- damné
- damné, ée(dâ-né, née) part. passé.Qui est frappé des peines de l'enfer.• Ces théologiens se voient contraints par leurs principes erronés à reconnaître d'un côté que les fidèles ainsi plongés dans le crime seraient damnés s'ils mouraient alors ; et de l'autre, qu'ils ne déchéent pas de l'état de la justification, BOSSUET Var. XIV, § 60.• Il faut que je vous reprenne l'âme damnée de la Voisin [célèbre empoisonneuse] ; on assure au contraire que son confesseur a dit qu'elle avait prononcé Jésus Maria au milieu du feu ; c'est peut-être une sainte, SÉV. Lett. 6 mars 1680.Familièrement. C'est son âme damnée, se dit d'une personne aveuglément dévouée aux sentiments, aux volontés d'une autre.• Ils [les Chavigny] devinrent les instruments de l'abbé Dubois, puis ses confidents et ce que, en langage commun, on appellerait ses âmes damnées, SAINT-SIMON 260, 234.Familièrement, et comme expression d'impatience, de mécontentement. Cette damnée affaire.• Je me trouvai hier chez Mlle Stwart, après l'audience de ces damnés moscovites, HAMILT. Gramm. 8.• Il faut que ce damné cerf nous ait fait faire un chemin..., COLLÉ Part. de chasse de Henri IV, II, 6.Substantivement, les démons et ceux des hommes qui ont mérité les peines éternelles.• C'est par ce sentiment [désir de fuir Dieu qu'on a offensé] que les damnés se précipiteront eux-mêmes dans l'enfer, comme au lieu le plus ténébreux, le plus éloigné de Dieu, et où ils seront moins percés des rayons pénétrants de sa justice, NICOLE Ess. mor. 2e traité, chap. 10.• Byron, viens en tirer [de ta lyre] des torrents d'harmonie ; C'est pour la vérité que Dieu fit le génie ; Jette un cri vers le ciel, ô chantre des enfers ; Le ciel même aux damnés enviera tes concerts, LAMART. Méd. I, 2.Souffrir comme un damné, ou comme une âme damnée, souffrir d'une manière excessive, horrible.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREDAMNÉ.2° Damné comme la poule à Simon, locution vulgaire qui se dit de personnes que leur mauvaise conduite menace de la damnation.• ... Et qui seront damnés comme la poule à Simon, pour avoir plus songé aux revenus de l'Église et aux petites vierges folles qu'aux béatitudes célestes, Lett. du P. Duchêne, 34e lettre, p. 6.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.