- cent
- (san ; le t se lie devant une voyelle ou une h muette : cent hommes, dites : san-t hommes ; au pluriel l's se lie : deux cen-z hommes ; le t ne se lie pas dans cent un ; dites san un. Prononcez de même, c'est-à-dire sans faire sentir le t : deux cent un, cent une, deux cent une, le cent unième, le deux cent unième, le cent onzième, le deux cent onzième, etc. et cent huit, cent huitaines, le cent huitième) adj. numéral ou nom de nombre1° Dix fois dix. Cent ans. Cent livres pesant. Deux cents hommes. Cent un, cent deux, cent trois, etc. Dans cent un ans.• Nous partîmes cinq cents ; mais, par un prompt renfort, Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, CORN. Cid, IV, 3.• Sait-il bien ce que c'est que cinq cents écus ? - Oui, monsieur, il sait que c'est mille cinq cents livres, MOL. Scapin, II, 2.• .... A fait de méchants vers douze fois douze cents, BOILEAU Vers en style de Chapelain..• La Suède et la Finlande composent un royaume large d'environ deux cents de nos lieues, et long de trois cents, VOLT. Charles XII, 1.• On assure que les portefaix ou crocheteurs de Constantinople portent des fardeaux de neuf cents livres pesant, BUFF. Hist. nat. de l'homme.Entre mille et deux mille on énonce souvent les centaines, c'est-à-dire qu'on prononce onze cents, au lieu de mille cent, treize cents au lieu de mille trois cents, et ainsi de suite jusqu'à dix-neuf cents ; mais on ne dit point dix cents pour mille, ni vingt cents, trente cents, pour deux mille, trois mille, etc.Parier cent contre un, donner quelque chose comme tellement certain qu'on offre de parier cent contre un.Le conseil des Cinq Cents, une des deux assemblées législatives dans la constitution directoriale de la république française.Les Cent-Jours, règne de Napoléon 1er après son retour de l'île d'Elbe ; il dura cent jours, du 20 mars 1815 au 28 juin de la même année.2° D'une manière indéterminée, un grand nombre. Faut-il vous le dire cent fois ? Il a cent moyens de se tirer d'affaire. Il y en a plus de cent dans le même cas. C'est cent fois pire.• Ni sur l'éclat d'un nom cent et cent fois vainqueur, CORN. Nicom. I, 1.• Après avoir tourné le cas En cent et cent mille manières, LA FONT. Fabl. II, 20.• Sans répéter de nouveau ce qu'on a dit cent et cent fois, BOSSUET Rép. II, 20.• Les chirurgiens aimeront mieux cent fois briser la lancette et le bistouri que de s'abaisser à une obéissance servile, DIDER. Lett..En un mot comme en cent, c'est-à-dire quoi qu'on dise, bref.• En un mot comme en cent, vous n'aurez jamais dans ce pays une armée à vous, P. L. COUR. I, 289.Locution familière. Je vous le donne en cent, essayez tant que vous voudrez.Locution familière. Faire quelque chose de cent en quatre, se dit d'une action qui ne se répète que de loin en loin. Locution obscure et que Génin explique conjecturalement par : faire quelque chose de cent tanz quatre, c'est-à-dire quatre fois sur cent ; tanz dans l'ancien français signifiant fois.3° Terme de finance et de commerce. Cinq, dix, cent pour cent, etc. c'est-à-dire intérêt, gain, produit qui est de cinq francs, dix francs, cent francs, pour cent francs. Prêter à cinq pour cent d'intérêt, ou simplement, à cinq pour cent, ou, plus simplement encore, à cinq. Rente à cinq pour cent. Rente cinq pour cent.Il y a cent pour cent à gagner dans cette affaire, c'est-à-dire on doublera sa mise de fonds, on fera un gain très considérable.Substantivement, le trois pour cent, le quatre et demi pour cent, nom des rentes françaises inscrites sur le grand livre. Le cinq pour cent a été converti en quatre et demi il y a quelques années.4° Centième. Page cent. Numéro cent.5° S. m. Le nombre cent. Le produit de cent multiplié par cent.6° Centaine. Un cent de marrons. Deux cents d'oeufs, de fagots. Trois cents de paille, de foin. Vendre, acheter un cent de, etc.• Joie à brûler un cent de lampions, BÉRANG. Belges..Un cent pesant, un poids de cent livres, un quintal.Un cent de piquet, un cent de dominos, une partie en cent points.Familièrement. Il a des mille et des cents, il est fort riche. Il ne parle jamais que par mille et par cents, il joue le gros capitaliste ; et, quelquefois, il est exagéré dans tous ses propos.• Oh ! nous ne gagnons pas des mille et des cents ; mais, pourvu que j'aie le nécessaire, çà me suffit, CLAIRVILLE et THIBOUST la Corde sensible, sc. 13.7° Terme de commerce. Le grand cent, se dit pour les marchandises vendues à la pièce ou au poids, et dont le vendeur cède quelques pièces ou quelques kilogrammes au-dessus du cent sans les faire entrer en compte.8° Monnaie. Un cent, la centième partie du dollar.Monnaie de cuivre du royaume des Pays-Bas, qui était la centième partie du florin.1. Cent reste invariable : 1° quand il est suivi d'un autre nombre, ou qu'il peut se rendre par le terme centième ; ainsi il ne prend pas d's dans trois cent mille francs, mille sept cent trente, les deux cent troisièmes, le numéro quatre cent ; cela est arrivé en mil sept cent, etc. On voit que les deux derniers exemples reviennent à : le numéro quatre centième ou le quatre centième numéro ; l'année mil sept centième, ou la mil sept centième année. 2° Quand il n'est pas multiplié par un autre nombre, et lors même qu'il serait suivi d'un pluriel : les cent hommes engagés, les cent premiers numéros. Cent prend l's, lorsque, se trouvant multiplié par un autre nombre, il est suivi ou censé suivi d'un substantif pluriel, accompagné ou non d'un qualificatif : Il a composé deux cents jolies romances ; Cette ville compte plus de trois cents belles maisons ; Cette salle peut contenir neuf cents personnes ; Nous étions sept cents hommes, et nous ne sommes revenus que trois cents ; Je les ai trouvés au nombre de six cents.2. On entend souvent des phrases comme celle-ci : mon argent est placé à cinq du cent. C'est une locution vicieuse, dites à cinq pour cent. Cinq du cent voudrait dire cinq du cent de francs ; or on ne dit jamais : un cent de francs.XIe s.• Set cenz chamels e mil autours muez, Ch. de Rol. IX.• Puis icel jour en fut cent ans deserte, ib. LII.• Meurent paien à miller et à cent, ib. CIX.XIIe s.• Un petitz biens vaut mieux, si Diex me voie, Qu'on fait courtoisement, Que cent greignor fait envieusement, Couci, XVI.• Ja n'en reviendra pieds [homme], se nous estiens cent, Saxons, XXI.XIIIe s.• Li cens d'aloses doit seize deniers, TAILLIAR Recueil, p. 15.• Il me convient servir mon mestre Qui moult plus riche me fera Cent mile tans quant li plaira, la Rose, 6936.• Le cent de pieces pesant de suif, Liv. mét. 162.XIVe s.• En tel doleur sont cil qui sont jalous, Qu'il vauroit [vaudrait] miex, cent contre un, estre cous, MACHAULT p. 58.XVe s.• Nous ne savons que nos gens rapporteront, ou paix ou guerre.... c'est cent contre un que nous vinssions à paix, FROISS. II, II, 55.• .... Car il [mon coeur] a de maulx doloreux Plus d'un cent, non pas ung ou deux, CH. D'ORL. Bal. 24.• Contre un inconvenient qui pourra advenir par execution de justice, cent en adviendront, si on procede par autre voie, MONSTRELET I, 48.XVIe s.• Il lui dit qu'il n'en savoit point de meilleur que de jouer aux cents [piquet], MARG. Nouv. LIX..• L'aprèsdisnée fut passée à jouer au cent, D'AUB. Conf. II, 6.Wallon, sain ; picard chint ; provenç. cent, cen ; espagn. cien, ciento ; portug. cem, cento ; ital. cento ; du latin centum ; bas-breton, kant ; zend et sanscrit, çata.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECENT. Ajoutez :En termes de grande pêche, le grand cent, cent-vingt. Les prix ont été cotés sur place pendant la pêche [en Norvége], comme suit : Poissons frais, le grand cent, prix moyen... Journ. offic. 17 déc. 1872, p. 7859, 2e col.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.