- cuisine
- (kui-zi-n') s. f.1° Pièce d'une maison, où l'on fait cuire les mets. Portez ces provisions à la cuisine. Ustensile de cuisine. Chef, garçon, aide de cuisine.Fonder la cuisine, pourvoir à la subsistance. Dans un nouveau ménage, il faut commencer par fonder la cuisine.• Si c'est sur mon bien seul qu'il fonde sa cuisine, Je t'assure déjà qu'il mourra de famine, Et qu'il n'aura pas lieu de rire à mes dépens, REGNARD Légat. III, 3.Se ruer en cuisine, manger avidement beaucoup ; et fig. dépenser beaucoup pour la bonne chère.Fig. La cuisine est bien froide, n'est guère échauffée dans cette maison, on y fait maigre chère.• La beauté, les attraits, l'esprit, la bonne mine Échauffent bien le coeur, mais non pas la cuisine, CORN. Mélite, I, 1.• Dans sa retraite où le pauvre homme n'eut Pour le servir qu'une vieille édentée, Cuisine froide et fort peu fréquentée, LA FONT. Faucon..• J'étais assis près d'un maître cafard, Lequel me dit : Vous avez bien la mine D'aller un jour échauffer la cuisine De Lucifer ; et moi, prédestiné, Je rirai bien quand vous serez damné, VOLT. Défense du mondain..Faire aller, faire rouler la cuisine, avoir soin de ce qui regarde la dépense ordinaire de la table.Familièrement. Du latin de cuisine, du latin mauvais et plat tel que le faisaient les cuisinières et les marmitons dans les anciens colléges, où c'était la règle que tout le monde parlât latin.Cuisine-bouche, cuisine où l'on apprête les mets qui doivent être servis au roi.Cuisine-poêle, ustensile propre à chauffer les appartements et à faire cuire les mets.2° Le personnel de la cuisine. Il a laissé sa cuisine à Paris.3° L'ordinaire d'une maison, la chère qu'on y fait. Faire maigre cuisine.• Jamais idole, quel qu'il fût, N'avait eu cuisine aussi grasse, LA FONT. Fabl. IV, 8.• Qui vous a pu plonger en cette humeur chagrine ? , A-, t-on par quelque édit réformé la cuisine ?, BOILEAU Sat. III.Faire la cuisine, apprêter à manger.• Au noble hôtel de la Vermine, On est logé très proprement : Rivarol y fait la cuisine, Et Chamcenetz l'appartement, BEAUMARCH. Épigr..Flaireur de cuisine, parasite.• Tu viens ici mettre ton nez, Impudent flaireur de cuisine, MOL. Amphit. III, 7.Fig. et familièrement. Être chargé de cuisine, être gras, avoir gros ventre.4° L'art d'apprêter les mets. Savoir la cuisine. La cuisine française. La cuisine anglaise.• Et Malherbe et Balzac, si savants en bons mots, En cuisine peut-être auraient été des sots, MOL. Femm. sav. II, 8.• Qu'importe qu'elle manque aux lois de Vaugelas, Pourvu qu'à la cuisine elle ne manque pas, MOL. ib. II, 7.• Enfin son goût pour cette nation [Anglais] était si décidé qu'il en préférait même la cuisine à la nôtre trop justement célèbre dans toute l'Europe, D'ALEMB. Éloges, Milord Maréchal..5° Fig. et familièrement, cuisine se dit quelquefois des préparatifs et tripotages pour les affaires. La cuisine politique. La cuisine électorale.6° Boîte longue à différents compartiments, où l'on mettait divers ingrédients propres pour les ragoûts.7° Terme de marine. Caisse de tôle, divisée en plusieurs parties, pour mettre les chaudières, casseroles, etc.XIIe s.• Par devers la quisine sunt entré el vergier, Th. le mart. 144.• E à sa quesine furent asis, chascun jur, dis bues gras de guarde e vint ki veneient de la cumune pasture, Rois, 239.XIIIe s.• Si prist la reube à un garchon et se mist en la quisine à tourner les capons, Chr. de Rains, p. 46.• Chacun jor jusqu'à quaroime, cosine à huile, et à chacun un haran, DU CANGE coquina..• Que touz ceulz qui voudront tenir estal ou fenestre à vendre cuisine, sachent appareillier toute maniere de viandes conmunes et prouffitables au peuple, Liv. des mét. 175.• Et vit la cuisine fumer Où il ot fait feu alumer, Ren. 937.• Vins en pos ou en barix, ou viandes prestes à envoier à la quisine, BEAUMANOIR 33.XIVe s.• Tost et isnelement est en fuite tournés ; En le [la] cuisine vint li cuivers deffaés, Baud. de Seb. VIII, 950.• Vous deux qui avez perdu, paierez chascun un pot de servoise, et nous autres paierons la cuisine et le pain, DU CANGE coquina..XVe s.• Il en est temps, car vo biauté decline, En charité donnez de vo cuisine Aux povres gens, EUST. DESCH. Poésies mss. f° 206, dans LACURNE.XVIe s.• Il y en eust deux qui se lasserent de trotter, pource qu'ils estoient un petit chargés de cuisine [d'embonpoint], DESPER. Contes, XXVIII.• Il leur dist : Seigneurs, la table est mise leens pour nous disner et aisier, et est la cuisine au feu et le vin au celier ; de quoy il nous fauldra boire et mengier, MENARD Hist. de du Guesclin, f° 427, dans LACURNE.• Elle commença à se remuer en cuisine, Nuits de Straparole, t. II, p. 225, dans LACURNE.• Il dit que le premier bastiment d'une maison doit estre la cuisine, c'est à dire le revenu et le fonds pour l'entretenir, DUVERDIER Biblioth. p. 153, dans LACURNE.• Grasse cuisine, maigre testament, COTGRAVE .• De grasse cuisine povreté s'avoisine, COTGRAVE .• Mauvais chien ne veut jamais compaignon en cuisine, COTGRAVE .• Cuisine estroite fait bastir grande maison, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 194.Saintong. cheunne ; wallon, couhène ; namurois, coujène ; rouchi, cuiséne ; bourguig. cusène ; provenç. cozina ; espagn. cocina ; portug. cozinha ; ital. cucina ; du latin coquina, de coquere, cuire (voy. cuire).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECUISINE.5° Fig. Ajoutez :La cuisine d'un journal, opérations qui consistent surtout à disposer matériellement les articles déjà composés typographiquement ; on a un double décimètre divisé en millimètres, afin de mesurer exactement la place à remplir et le nombre de lignes convenable.Cuisine d'un journal, se dit aussi de la récolte des faits divers et des petits entre-filets.• Ses occupations se bornaient à surveiller ce qu'on appelle la cuisine du journal, Gaz. des Trib. 31 mai 1876, p. 522, 2e col..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.