- complexion
- (kon-plè-ksion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.1° Entrelacement, union.• Par ma nature, j'entends la complexion de toutes les choses que Dieu m'a données, DESC. Médit. 6, 10.Terme de philosophie. La complexion des termes est leur étendue, leur généralité.2° Terme de médecine. Ensemble des caractères physiques que présente une personne considérée par rapport à sa santé.• Il faut avoir la complexion sanguine pour rire de ses bons mots, BALZ. liv. VI, lett. 4.• Il s'en voit d'autres qui sont d'une complexion plus heureuse, PASC. Prov. 9.• La galanterie peut être un vice de la complexion, LA BRUY. III.• Il était d'une complexion délicate, BOSSUET Bern. 1.• Les traits découvrent la complexion et les moeurs ; mais la mine désigne les biens de fortune ; le plus ou moins de mille livres de rente se trouve écrit sur les visages, LA BRUY. VI.3° Caractère, humeur.• Ah ! ah ! vous êtes donc de complexion amoureuse, MOL. Pourc. II, 4.• Avant que nous lier, il faut nous mieux connaître ; Et nous pourrions avoir telles complexions Que fous deux du marché nous nous repentirions, MOL. Mis. I, 2.• Le ministre ou le plénipotentiaire est un caméléon, est un protée : semblable quelquefois à un joueur habile, il ne montre ni humeur, ni complexion, LA BRUY. X..• Il y a une dureté de complexion ; il y en a une autre de condition et d'état, LA BRUY. VI.• Vous voyez que l'amour de la retraite et du silence n'est pas commun à tous les dévots, et que, comme je vous le disais, c'est l'effet de leur complexion plutôt que de la piété, PASC. Prov. 9.COMPLEXION, CONSTITUTION, TEMPÉRAMENT. La complexion est l'ensemble des signes extérieurs qui caractérisent la constitution ou le tempérament. La constitution, expression plus spéciale que tempérament, désigne la manière du corps considéré quant à la santé en général, tandis que le tempérament désigne le résultat de la prédominance d'action d'un organe ou d'un système. Une bonne complexion. Une constitution vigoureuse. Un tempérament sanguin, nerveux.XIIIe s.• Cil qui vivent plus, si lor avient par boine complexion qu'il ont, ALEBRANT f° 2.• Tuit ont de lor complexion, Par naturele entencion, Ruile [régie] qui ne faut ne ne ment, la Rose, 19175.• [Les choses] Sunt muables en tant de guises Qu'el puent lor complexions Par diverses digestions Si changier...., ib. 16293.• Se feme se marie à home de froide complexion, Livre de just. 207.• .... Garder diete, Que sa complexion nel mete En maladie...., RUTEB. II, 212.XIVe s.• Il les convient varier selon plusieurs choses qui sont à considerer comme la complexion de la personne, ORESME Eth. 36.• Eustrace respond que telle passion peut estre considérée en tant comme elle vient de nature et de complexion, ORESME ib. 51.• Et c'est assavoir que plusieurs causes sont par quoy un homme peut estre negligent de bien faire : une est la malice de sa complexion qui le rend pesant, ORESME ib. 73.XVe s.• Ce pape estoit de petite complexion, FROISS. II, II, 20.• Comme il soit que quatre elemens Soient avec quatre saisons, Aussi quatre complexions Sont en un corps encorporées, E. DESCH. Poésies mss. f° 434, dans LACURNE.• Ainsi nous tenons [la France] de region chaulde et aussi de la froide, parquoy nous avons gens de deux complexions, COMM. IV, 6.XVIe s.• Quoy qu'il feust de nature debile, et de petite et foible complexion, si ne laissa il pas pourtant d'estre vaillant homme, AMYOT Caton, 42.• Que c'estoit de destin, si les influxions Des astres commandoient à nos complexions, RONS. 663.• Quand par quelque complexion solitaire et melancholique on le verroit adonné d'une application trop indiscrete à l'estude des livres, MONT. I, 181.• On prefere l'art à la nature, l'acquis au naturel, le difficile et estudié à l'aisé, les bouttées et secousses à la complexion et habitude, CHARRON Sagesse, p. 347, dans LACURNE.Provenç. complexio, complicio ; espagn. complexion ; portug. compleicão ; ital. complessione ; du latin complexionem, entrelacement, arrangement, constitution ; de complexus (voy. complexe).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.