- grue
- grue 1.(grue) s. f.1° Gros oiseau voyageur de l'ordre des échassiers, qui vole par bandes.• Les grues portent leur vol très haut, et se mettent en ordre pour voyager ; elles forment un triangle à peu près isoscèle, comme pour fendre l'air plus aisément, BUFF. Ois. XIII, p. 425.• La grue du philosophe Leonicus Thomaeus dans Paul Jove est fameuse ; il la nourrit pendant quarante ans, et l'on dit qu'ils moururent ensemble, BUFF. ib. p. 434.On prétend que, lorsque les grues sont à terre en troupe, il y en a une qui se tient sur une seule jambe pour faire la sentinelle.De là fig. et familièrement. Faire le pied de grue, attendre longtemps sur ses pieds.• Faire sur l'un des pieds en la salle la grue, RÉGNIER Sat. III.• ....De la rue, Où jusques à minuit j'ai fait le pied de grue, HAUTEROCHE Espr. foll. v, 9.Avoir un cou de grue, avoir le cou très long.• Que ferez-vous d'un pauvre acteur Dont la taille et le cou de grue Et la mine très peu joufflue Feront rire le connaisseur ?, VOLT. Ép. XCVI.2° Fig. et familièrement. Niais, qui se laisse facilement tromper.• Le monde n'est plus grue et ne se mouche plus sur la manche, GUI PATIN Lett. t. II, p. 186.• Me prends-tu pour une grue ?, BRUEYS l'Important, I, 6.• Mais si c'est une grue.... Dans ma famille, au moins, on ne voit point de sots, REGNARD le Bal, 8.Grande femme qui a l'air gauche.3° Terme d'astronomie. Constellation de l'hémisphère austral.4° Terme d'antiquité. Danse de la grue, sorte de branle inventé, dit-on, par Thésée, qui avait voulu peindre les tours et détours du labyrinthe de Crète, d'où il avait été tiré par Ariane ; c'était une fille qui conduisait le branle.XIIIe s.• Grues sont oiseau qui volent à eschieles [bandes], en maniere de chevaliers qui vont en bataille, BRUN. LATINI Trés. p. 215.• Puis-ge voler avec les grues, Voire saillir outre les nues, Cum fist le cine [cygne] Socratès ?, la Rose, 5441.• Par envie mult le grevoient, Tant i avoit venin et fiel : Ceste prendra la grue au ciel, Fesoient-il, par ataïne, RUTEB. II, 165.XIVe s.• ....et souhaitoit qu'il eust la gorge plus longue que le coul d'une grue, ORESME Eth. 94.XVIe s.• Tu te congnois en fient [fiente] de grues, ton pere estoyt poullayllier, PALSGR. p. 475.Provenç. grua ; espagn. grulla ; portug. grou ; ital. grua ; du lat. grus, qui, avec le grec qui, dépend du radical sanscr. gar, crier, gir, voix ; comp. le grec , voix, le lat. garrire, bavarder.————————grue 2.(grue) s. f.1° Grande machine de bois qui sert à élever de grosses pierres, de grands fardeaux.• Avec un certain instrument Qu'en français une grue on nomme, SCARR. Virg. VI.2° Ancienne machine de guerre qu'on appelait aussi corbeau démolisseur.3° Anciennement, instrument de punition pour les soldats, composé de deux pièces de fer, qui se terminaient en bec de grue par le bas, et qui avaient la forme du carcan par le haut. Mettre un soldat à la grue.XIIIe s.• Chil qui porte faus sans mancne doit deux deniers ; chil qui porte grues, deux deniers, TAILLIAR Recueil, p. 26.XVe s.• Pour trouver moyen de gagner la bastille, furent dressez deux cas [chats, sorte d'engin] et deux grues, par le moyen des quelles les François peussent approcher leurs ennemis, MATH. DE COUCY Hist. de Charles VII, p. 605.XVIe s.• Guindez la grue plus vistement, PALSGR. p. 782.Grue 1, par assimilation de forme.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.