- née
- né, née1° Qui est venu au monde. Les enfants nés en ce jour.2° Bien né, né d'une famille honnête, honorable.Né ce que..., qui est d'une certaine extraction.• Étant né ce qu'il est, souffrir un tel outrage !, CORN. Cid, II, 3.• Je ne puis jeter l'oeil sur ce que je suis née, Sans voir que de périls suivront cet hyménée, CORN. Tite et Bér. IV, 1.3° Né à, né pour, qui a des dispositions innées pour.• Tout de bon, il semble qu'elle ait eu celui [l'esprit] de tout le monde, à voir comme elle est née à toute chose, VOIT. Lett. 30.• Les esprits nés à la tyrannie, MALH. II, 1.• Sol génie né pour l'action, BOSSUET le Tellier..• Esprit né pour la cour, et maître en l'art de plaire, Guilleragues, qui sais et parler et te taire, BOILEAU Ép. V.• Peuple lâche en effet et né pour l'esclavage, RAC. Ath. III, 7.• Néron, s'ils en sont crus, n'est point né pour l'empire, RAC. Brit. IV, 1.• Les hommes, nés pour vivre ensemble, sont nés aussi pour se plaire, MONTESQ. Esp. IV, 2.• Tandis qu'elle [la ville de Lille] fut assiégée par le duc de Marlborough, on y joua la comédie tous les jours, et les comédiens y gagnaient cent mille francs ; avouez, sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre, VOLT. Lett. roi de Prusse, 16 nov. 1743.• Il [Charles XII] croyait que tous ses sujets n'étaient nés que pour le suivre à la guerre, et il les avait accoutumés à le croire aussi, VOLT. Charles XII, 8.Fig.• Tu sais bien que mon style est né pour la satire, BOILEAU Ép. VIII.4° Qui tient de sa naissance certaine qualité, dignité, fonction.• Vous êtes né ce que nous tâchons de devenir, BALZ. Liv. IV, lett. 31.• Né ministre du Dieu qu'en ce temple on adore, RAC. Ath. III, 3.• Nés juges de l'État, nés les vengeurs du crime, C'est souffrir trop longtemps la main qui nous opprime, VOLT. M. de Cés. II, 4.• Né dépourvu, dans la foule jeté, VOLT. le Pauvre diable..• Il [Carle Vanloo] ne savait ni lire ni écrire ; il était né peintre, comme on naît apôtre, DIDER. Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 40, dans POUGENS.• Mais pour lui rien n'émeut son âme appesantie ; N'en soyez pas surpris, il est né fatigué, DELILLE Convers. II.Né dans.... né sur.... se dit pour exprimer qu'on possède en naissant telle ou telle chose.• Un homme né dans les richesses, BOSSUET la Vallière..• Cette princesse, née sur le trône, avait l'esprit et le coeur plus haut que sa naissance, BOSSUET Duch. d'Orl..5° Bien né, mal né, qui a apporté en naissant de bonnes, de mauvaises dispositions...• Aux âmes bien nées La valeur n'attend pas le nombre des années, CORN. Cid, II, 2.• Ce prince est trop bien né pour vivre mon sujet, CORN. Nicom. II, 3.• Cette digne vertu de l'âme la mieux née, CORN. Héracl. V, 2.• Qu'ils laissent ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables, PASC. Pens. IX, 1, éd. HAVET..• Jamais un homme n'a été mieux né [que le chevalier de Grignan], ni avec des sentiments plus droits et plus souhaitables, SÉV. 12 févr. 1672.• À tous les coeurs bien nés que la patrie est chère !, VOLT. Tancr. III, 1.• Il choisit Azora, la plus sage et la mieux née de la ville, VOLT. Zadig, 1.Fig.• Sans ce terrible nom mal né pour les oreilles, BOILEAU Ép. IV.6° Fig. Produit, en parlant des choses.• Née [la comédie] vers la cinquantième olympiade, dans les bourgs de l'Attique, assortie aux moeurs grossières des habitants de la campagne, elle n'osait approcher de la capitale, BARTHÉL. Anach. ch. 69.Né de, produit par, issu de.• Goûtez des jours sereins, nés du sein des orages, VOLT. Mérope, I, 1.• Un feu né d'un instant qu'un autre instant détruit, VOLT. Tancr. I, 2.7° Né se joint par un trait d'union à quelques adjectifs pour signifier que la qualité exprimée est de naissance. Aveugle-né.Mort-né, mort-née, mort avant que de naître. Enfant mort-né. Une fille mort-née.Fig. en parlant des ouvrages d'esprit, des lois, etc. qui n'ont aucun succès, aucune efficacité. Une tragédie mort-née.• Louis XIV fut poussé à remettre en vigueur l'édit mort-né de Henri IV [sur les bâtards], SAINT-SIMON 263, 12.Au plur. Des mort-nés, suivant l'Académie. Laveaux veut qu'on écrive morts-nés, disant qu'il s'agit d'enfants nés morts ; mais, comme l'usage a prévalu de dire au féminin mort-née, il faut considérer ici mort comme un préfixe invariableNouveau-né, ée, qui est né depuis peu de temps, qui vient de naître (dans cette locution, nouveau est adverbe et invariable). Un enfant nouveau-né. Une fille nouveau-née.• Chez un tailleur, mon pauvre et vieux grand-père, Moi nouveau-né, sachez ce qui m'advint, BÉRANG. Le tailleur et la fée..Fig. En parlant des choses qui viennent de naître.• Philaminte : à notre impatience offrez votre épigramme. - Trissotin : Hélas ! c'est un enfant tout nouveau-né, madame, MOL. Femm. sav. III, 1.• Dès le temps nouveau-né, quand la Toute-Puissance D'un mot forma le ciel, l'air, la terre et les lots, BOILEAU Sat. XII.• Où Cologne et Strasbourg, Notre-Dame et Saint-Pierre, S'agenouillant au loin dans leurs robes de pierre, Sur l'orgue universel des peuples prosternés Entonnaient l'hosanna des siècles nouveau-nés, A. DE MUSSET Rolla..S. m. Un nouveau-né.• Enfin l'ange de mort fond sur les nouveau-nés ; Tous dans la même nuit meurent exterminés, DELILLE Parad. perdu, XII.Au plur. Des nouveau-nés. Des enfants nouveau-nés.Premier-né (ici premier et adjectif et s'accorde ; mais dans l'usage il n'y a point de féminin, et l'on ne trouve ni ne dit une première-née), le premier enfant mâle. Les enfants premiers-nés.S. m. Un premier-né. J'ai perdu mon premier-né.• Sur le milieu de la nuit, le Seigneur frappa tous les premiers-nés de l'Égypte, SACI Bible, Exode, XII, 29.Il se dit aussi, en parlant des animaux. Les premiers-nés des animaux étaient offerts à Dieu.Fig.• Dans le royaume de Jésus-Christ la prééminence appartient aux pauvres, qui sont les premiers-nés de l'Église et ses véritables enfants, BOSSUET Sermons, Septuag. préambule..Dernier-né, enfant mâle né le dernier de tous.• Dernier-né des enfants du triste Ochosias, Nourri, vous le savez, sous le nom de Joas, RAC. Ath. IV, 3.S. m. Elle a voulu être la nourrice de son dernier-né.Au plur. Derniers-nés.8° Né se joint par un trait d'union à certains noms qu'il qualifie, pour exprimer que la qualification dont il s'agit est attachée comme par droit de naissance. Légat-né. Président-né.• Les princes du sang, magistrats-nés dans cette affaire, BOSSUET Var. X.• Il [Romulus] fut reconnu en même temps pour le chef de la religion, le souverain magistrat de la ville, et le général-né de l'État, VERTOT Révol. rom. I, 18.• Les rois sont les juges-nés de leurs peuples, J. J. ROUSS. Pologne, VIII.Fig. Il se dit de tout ce que l'on compare à une condition de naissance.• Dès que l'impression fait éclore un poëte, Il est esclave-né de quiconque l'achète, BOILEAU Sat. IX..• Les veuves et les orphelins étaient les clients-nés de l'évêque, NAUDET Instit. Mém. inscr. et belles-lettres, t. VIII, p. 547.Il est l'ennemi-né de..., c'est-à-dire il a une tendance naturelle à combattre....Il est le protecteur-né des sciences et des arts, signifie qu'en toute occasion il les protége, ou que, par sa position, il a le devoir de les protéger.Le trait d'union ne se met pas quand né est séparé de son nom par quelque mot interposé.• L'archevêque de Paris et l'abbé de Cluny étaient conseillers d'honneur nés du parlement de Paris, Dict. de l'Acad..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.