- famine
- (fa-mi-n') s. f.1° Manque d'aliments, dans une ville, dans une province, etc.• Il y eut disette, après vint la famine, VAUGEL. Q. C. X, 8.• On venait de toutes les provinces en Égypte pour acheter de quoi vivre, pour trouver quelque soulagement dans la rigueur de cette famine, SACI Bible, Gen. XLI, 57.• On verra par quels soins ta sage prévoyance Au fort de la famine entretint l'abondance, BOILEAU Épît. I.• Bientôt le riche même, après de vains efforts, Éprouva la famine au milieu des trésors, VOLT. Henr. X..• La famine vainquit enfin le courage des Rochelois ; et, après une année entière d'un siége où ils se soutinrent par eux-mêmes, ils furent obligés de se rendre, VOLT. Moeurs, 176.Pacte de famine, conspiration tramée entre des gens riches et puissants, sous Louis XV, pour opérer des disettes factices.2° Il se prend quelquefois pour manque d'aliments, même en parlant d'un seul individu.• Pressé par la famine, le loup brave le danger, BUFF. Loup..Crier famine, se plaindre du manque où l'on est.• Elle [la cigale] alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, LA FONT. Fabl. I, 1.Crier famine sur un tas de blé, se dit des avares qui, tout en regorgeant, se plaignent de leur misère, et de ceux qui se plaignent sans raison.• Fi, que cela est mal de crier famine sur un tas de blé !, VOLT. Lett. la Houlière, 22 oct. 1770.Il se dit aussi des personnes qui se plaignent de manquer de certaines choses essentielles, tout en regorgeant d'autres.• Je conclus aujourd'hui toutes mes affaires ; si vous n'aviez du blé, je vous offrirais du mien : j'en ai vingt mille boisseaux à vendre, je crie famine sur un tas de blé, SÉV. 21 oct. 1673.Prendre une place par famine, se dit d'une place bloquée qui finit par se rendre faute de vivres.Fig. Prendre quelqu'un par famine ou par la famine, lui retrancher le nécessaire, lui refuser de l'argent pour l'amener à composition.DISETTE, FAMINE. Quand la famine règne, on meurt de faim ; quand la disette règne, on a de la peine à se procurer les aliments. La disette est moins grave que la famine : disette, rareté d'aliments ; famine, absence d'aliments.XIIe s.• Puis il [Joseph] fu en Egipte asez plus qu'enperere, E guardi ses parens de la famine amere, Th. le mart. 65.• Une famine avint al tens David, et durad treis ans, Rois, p. 201.XIIIe s.• En Egypte fist Dieux famine por Pharaon chastier, Psautier, f° 126.XIVe s.• On ne fu pas sachans Que la ville deüst estre prise en deux ans, Se ne fust par famine ou par engins getans, Guesclin. 8244.XVIe s.• Les Anglois incommodoient extremement Paris qui commençoit à crier famine, Mém. s. du G. ch. 8.• Le long jeuner de tel façons les mine, Qu'à la parfin tomboient morts de famine, MAROT IV, 28.Bourguig. fameigne ; nivernais, faimène ; picard, fameine ; provenç. famina ; du lat. fictif famina, dérivé de fames, faim.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREFAMINE. Ajoutez :3°• Nom, dans la Seine-Inférieure, d'une plante qui envahit les blés d'hiver, surtout dans les années humides (alopecurus agrestis), les Primes d'honneur, Paris, 1869, p. 12.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.