gâteau, c'est un père qui gâte ses enfants.XIIIe s.• Nul talemelier [boulanger] ne puet faire plus grant pain de deux deniers, se ce ne sont gastel à presenter, ne plus petit de obole, se ce ne sont eschaudés, Liv. des mét. 11.• De cele part est li chastiaus Si fiebles, qu'un rostis gastiaus Est plus fors à partir en quatre Que ne sunt li mur à abatre, la Rose, 7952.XVIe s.• Et ceux qui alors se trouveroyent en main les forts chasteaux des grosses villes, pensez s'ilz voudroient avoir part au gasteau, LANOUE 27.• Il me semble qu'il vaut mieux attendre à departir le gasteau, quand nous l'aurons entre mains, LANOUE 455.• Avecques ces belles persuasions, plusieurs ont fait des experiences infinies, pour trover (comme on dit) la feve au gasteau, LANOUE 461.• Martigues ne faudra point d'entamer le gasteau [d'attaquer], D'AUB. Hist. I, 268, II, 95.• Gasteau et mauvaise coustume se doivent rompre, COTGRAVE .Picard, wastel ; wallon, wastai ; provenc. gastal ; du moyen haut-allemand wastel, gâteau. Dans l'ancien français, le nominatif est li gastels ou gastaus, et le régime le gastel. Peut-on rapprocher l'allemand wastel de wastijan, gâter, perdre ? le wastel aurait-il été dit farine perdue à cause de la dépense qu'il causait ? Il y a dans la Flandre française un gâteau (brioche frite) qu'on nomme pain perdu.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.