- geste
- geste 1.(jè-st') s. m.1° L'action et le mouvement du corps et particulièrement des bras et des mains, action et mouvement employés à signifier quelque chose.• Pour rendre un discours agréable, Avec le ton de voix le geste est désirable, TRISTAN Panthée, II, 3.• Sa surprise à ce mot a paru manifeste ; Son teint en a changé, sa parole et son geste, CORN. Suiv. I, 9.• Ce geste encor, seigneur, ce maintien interdit...., ROTR. Vencesl. IV, 6.• J'approuvais tout pourtant de la mine et du geste, BOILEAU Sat. III.• D'un geste menaçant, d'un oeil brûlant de rage, Dans le sein l'un de l'autre ils cherchent un passage, RAC. Théb. V, 3.• Je vois d'Ochosias et le port et le geste, RAC. Athal. V, 6.• C'est en vain qu'un docteur qui prêche l'Évangile, Mêle chrétiennement l'agréable à l'utile, S'il ne joint un beau geste à l'art de bien parler..., LE P. SANLECQUE Poëme sur les mauvais gestes des prédicateurs.• Je ne fais jamais entendre mes volontés chez moi que de l'oeil et du geste, DIDER. Règne de Claude et Néron, I, 57.• Dans certains sermons burlesques un homme prêche tandis que l'autre fait des gestes, VOLT. Instit. phil. 125.• Il parcourt ses appartements d'un pas rapide ; ses gestes courts et véhéments dénotent un trouble cruel : il quitte, reprend et quitte encore un travail pressé pour se précipiter à ses fenêtres et contempler les progrès de l'incendie, SÉGUR Hist. de Nap. VIII, 6.Terme de danse. Mouvements de la tête, du torse, et surtout des bras, comme les pas sont les mouvements des pieds. Les gestes jouent un très grand rôle dans la danse d'imitation ou danse théâtrale ; ils n'en jouent presque aucun dans la danse ordinaire ; il faut y tenir la tête droite, sans roideur, le torse bien vertical sur ses points d'appui : quant aux bras, les laisser tomber de la manière la plus naturelle, excepté quand il faut donner ou lâcher la main, ou faire quelque mouvement particulier indiqué par la figure.2° Simple mouvement du bras, ou du corps, de la tête.• ....Et tandis qu'à l'ardeur de leurs expressions Je réponds d'un geste de tête, Je leur donne tout bas cent malédictions, MOL. Amph. III, 1.• Prêt à faire sur vous éclater la vengeance D'un geste confident de notre intelligence, RAC. Brit. III, 7.• Tremblez qu'en ces remparts Une parole, un geste, un seul de vos regards, Ne trahisse un secret que mon Dieu vous confie, VOLT. Sémir. I, 3.• Un geste de cette main qui avait gagné tant de batailles et tué tant de royalistes persuadait plus que les périodes de Cicéron, VOLT. Dict. phil. Cromwell..• Le vigilant commis qui, m'ayant aperçu, me fit avec l'aune de la boutique un geste plus expressif qu'attirant, J. J. ROUSS. Confess. II.• À l'abord du Français, le jeune Helvétien Par un geste amical l'invite à prendre place, MASSON Helvét. III.• La statue équestre de Marc-Aurèle, d'une majesté si douce, si paisible, dont le geste est un geste clément, fait plaisir à rencontrer sur le Capitole, AMPÈRE Hist. rom. à Rome, Introd. p. LVII.XVe s.• Quant la dame eut consideré le geste du saint prud'homme, qui de son fait ne se devoit garder, elle pourpensa que sanz l'ayde du Dieu souverain il ne pouvoit estre de si grant aage ne de tant puissant vigueur, Percefor. t. IV, f° 73.• Il fist humble contenance de corps mais sa geste et parolle estoit aspre, COMM. II, 3.XVIe s.• Mais avec ce si bonne grace avoyent Tant en regards comme en gestes humaines, Que bien sembloyent secondes Magdalenes, J. MAROT V, 34.• Assurance de visage, soupplesse de voix et de geste, MONT. I, 198.Lat. gestus, contenance, geste, de gestum, supin de gerere, porter.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. GESTE. Ajoutez :3° Au plur. Faux semblants, prétentions ridicules.• Sa mère, en haussant les épaules, prétendait que tout cela [une attaque de nerfs de Mme Bovary] c'était des gestes, G. FLAUBERT Mme Bovary, II, 387.Cet emploi paraît être particulier à la Normandie. Du moins on y dit guestes on gestes en ce sens : Dame, les vilaines gestes qu'a fait F'raient tournair le cidre dans l'émet, Rém. guern. p. 76. Voy. h. MOISY, Noms de famille normands, p. 181, qui en rapproche l'anglais jest, plaisanterie. Mais, sans noter que le mot anglais lui-même, qui n'a point de racine germanique, peut être la reproduction du mot normand, geste en ce sens est, évidemment, une spécialisation du sens de gestes, mouvements de la personne. C'est grimaces, dans le sens de faire des minauderies, des embarras. On dit en Normandie un gestier, une gestière, celui, celle qui fait des gestes.————————geste 2.(jè-st') s. f.Terme d'histoire du moyen âge. Poëme en vers décasyllabiques ou en vers alexandrins où est racontée d'un façon légendaire l'histoire de personnages historiques et particulièrement de Charlemagne et de ses preux.Chansons de geste, anciens poëmes qui traitent des actions des héros du cycle carlovingien.XIe s.• Deus me confonde, se la geste [j'] en desment, Ch. de Rol. LXI.• Il est escrit en la geste Francor [des Français], ib. CX.• Ce dist la geste et cil qui au champ fut, ib. CLIII.• En plusieurs gestes de lui sont granz honurs [éloges], ib. CCXXVIII.XIIe s.• En vieille geste est escriz de lons ans, Ronc. p. 86.Provenç. gesta ; ital. gesta ; du lat. pluriel neutre gesta, les choses faites, de gestus, fait, participe passif de gerere, porter, faire. Il est arrivé souvent qu'un neutre pluriel latin a donné lieu, dans les langues romanes, à un nom singulier féminin. La geste avait aussi le sens de race, extraction.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.