- fromage
- (fro-ma-j') s. m.1° Substance alimentaire préparée avec la crème ou le caséum du lait, et plus ordinairement avec ces deux matières unies en différentes proportions.2° Masse de fromage en pain. Fromage de Chester, de Gruyère. Fromage blanc. Fromage mou. Ce fromage est d'une pâte fine.• Maître corbeau sur un arbre perché Tenait en son bec un fromage, LA FONT. Fabl. I, 2.• Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute ; Cette leçon vaut bien un fromage sans doute, LA FONT. ib..• Conduire leurs brebis, les tondre, traire leur lait et faire des fromages, FÉN. Tél. II.• Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un oeil, BRILLAT-SAVARIN Physiol. du goût, aphor. XIV.Familièrement. Entre la poire et le fromage, c'est-à-dire au dessert, lorsque la gaieté excitée par la bonne chère fait parler librement. Entre la poire et le fromage il nous conta son aventure.Fig. Laisser aller le chat au fromage, voy. chat.Faire des fromages, se dit familièrement d'un jeu des petites filles qui, tournant rapidement sur elles-mêmes, se baissent tout à coup, si bien que le jupon se gonfle et présente une forme ronde, comme celle d'un fromage.Fig. et populairement. Manger du fromage, être mécontent. Le duc de Parme [Cambacérès] déménage ; Plus d'hôtel, plus de courtisan ; Monseigneur mange du fromage, Mais ce n'est plus du parmesan, Épigr. faite en 1814 contre Cambacérès.3° Fromage à la crème, celui qui est fait avec du bon lait auquel on ajoute de la crème.• Elle était plus blanche que ces fromages à la crème qui commencèrent mon malheur, VOLT. Zadig, 17.Fromage à la glace, fromage glacé, mets composé de crème, de sucre, etc. et frappé de glace.4° Par extension. Fromage de cochon, hachis de charcuterie.Fromage d'Italie, foie de veau ou de cochon, haché et pilé avec du lard et de la panne.5° Fromage des arbres, espèce de champignon blanc.PROVERBESFromage, poire et pain, repas de vilain.XIIIe s.• Et ensi comme il entra en la salle à Paris, il fu appareilliés qui le fieri d'un froumage enfissielé [dans son moule] enmi le visage, Chr. de Rains, 192.• De fromaches vit un millier Qu'en avoit fet asoleillier, Ren. 7211.• Li morsiax qui fu en l'enging, Fu de fromage de gaain [d'automne, gaain signifiant regain, seconde coupe de foin], Et li laz estoit estenduz Par dessus deus paissons fenduz, ib. 18378.• [Ils] Ne menjuent fromages mos [mou], ib. 1011.XVe s.• Le comte de Flandre qui sçut les nouvelles des laits et des frommages qui alloient à Gand...., FROISS. II, II, 148.• Après la char vient le fromage, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 197.XVIe s.• Une rape à raper du fromage, AMYOT Dion, 73.• Y a aussi des montaignes fertiles en fourmages de vache, O. DE SERRES 286.• Tout fromage est bien sain qui vient de chiche main [c'est-à-dire il ne faut pas, pour la santé, manger beaucoup de fromage], H. EST. Précell. du lang. françois, p. 170.• Fromage et melon, au poids les prend on, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 197.• Fromage et pain est medecine au sain, LEROUX DE LINCY ib..• Qui a fromage pour tous mets peut bien tailler bien espez, ID. ib. p. 198.Picard, formage ; bourguign. formaige ; provenç. formatge, fromage ; ital. formaggio ; du bas-latin formaticum, dérivé de formare, former : ce à quoi on a donné une forme, le fromage se faisant dans des formes d'osier.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFROMAGE. Ajoutez :6° Fromage végétal, substance alimentaire qui se prépare en Chine avec la pulpe du dolic pourpre du Japon ; on broie les graines de cette plante, on tamise, et on humecte avec le jus de la tige, qui ne tarde pas à fermenter et à cailler à la façon du lait.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.