- comparer
- (kon-pa-ré) v. a.1° Examiner simultanément les ressemblances ou les différences.• Mais cette indifférence est une aversion, Lorsque je la compare avec ma passion, CORN. Rod. I, 7.• Et vous ne comparez votre exil et ma gloire Que pour mieux relever votre injuste victoire, RAC. Iphig. II, 5.• Il faut des châtiments dont l'univers frémisse ; Qu'on tremble en comparant l'offense et le supplice, RAC. Esth. II, 1.• Les vieillards qui avaient vu le premier [temple], fondent en larmes en comparant la pauvreté de ce dernier édifice avec la magnificence de l'autre, BOSSUET Hist. II, 4.• On comparera vos afflictions avec celles de tant d'infortunés qui vous environnent, MASS. Av. Afflict..• Comparez les malheurs passés de l'empire à la tranquillité dont il jouit aujourd'hui, MASS. Car. Mélange..• Après tout, ne comparez plus, si vous le voulez, les dangers infinis que vous trouvez dans le monde, à la sûreté des cloîtres et des déserts ; comparez seulement l'histoire de votre vie avec celle des saints pénitents qui les habitent, les satisfactions que vous devez à Dieu avec celles qu'ils lui doivent eux-mêmes, MASS. ib. Samaritaine..• Que si l'on veut comparer notre procédure à celle des Romains et des autres nations, LAMOIGNON cité par VOLT. S. de L. XV, 42.Terme de procédure. Comparer les écritures, examiner si elles peuvent être de la même main.Absolument. En comparant nous étendons nos idées. Voilà mes raisons, écoutez les leurs et comparez.2° Égaler à. Corneille comparait Lucain à Virgile.3° Terme de littérature. Assimiler. Homère compare Diomède au milieu des Troyens à un lion au milieu d'une bergerie.• L'autre, en vain se lassant à polir une rime.... Dans la fin d'un sonnet te compare au soleil, BOILEAU Disc. au roi..• Ce petit madrigal fut critiqué par quelques seigneurs de la vieille cour, qui dirent qu'autrefois, dans le bon temps, on aurait comparé Bélus au soleil et Formosante à la lune, VOLT. Babyl. I.4° Se comparer, v. réfl. S'assimiler, s'égaler à. Celui qui se compare à plus riche que soi.Être comparé. Rien ne peut se comparer au bonheur d'une conscience tranquille.Cela ne se compare pas, se dit souvent absolument pour signifier qu'une chose est bien supérieure à une autre.COMPARER à, COMPARER AVEC. Comparer à se dit plutôt quand on veut trouver un rapport d'égalité. Comparer avec se dit plutôt quand on confronte, quand on recherche les dissemblances et les ressemblances.XIIIe s.• Cele que j'aim est tant de bonté pleine, Qu'il m'est avis que la doi comperer à l'estoile qu'on claime tremontaine [polaire], Dont la bonté ne puet onques fauser, Hist. littér. t. XXIII, p. 584.• A-il mesaise au monde qu'à la moie compere, Berte, XVIII.• Si auras en cest avantage Amie de si haut parage, Qu'il n'est nule qui s'i compere, la Rose, 5839.XIVe s.• Je puis trop bien ma dame comparer à l'ymage que fist Pymalion ; Qu'adès la prie [je la prie], et rien ne me respont, MACHAULT p. 60.• Et pour ce convient-il que toutes choses de quoy l'en fait commutation [échange] soient comparées aucunement et avaluées l'une à l'autre, ORESME Eth. 151.XVIe s.• Il seroit trop long d'amasser tous les passages pour les comparer l'un à l'autre, CALV. Instit. 569.• Comparant la loy avec l'Evangile, CALV. ib. 595.• Sans se comparer avec les autres, CALV. ib. 617.• Comparez [semblables] sont, et ainsi je l'afferme, à ung beau vin qui n'a goust ne liqueur, J. MAROT V, 291.• Si nous la comparons à l'eternité, MONT. I, 84.• Comparer nos moeurs à un Mahometan, MONT. II, 141.• Les victoires de ces jeux, qui les mettroit toutes ensemble, ne sont pas à comparer à l'une seule de tant de batailles que Pelopidas a combatues et gaignées, AMYOT Pélop. 63.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.