- frire
- (fri-r'), je fris, tu fris, il frit ; point de pluriel ; je frirai, tu friras, il frira, nous frirons, vous frirez, ils friront ; je frirais, tu frirais, il frirait, nous fririons, vous fririez, ils friraient ; à l'impératif, fris ; au participe, frit, frite ; on supplée les autres formes au moyen des temps du verbe faire et de l'infinitif frire : nous faisons frire ; que je fasse frire, que je fisse frire, etc. v. a.1° Mettre du beurre, de l'huile, ou de la graisse dans une poêle, faire bien chauffer et faire cuire dedans. Frire des côtelettes, des soles.• Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur.... Dès ce soir on vous fera frire, LA FONT. Fabl. V, 3.Familièrement. Il n'y a rien à frire, il n'y a pas de quoi frire dans cette maison, c'est-à-dire il ne s'y trouve rien à manger.• Tout se mit à brouter les bois du voisinage ; La pitance du cerf en déchut de beaucoup ; Il ne trouva plus rien à frire, LA FONT. Fabl. XII, 6.Dans le sens contraire : voilà de quoi frire, c'est-à-dire voilà de quoi manger.• Devers le soir soûl il était, Revenait au logis de Tyrrhe, Pour y chercher encore à frire, SCARR. Virg. VII.Fig. N'avoir plus de quoi frire, n'avoir plus de bien, de ressource.Fig. Il n'y a rien à frire dans cette affaire, elle n'offre aucun profit à faire.2° V. n. Se cuire dans la poêle. Une sole qui frit. Le beurre frit dans la poêle.3° Se frire, v. réfl. Être frit. Le poisson se frit, vous allez déjeuner.PROVERBE Ris, Jean, on te frit des oeufs, se dit pour se moquer d'un niais qui rit sans sujet.-REM. On ne voit pas vraiment pourquoi ce verbe est défectif et ne se conjugue pas comme rire : nous frions, vous friez ; je friais ; que je frie ; que je frisse ; friant.XIIe s.• Moult saurai bien un mengier conraer [préparer], Frire un poisson, et un oisel torner, Bat. d'Aleschans, v. 3577.XIIIe s.• Li lechierres fremist et art, Et tot se frit de lecherie, Mais n'en touche une seule mie, Ren. 7297.• Et sachés que du regarder Feras ton cuer frire et larder, Et tout adès en regardant Aviveras le feu ardant, la Rose, 2356.• Et il despendoit volentiers, Et tous jors ert en ribaudie, Tretout frioit de lecherie, ib. 14730.• Tos trembla dusqu'en terre, quant prist son gonfanon, Trestos li sans li frit del chief dusqu'au talon, Ch. d'Ant. II, 608.XIVe s.• Quant il advient qu'ils vivent longuement en telle esperance et n'en pevent venir à chief, ains meurent en celle folle bée où ils frisent et ardent tous en tel convoiteux espoir, Ménagier, I, 3.• Aiez du percil et frisiez en beurre, ib. II, 5.• L'on n'eust pas frist cinq oeufs que l'on vit...., Girart de Ross. v. 4843.XVe s.• Loin de chault feu je ne cesse de frire, CH. D'ORL. Ball. (Simonet Caillau), 115.• Ce seroit trop vilaine perte, Et l'oust [armée] des François seroit frit, Myst. du siége d'Orléans, p. 481.• Medesins et ciurgiens M'ont eu long-temps en leur liens ; Maintenant, quant je n'ai que frire, Que riens n'a en ma tirelire, Par m'ame ils n'ont cure de moi, Mir. de St Genev.• Tant est on franc que tout se frit, VILLON Ball..XVIe s.• Avoir de quoy frire, MONT. I, 98.• Ce n'est pas pour vous que l'on frit ces oeufs, TAHUREAU Dial. p. 25, dans LACURNE.Provenç. frire et fregir ; catal. fregir ; espagn. freir ; portug. frigir ; ital. friggere ; du latin frigere ( le 1er e prend un accent bref), frire, qui se rattache aux mots grecs traduit par sécher et rôtissoire, radical sanscrit bhrij ( i avec un accent bref), cuire, frire, le même que bhraj ( a avec un accent long), brûler, briller. On voit par l'historique comment frire a pu donner à son participe le sens de friand (voy. friand).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.