- galimatias
- (ga-li-ma-tiâ ; l's se lie : un gali-ma-tiâ-z infernal ; <
s. m. 1° Discours embrouillé, confus, obscur.• Faute d'art et de méthode, des vérités extrêmement hautes sont peu heureusement expliquées ; les oracles deviennent galimatias par la mauvaise disposition de l'organe qui les rend, BALZ. Socr. chrét. Disc. 10.• Rien n'est si voisin du haut style que le galimatias, BALZ. ib..• Il parle et écrit galimatias en perfection, BALZ. Lett. à Conrart, 28 av. 1653.• Comme on n'y voit goutte et que tout ce qu'on dit là-dessus ne signifie rien, j'ai mieux aimé biaiser un peu en cet endroit, que de débiter du galimatias, CASSANDRE Trad. de la rhét. d'Aristote, note 8 du livre II..• Le cardinal, après une douzaine de galimatias qui se contredisaient les uns les autres, conclut à se donner encore du temps jusqu'au lendemain, RETZ II, 126.• Et votre galimatias ne m'a pas tantôt ébloui, MOL. G. Dandin, II, 2.• Mon Dieu, prince, je ne donne point dans tous ces galimatias où donnent la plupart des femmes, MOL. Am. magn. I, 1.• Je n'ai point pris le style poétique, en cherchant le sublime ; je ne suis point tombé dans le galimatias, FÉN. Dial. des morts anc. (Platon, Aristote)..• Plutarque se moque quand il dit que les oracles se rendirent en prose, parce qu'on y demanda plus de clarté et qu'on se désabusa du galimatias mystérieux des vers, FONTEN. Oracl. II, 5.• Elle [Mme Guyon] aimait Dieu et le galimatias si cordialement qu'elle fut quatre fois en prison pour sa tendresse ; traitement rigoureux et injuste, VOLT. Dict. phil. Amour de Dieu..• Catherine II me mandait il n'y a pas longtemps qu'il fallait qu'il y eût deux langages en France, celui des beaux esprits et le mien, mais qu'elle n'entendait rien au galimatias du premier...., VOLT. Lett. Delisle, 18 avril 1774.• L'abbé de Voisenon, poëte quelquefois agréable, mais souvent précieux et inintelligible, s'est surpassé cette fois-ci [dans un discours au roi de Danemark] en galimatias, et ses plus chers partisans ne peuvent se dispenser de le reconnaître, BACHAUMONT Mém. secrets, t. IV, p. 160.Galimatias double, galimatias inintelligible et à celui qui le fait et à celui qui l'écoute. Cette expression est attribuée à Boileau, qui distinguait le galimatias simple qui n'est pas compris des auditeurs du galimatias double où l'auteur ne se comprend pas lui-même.Adjectivement.• De tous côtés je n'entendis rien que des vanteries, des fadaises et des contes faits mai à propos, avec un langage le plus galimatias et une prononciation la plus mauvaise que l'on se puisse figurer, Francion, liv. VI, p. 225.• Si cette fin vous paraît un peu galimatias, SÉV. 45.2° Imbroglio.• .... Ma foi, je ne sais pas Quand on verra finir ce galimatias, MOL. Sgan. 22.• qui songe à votre argent, dont vous me faites un galimatias ?, MOL. Avare, v, 5.GALIMATIAS, PHÉBUS. Le galimatias n'est pas nécessairement du phébus ; et le phébus n'est pas nécessairement du galimatias. Le galimatias implique toujours quelque chose de confus et qui ne se comprend pas. Le phébus implique quelque chose de dit avec une emphase déplacée, et de grands mots où il n'en faudrait que de simples.Faut-il le rattacher au bas-latin ballimatia (DU CANGE, ballare), qui signifiait cymbales ; vallematia, dans les gloses d'Isidore, chants et plaisanteries déshonnêtes ; du bas-grec, qui signifiait danse ? On a dit que galimatias venait de ce qu'un avocat, plaidant en latin pour Mathias, dans une affaire où il s'agissait d'un coq, s'embrouilla au point de dire galli Mathias au lieu de Gallus Mathiae ; mais l'anecdote a été inventée pour fournir l'étymologie.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREGALIMATIAS. - ÉTYM. Ajoutez : M. Darmesteter, Formation des mots composés en français, p. 113, donne une explication qui semble plus plausible que ce qu'on a proposé. Suivant lui, la forme picarde carimafliache ou carimafiache, qui, traduisant le français galimafrée, a le sens propre de galimafrée et le sens figuré de ramassis de sottises, discours incohérents, sans suite, suppose une forme française correspondante carimafias ou galimafias ; galimatias ne serait autre chose que le figuré de galimafrée. Cependant cela n'est pas démonstratif.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.