- graisser
- (grè-sé) v. a.1° Frotter, oindre de graisse ou d'un corps gras. Graisser un essieu. Graisser ses souliers.• Un limier boiteux.... Qu'on avait d'huile chaude et de soufre graissé, RÉGNIER Sat. X..Familièrement. Graisser ses bottes, faire ses préparatifs de départ ; et fig. se préparer à la mort.Fig. et populairement. Graisser les bottes à quelqu'un, lui donner l'extrême-onction.• Le vicaire du Temple était venu lui administrer [à un malade hydropique] l'extrême-onction : ah ! monsieur l'abbé, lui dit-il, vous venez me graisser les bottes ; cela est inutile, car je m'en vais par eau, MARMONTEL Mém. VI.Fig. et populairement. Graisser le couteau, manger de la viande à déjeuner ou à goûter.Fig. et familièrement. Graisser la patte à quelqu'un, le gagner par de l'argent.• Vous serez pleinement contentés de vos soins ; Mais ne vous laissez pas graisser la patte au moins, MOL. Éc. des mar. III, 5.• D'autant plus que son souvenir continuel et de Grignan, et de Toulon, et de Rome d'où il m'écrit du 4, fait sur mon coeur comme s'il me graissait la patte, SÉV. 590.• Il disait qu'un plaideur dont l'affaire allait mal Avait graissé la patte à ce pauvre animal [un coq qui n'avait pas chanté pour réveiller], RAC. Plaid. I, 1.Fig. Graisser le marteau, donner de l'argent au portier pour être admis.• On n'entrait point chez nous sans graisser le marteau, RAC. Plaid. I, 1.Fig. et populairement. Graisser les épaules à quelqu'un, lui donner des coups de bâton.2° Tacher de graisse. Cela vous graissera les mains.Rendre sale et crasseux. Graisser son linge, ses habits.3° V. n. Tourner à la graisse, en parlant du vin qui contracte ce genre d'altération. Voilà du vin qui graisse.4° Se graisser, v. réfl. Se tacher de graisse. Cet enfant s'est graissé dans la cuisine.PROVERBE Graissez les bottes d'un vilain, il dira qu'on les lui brûle, se dit de ceux qui payent d'ingratitude un service rendu.XVIe s.• C. Julius medecin, gressant les yeulx d'un patient, MONT. I, 74.Graisse.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGRAISSER. Ajoutez : - REM. Au lieu de graisser la patte, on disait dans le moyen âge oindre la paume.• Ainsi, dans un fabliau, une vieille à qui le prévôt avait saisi deux vaches reçut l'avis qu'elle le fléchirait, Se la paume lui avoit ointe, MÉON Nouv. Recueil, t. I, p. 183.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.