- commère
- (ko-mê-r') s. f.1° Celle qui a tenu un enfant sur les fonts baptismaux, avec un compère ; ce qui crée entre eux une parenté spirituelle.• Il s'avisa de me prier de lui tenir un enfant, et me donna Mme Coccelli pour commère, J.-J. ROUSS. Conf. V.• Quelques-uns osaient douter que le pape pût déposer un roi, pour avoir épousé sa commère ou sa parente au 7e degré, VOLT. Phil. II, 414.2° Terme d'amitié, donné surtout entre voisins et gens qui se voient très souvent. Compères et commères.• Ma commère, quand je danse, Mon cotillon va-t-il bien ?, Vieille chanson.3° Par extension, nom donné aux animaux qui ont de grands rapports entre eux.• Que ferai-je, lui dit-elle [l'ourse], ma bonne commère [la corneille], de ce petit monstre [son petit] ?, FÉN. t. XIX, p. 43.• L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours : Ma commère la carpe y faisait mille tours Avec le brochet son compère, LA FONT. Fabl. VII, 4.4° Emploi de ce terme avec quelques qualités ou défauts considérés surtout comme très habituels et de tous les instants. Une méchante commère. Une bonne commère.Commère dolente, personne qui se plaint toujours.• Et maintenant je suis ma commére dolente, MOL. Sgan. sc. 2.Femme bavarde et médisante. Propos de commère.Par extension. Cet homme est une vraie commère.C'est une bonne commère, une fine commère, une maîtresse commère, c'est une femme de tête qui ne s'intimide pas facilement.• On dit dans le même sens : quelle commère ! Heureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre !, BÉRANG. Mme Grégoire..• Dans le marais entrés, notre bonne commère S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau, LA FONT. Fab. IV, 11.PROVERBE Tout se fait ou tout va par compère et par commère, c'est-à-dire tout se fait par faveur et protection.Commère se dit par rapport à celui qui a tenu l'enfant sur les fonts baptismaux, et aussi par rapport au père et à la mère de l'enfant. Marraine se dit par rapport à l'enfant lui-même.XIIIe s.• Ce doit cascuns savoir que nus ne doit espouser cele qui li apartient de lignage, ne se [sa] commere, de quel enfant que ce soit, BEAUMANOIR XVIII, 8.XIVe s.• Et s'il est que desconfis soies Et que tes gens mors et pris voies, Jà soit ce que li cuer t'en vueille, Garde que ton oeil ne s'en meuille : Car c'est maniere de commere, Qui doit plourer l'ame sa mere, MACHAULT p. 110.XVe s.• Ils les reputent folz et chetifz, et dient que ce ne sont que commeres et gens de neant, CHRIST. DE PISAN Charles V, I, ch. 10.• Quant la diablesse vit le chevalier en tel poinct, elle luy escria d'une voix forsennée : Va-t'en, que ne soyes desmembrés ; es-tu une commere ou ung portier de religion ? va ton chemin en aultre lieu querir ton adventure, Perceforest, t. VI, f° 48.• Nous n'estions point advocatz ne procureurs pour plaider ne tenser comme commeres, ib. f° 88.• Je ne sçay, dit la voix, se tu empireras l'huys ; car tu n'y entreras point par force ne autrement ; car je hucherai [j'appellerai], aussy fol et oultrageux que tu es, qui bien gardera l'huys contre toi. Meshuy seroient ruses de commeres, dit Passelyon, trop ai entendu, ib. t. IV, f° 109.Saintonge, coumère ; Berry, coumère, femme en couches ; provenç. comaire ; catal. comare ; espagn. comadre ; ital. comare, comadre ; de co, et mère, parce que la marraine de l'enfant, étant considérée comme sa mère spirituelle, et chargée de le guider et de le secourir en cas de mort de la mère naturelle, était mère en même temps que celle-ci.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.