- complaire
- (kon-plê-r'), je complais, il complaît ; je complaisais ; je complus ; je complairai ; que je complaise ; que je complusse ; complaisant ; complu, v. n.1° Acquiescer pour plaire, pour faire plaisir. Il ne cherchait qu'à plaire et qu'à complaire.• Moins vous l'aimez, et plus tâchez de lui complaire, RAC. Mithrid. IV, 2.• .... Et sans plus me complaire Vous refusez l'honneur que je voulais vous faire, RAC. ib. IV, 4.• Non que, si jusque-là j'avais pu vous complaire...., RAC. Brit. IV, 2.• Se faire petit pour complaire, s'abaisser, s'effacer devant un supérieur, P. L. COUR. Lett. II.Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.2° Se complaire, v. réfl. Mettre sa jouissance, son plaisir dans une chose toute personnelle. Il se complaît à rendre service. Il se complairait à vous tourmenter.• J'avais prévu ma chute en montant sur le faîte ; Je m'y suis trop complu : mais qui n'a dans la tête Un petit grain d'ambition ?, LA FONT. Fab. X, 10.• Dieu se complaît, ma fille, à voir du haut des cieux Ces grands combats d'un coeur sensible et vertueux, VOLT. Agathocle, II, 1.• Tu te complais peut-être en ta funeste erreur, DELAVIGNE Vêpres sicil. III, 2.Faut-il dire : cette femme s'est complu ou complue à se parer ; ils se sont complu ou complus à vous obliger. L'Académie ne dit rien là-dessus, mais au mot plaire, elle donne, dans des constructions analogues, le participe passé invariable : elle s'est plu à se parer ; ils se sont plu à vous obliger. C'est la règle que donne aussi bien pour complaire que pour plaire Girault-Duvivier dans la Grammaire des grammaires. Cette règle est bonne ; on doit la suivre, interprétant (et c'est l'interprétation la plus naturelle) se complaire par complaire à soi. Mais d'autres grammairiens écrivent : elle s'est complue, ils se sont complus ; et cela aussi ne déroge pas à la grammaire ; seulement l'explication est différente : dans celle-ci on considère complaire comme un verbe neutre construit avec le pronom personnel, tel que se taire, s'écrier, s'enfuir, et, dans l'ancien français, se dormir, se gesir, etc. tous verbes qui sont des verbes réfléchis absolus et dans lesquels le participe passé est variable : ils se sont tus, écriés, enfuis, et dans l'ancien français, ele s'est dormie, etc. De la sorte on peut faire, avec complaire, le participe variable ou invariable suivant le point de vue où l'on se placera, c'est-à-dire suivant qu'on le considérera comme un verbe réfléchi indirect ou comme un verbe réfléchi absolu (voyez, pour la théorie de cette construction du pronom personnel, le verbe APERCEVOIR). Mais l'usage le plus général est de faire complu invariable.COMPLAIRE, PLAIRE. Complaire c'est s'accommoder au sentiment, au goût de quelqu'un, dans la vue de lui être agréable. Plaire c'est effectivement être agréable, BEAUZÉE.XVe s.• Ainz le mentir en pluseurs [j'] apperçoy, Qui aux princes cuident par ce complaire, E. DESCH. Ce qui est nécess. aux rois..• La pluspart des gens taschent à leur complaire [aux princes], COMM. Prol..XVIe s.• Aymant complaire à Dieu par foy et observation de ses sainctz commandements, RAB. Pant. III, 30.• À Vulcan donc son dueil elle declaire, Qui tout subit, pour à Venus complaire...., MAROT I, 390.• Tels complaisoient à ceulx-cy, qui, à ceste venue, les eussent abandonnez, CARL. VIII, 9.• Il souloit louer les medecins qui ne complaisoient jamais aux voulentez et appetits desordonnez de leurs patiens, AMYOT Pompée, 96.• Se complaire oultre mesure de ce qu'on est, en tumber en amour de soy indiscrete, MONT. II, 62.• Que l'ame l'assiste et favorise [le corps] et ne refuse point de participer à ses naturels plaisirs, et de s'y complaire conjugalement, MONT. IV, 300.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.