- gerbe
- (jèr-b') s. f.1° Faisceau de blé coupé. Lier en gerbe. Lier des gerbes.• La gloire des méchants est pareille à cette herbe Qui, sans porter jamais ni javelle ni gerbe, Croît sur le toit pourri d'une vieille maison, MALH. I, 2.Un saint en gerbe, un homme confit en sainteté ; locution tombée en désuétude.• Et ne me quitter point que vous n'eussiez fait de moi un petit saint en gerbe, SCARRON Oeuv. t. I, p. 259, dans POUGENS.2° Absolument. Terme de féodalité. Dîme sur les moissons. Lever la gerbe.Faire la gerbe de feurre à Dieu, donner au curé pour la dîme la plus méchante gerbe, celle où il y a le plus de feurre [paille] et le moins de grain. Cette locution s'est corrompue en : faire barbe de feurre à Dieu (voy. barbe).3° Gerbe de fleurs, gros bouquet de fleurs.• Elle vint me présenter une gerbe de fleurs ornée de rubans, GRAFFIGNY Lett. péruv. Lett. 32.Terme de vannerie. Gerbe d'osier, botte de branches d'osier.4° Fig. Gerbe d'eau, sorte de faisceau que font plusieurs jets d'eau. La gerbe du Palais-Royal.• De ces monstres des mers, dont la puissante haleine Avec un bruit horrible élance en gerbes d'eaux L'océan revomi par leurs larges naseaux, DELILLE Trois règnes, VII.• Les petits volcans des pentes orientales forment de petits cônes hauts d'un demi-mètre environ, au sommet desquels est une ouverture d'où s'échappe la gerbe d'eau bouillante, LAUR Comptes rendus, Acad. des sc. t. LIII, P. 1098.Terme d'artificier. Gerbe de feu, ou, simplement, gerbe, assemblage de fusées qui partent ensemble dans un feu d'artifice.Il se dit semblablement de tout ce que l'on compare à une gerbe d'eau, à une gerbe de feu.• Après chaque détonation [du Vésuve en éruption], la fumée s'élançait en gerbes gigantesques et se déroulait en masses blanches ou grisâtres, de forme globulaire, ce qui offrait un spectacle vraiment grandiose, Comptes rendus, Acad. des sc. t. LIII, p. 1092.5° Terme d'astronomie. Un des noms de la Chevelure de Bérénice.PROVERBE Mieux vaut le lien que la gerbe, la personne est indigne de l'habit qu'elle porte.XIIIe s.• Par vos perdi-ge mon froment, Où j'avoie la quarte jarbe, Ren. 20425.• Cil ne fet pas de son camparte ce qu'il doit, qui emporte ses garbes, anchois [avant] qu'eles soient camparties, BEAUMANOIR XXX, 29.XIVe s.• La charretée d'oignons en gerbe paiera, chascune charretée, une gerbe de paaige, DU CANGE garba..XVe s.• Chenes, coliers, afiquetz, pierreries, Ainsi qu'on dit en un commun proverbe, Tant en avoit que c'estoit diablerie ; Brief, mieux valoit le lyen que la gerbe, le Verger d'honneur, dans FR. MICHEL, Dict. d'argot..XVIe s.• Les assemblées qui souvent se font aux provinces pour decider querelles, ou pour lever gerbe, seroyent alors converties en douces et agreables contentions, LANOUE 131.Picard, guerbe, garbe ; wallon, jâbe ; namur. jaube ; Hainaut, garpe ; provenç. et espagn. garba ; de l'anc. haut-allem. garba ; allem. mod. Garbe ; holland. garf. On peut le rapprocher du lat. carpere, couper, cueillir, et du grec, fruit.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGERBE.4° Ajoutez :Particulièrement, gerbe, jet dont l'âme est fort étroite.5°• Dans les marais salants, petit tas de sable obtenu par l'opération du battage, Enquête sur les sels, t. II, p. 509.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.