- enchantement
- (an-chan-te-man) s. m.1° Action d'enchanter. Les enchantements de Médée.• Mademoiselle, il n'y eut jamais de si beaux enchantements que les vôtres ; et tous les magiciens qui se sont servis d'images de cire n'en ont point fait de si étranges effets que vous, VOIT. Lett. 11.• Dans le sein de la mort ses noirs enchantements Vont troubler le repos des ombres, J. B. ROUSS. Cantate, Circé..Effet produit par cette action. Rompre un enchantement.• Pour moi je ne crois pas que, sans enchantement, On puisse aller plus loin et plus légèrement, MAIRET Sophon. IV, 5.• Qui ne prendrait ceci pour un enchantement ?, LA FONT. Fabl. 11, 1.• Il se croit être en un enchantement, LA FONT. Magn..• Ils se mirent en chemin, tels à peu près qu'Amadis ou don Galaor, après avoir reçu l'accolade et l'ordre de chevalerie, cherchant les aventures et courant après l'amour, la guerre et les enchantements, HAMILT. Gramm. 4.Par exagération. Cet édifice s'est trouvé bâti comme par enchantement.2° Chose merveilleuse, qui surprend. C'était une succession d'enchantements.• Il faut avouer que c'est une personne toute pleine d'enchantements, VOIT. Lett. 49.• Il fallait appeler tous les enchantements de l'imagination et tous les intérêts du coeur au secours de cette même religion contre laquelle on les avait armés, CHATEAUBR. Génie, I, I, 1.3° Ce qui captive le coeur et les sens. Les enchantements de la poésie.• Les pavots que le Sommeil répand sur la terre, apaisent tous les noirs soucis par leurs charmes, et tiennent la nature dans un doux enchantement ; chacun s'endort sans prévoir les peines du lendemain, FÉN. Tél. XII.• La première illusion qui nous y [dans le monde] promet des enchantements et une félicité imaginaire, MASS. Car. Resp. hum..• Quel est donc l'incroyable enchantement de l'homme de vouloir périr malgré ses remords ?, MASS. Panég. St Benoît..• Eh ! messieurs, sans cette innocente erreur de l'écrivain, sans cet enchantement que lui donnaient à lui-même ses propres idées, comment voulez-vous qu'il ait le droit d'agir sur l'esprit des autres ?, VILLEMAIN Littér. fr. XVIIIe siècle, 2e part. 1re leçon.• L'étude des fleurs est pleine d'enchantements, AIMÉ MARTIN dans le Dict. de POITEVIN.4° Satisfaction, joie vive. Cette nouvelle l'a mis dans l'enchantement.XIIe s.• Le contrester à Deu est cume li peechiez d'enchantement, ki est par diable, Rois, p. 56.• E creid [et il crut] en sorceries e en enchantemenz, ib. 420.XIIIe s.• Dont [ils] sorent bien que fol estoient Quant il criement [craignent] encantement, Fl. et Bl. v. 844.• Morganz la fee correça [courrouça] la boenne reïne Guenievre par ses anchantemenz d'un suen ami qu'ele tint longuement en sa prison, Merlin, f° 66, verso.XVe s.• Il [Charles de Sicile Duras] nous a fait la guerre et nous prit au chastel de l'Oeuf par enchantement [Discours de Jeanne de Naples au pape Clément], FROISS. II, II, 50.XVIe s.• Pourtant elle ne porta rien avec elle en quoy elle eust tant d'esperance, comme en soy mesme et aux enchantemens de sa beauté et bonne grace, AMYOT Anton. XXXI.Provenç. encantamen ; catal. encantament ; espagn. encantamiento ; du latin incantamentum, d'incantare, enchanter.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.