- genre
- (jan-r') s. m.1° Caractère commun à diverses espèces ; ce qui comprend plusieurs espèces. Sous le genre être vivant, il y a deux espèces comprises, l'animal et le végétal.Genre supérieur, celui qui a plus d'extension qu'un autre. Animal est un genre supérieur à vertébré. Genre suprême, celui qui ne peut plus devenir espèce relativement à un genre supérieur. Êtres vivants est le genre suprême par rapport à animal et à végétal.2° Terme d'histoire naturelle. Assemblage de corps organiques ou inorganiques qui constituent des espèces, et qui se ressemblent par quelques caractères communs. Dans le système de Linné, les classes se divisent en ordres, les ordres en genres et les genres en espèces. Toute plante a deux noms, celui du genre et celui de l'espèce.• La plante vulgairement nommée mille-feuille, et qui fait partie du genre achillée, est appelée par les botanistes achillée mille-feuille, ce dernier mot servant de nom spécifique, LEGOARANT .En chimie, genre est employé, dans la nomenclature des sels, pour désigner toutes les combinaisons salines qui ont le même acide pour principe électro-négatif. Les azotates, les carbonates, les chlorates, les sulfates, etc. forment autant de genres particuliers de sels.3° Par extension, genre prend, dans le langage ordinaire, le sens d'espèce, de famille, d'ordre, de classe. Il y a divers genres d'animaux, de plantes.Le genre humain, l'ensemble des hommes considérés collectivement.• Je veux qu'on me distingue, et, pour le trancher net, L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait, MOL. Mis. I, 1.• Chacun doit incomparablement plus au genre humain, qui est la grande patrie, qu'à la patrie particulière dont il est né, FÉN. Dial. des morts anc. (Socrate, Alcibiade)..• Le nombre des hommes qui pensent est petit, et l'on pourrait dire que tout le genre humain ressemble au corps humain, où le cerveau, et apparemment une très petite partie du cerveau, est tout ce qui pense, FONTEN. Ressons..• Il viendra des écrivains, dont le raisonnement et l'éloquence persuaderont tôt ou tard aux générations futures, que le genre humain est plus que la patrie, ou plutôt que le bonheur de l'une est étroitement lié à la félicité de l'autre, RAYNAL Hist. phil. VI, 18.4° sorte, manière. Ce genre d'ornement ne me plaît pas. Ce genre d'occupation ne saurait vous convenir.• Il n'est pas inouï qu'une femme se change ; Mais de ce changement le genre est bien étrange, ROTR. Bélis. III, 5.• Nouveau genre d'étude et presque inconnu aux personnes de son âge et de son rang, ajoutons, si vous voulez, de son sexe : elle étudiait ses défauts, BOSSUET Duch. d'Orl..• C'est un personnage illustre dans son genre, LA BRUY. XI.• Dieux ! quel genre inouï de trouble et de supplice !, VOLT. Alz. v, 5.5° Mode, goût. Vous ne connaissez pas le bon genre. Voilà une plaisanterie de bien mauvais genre.• Le trait est charmant et du meilleur genre, GENLIS Théât. d'éduc. le Méchant par air, v, 9.Familièrement. Sorte d'affectation. Il se donne un genre. Quel genre !Ironiquement. Le grand genre, les usages du grand monde.6° Terme de littérature et de beaux-arts. Le style de l'auteur ; la manière de l'artiste. Son genre est simple, élégant. Ce tableau est dans le genre du Corrége.• Comme le genre d'exécution que doit employer tout artiste dépend de l'objet qu'il traite, comme le genre de Poussin n'est plus celui de Teniers, ni l'architecture d'un temple celle d'une maison commune, ni la musique d'un opéra-tragédie celle d'un opéra bouffon, aussi chaque genre d'écrire a son style propre en prose et en vers, VOLT. Dict. phil. Genre..• Remarquons ici qu'un auteur qui s'est fait un genre de style peut rarement le changer quand il change d'objet ; la Fontaine dans ses opéras emploie le même genre qui lui est si naturel dans ses contes et dans ses fables, VOLT. ib..Genres de style ; les anciens en reconnaissaient trois, le sublime, le simple et le tempéré.7° Espèce de composition litteraire ; partie, subdivision dans les beaux-arts. Cet écrivain a excellé dans plusieurs genres. Le genre didactique, descriptif. Ce peintre s'est distingué dans le genre historique. Cette danse est du genre noble.• J'irais plus haut peut-être au temple de mémoire, Si dans un genre seul j'avais usé mes jours, LA FONT. Poésies mêlées, LXIX.• Vouloir conserver l'admiration des grands modèles en établissant un goût qui exclut les genres nouveaux, c'est faire comme les Turcs, qui ne savent conserver la vertu de leurs femmes qu'en les tenant en prison, TURGOT Ébauche du 2e disc. Progrès de l'espr. hum. p. 322.• Tous les genres sont bons hors le genre ennuyeux, VOLT. .Absolument. Peintre, tableau de genre, peintre, tableau de portraits, de fleurs, d'intérieurs, par opposition à la peinture des tableaux d'histoire et de paysages.• Le peintre de genre a sa scène sans cesse présente sous les yeux, DIDEROT Essai sur la peinture, chap. 5.• Teniers, Wouwermans, Greuze, Chardin, Loutherbourg, Vernet même, sont des peintres de genre, DIDEROT ib..8° Genres rhythmiques, théorie toute conventionnelle et très fausse par laquelle les anciens cherchaient à s'expliquer l'harmonie du discours, en notant le rapport des arsis aux thésis dans les pieds prosodiques. Ils reconnaissaient trois genres, le genre égal quand l'arsis était égale à la thésis, comme dans le spondée ou le dactyle ; le double quand l'arsis valait le double ou la moitié de la thésis, comme dans le trochée ou l'ïambe ; le sescuple quand l'arsis valait une fois et demie la thésis, ou en était les deux tiers comme dans le péon amabile ( ama : le 1er a avec un accent bref, le 2nd avec un accent long ; bile : le i et le e avec un accent bref). Quelques-uns ajoutaient le surtiers quand l'arsis valait 4 ou 3, la thésis valant 3 ou 4, comme dans l'épitrite pulcherrimo( u, e et o avec un accent long et i avec un accent bref).Genres en musique ; pour les anciens, c'étaient les diverses manières de partager la quarte. Ils en reconnaissaient trois : le genre diatonique, que l'on partageait en un ton, un ton et un demi-ton, comme chez nous ut, ré, mi, fa ; le chromatique, qui la divisait en un ton et demi et deux demi-tons, par exemple ut, mi bémol, mi naturel, fa ; l'enharmonique, qui la partageait en un dit-on (tierce majeure) et deux quarts de ton, ut, mi, mi élevé d'un quart de ton et fa.Chez les modernes, les genres de musique portent les mêmes noms que chez les anciens, mais ils représentent tout autre chose, savoir la loi de succession des notes dans des séries indéfinies. Il n'y en a que deux réels : le genre diatonique, qui procède par tons et demi-tons dans l'ordre réglé par les modes majeur et mineur, et le chromatique, qui procède par demi-tons consécutifs. Le genre enharmonique n'est qu'une manière d'écrire ; ut dièze étant la même chose que ré bémol, ré dièze la même chose que mi bémol, etc. Si on écrit de suite deux de ces notes équivalentes, quoique de nom ou de place différente, c'est ce qu'on appelle enharmonie, et l'on est dans le genre enharmonique.9° Terme de grammaire. Propriété qu'ont les noms de représenter les sexes, et, dans certaines langues, l'absence de sexe. Le genre masculin. Le genre féminin. Le genre neutre, celui qui n'appartient ni au mâle ni à la femelle. Les langues romanes ont supprimé le genre neutre qui appartenait au latin et qui en effet ne répondait plus à aucune distinction effective entre mâle et femelle.• On appelle genre ce qui distingue un nom d'avec un autre, conformément à la différence que la nature a mise entre les deux sexes ; ainsi, selon cette idée, nous avons deux genres en grammaire : le masculin, comme quand nous disons le soleil ; et le féminin, comme quand nous disons la lune, D'OLIVET Ess. gramm. ch. I, § 1.Genre commun, se dit quelquefois du genre des mots qui ont une même terminaison pour le masculin et le féminin. Poëte est un substantif du genre commun ; sage est adjectif du genre commun.Adjectif des deux genres, adjectif qui n'a qu'une seule terminaison pour le masculin et le féminin.Fig. On ne sait de quel genre il est, s'il est mâle ou femelle, se dit d'un homme très caché, dont on ne connaît pas les sentiments.10° Dans le langage ordinaire, le genre nerveux, l'ensemble des nerfs, la sensibilité physique.XVe s.• Et si notre foi n'eust esté si fort confirmée au humain genre.... elle eust branlé et croulé, FROISS. II, III, 27.• Esmerillons, huas, cercelles, Et maint autre gendre d'oyseaulx, E. DESCH. Poésies mss. f° 488.XVIe s.• Tout bien vient de feminin gerre ; Comment nacquistes - vous ? tous nuds, Ainsi que povres vers de terre, J. MAROT V, 304.• Le salut du genre humain, MONT. I, 377.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.