- enflammer
- (an-fla-mé) v. a.1° Mettre en feu, en flammes. Il ne faut souvent qu'une étincelle pour tout enflammer.• Ah ! quels coups de tonnerre Ont enflammé le ciel et font trembler la terre !, VOLT. Sémiram. V, 5.2° Fig. Exciter comme une flamme dans le coeur, dans l'âme.• L'homme est ainsi bâti : quand un sujet l'enflamme, L'impossibilité disparaît à son âme, LA FONT. Fabl. VIII, 25.• Je sais combien est pur le zèle qui t'enflamme, RAC. Esth. II, 5.• Du zèle qui pour toi l'enflamme et le dévore, RAC. ib. Prol..• Surtout de mon aïeul et l'exemple et la gloire M'enflamme à tout moment et remplit ma mémoire, CAMPISTRON Andronic. I, 8.• Cette âme qu'enflammait un courage intrépide, VOLT. Tancr. v, 6.• Le courroux qui l'aigrit, le poison qui l'enflamme, VOLT. Brut. I, 4.• J'enflammerai son jeune coeur de tous les sentiments d'amitié, de générosité, de reconnaissance que j'ai déjà fait naître et qui sont si doux à nourrir, J. J. ROUSS. Ém. IV.• Aristote éclairait son esprit, Platon enflammait son âme, BARTHÉL. Anacharsis, ch. 26.• Des fureurs du désir son sang est allumé, La couronne l'enflamme et le charme est formé, DUCIS Macbeth, III, 3.Il se dit aussi des passions qui brûlent et emportent.• L'opiniâtreté des habitants enflamma sa colère, VAUGEL. Q. C. l. VII, dans RICHELET.• Ah ! que vous enflammez mon désir curieux !, RAC. Ésth. II, 7.3° Faire naître la passion de l'amour. Un doux regard a suffi pour l'enflammer.• Non, ce n'est ni par choix ni par raison d'aimer Qu'en voyant ce qui plaît on se laisse enflammer, TH. CORN. Ariane, I, 1.4° Terme de médecine. Causer l'inflammation. Une piqûre lui enflamma le doigt. L'arsenic enflamme l'estomac.Fig. Les veilles enflamment le sang.5° S'enflammer, v. réfl. Prendre feu. Ce bois s'enflamme facilement.Fig.• Que la guerre s'enflamme et jamais ne finisse, S'il faut, avec la paix, recevoir Polynice, RAC. Théb. IV, 1.6° Se passionner, s'animer, s'emporter. Cet homme s'enflamme facilement.• Ils s'enflamment de l'amour de la gloire, FÉN. Tél. XIV.• Fiesque aisément s'enflamme aux merveilles des arts, ANCELOT Fiesque, III, 3.Il se dit aussi de passions qui éclatent dans les yeux, dans le sang, etc.• Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de colère, CORN. Cinna, I, 3.• Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme, RAC. Esth. III, 4.7° Être saisi du sentiment de l'amour.• C'est le sort de mon sang de s'enflammer pour vous, QUINAULT Thés. V, 5.8° Terme de médecine. Prendre les caractères de l'inflammation. Le poumon s'enflamma.XIIe s.• Kar enflammez est li miens cuers, Liber psalm. p. 97.• Ses blanches mains, ses doigts lons et tretis, Qui font l'amor enflamer et esprendre, Couci, v.• Quant veit li reis Henris que veincre nel purra, Mult durement vers lui en ire s'enflamba, Th. le mart. 28.XIIIe s.• Lors envoias tu à la table La toe [ta] grace esperitable Dou Saint Esperit enflamée, Que tant fu joïe et amée, RUTEB. II, 22.XVe s.• Moyses sy vit un buisson Tout enframbé sans nulle arsure, Mart. de St Ét..• Ce fut une chose qui moult enflamma ceux de Gand, FROISS. I, I, 245.• Grands et puissans royaumes, qui peu auparavant estoient si enflambez l'un contre l'autre, et tant empeschez à se tourmenter, COMM. VIII, 17.XVIe s.• Luy seul estoit cause de tous ces maulx, ayant allumé et enflammé ceste guerre, AMYOT Agésil. 50.• Vostre coeur soit à present destourné et aliené de nous, j'adjouste mesme enflambé ; toutesfois...., CALV. Inst. Dédic..Picard, enflamber ; provenç. enflamar ; espagn. inflamar ; ital. infiammare ; du lat. inflammare, de in, en, et flamma, flamme. Enflamber est le même mot, avec l'interposition d'un b appelé par m.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.