- caresser
- (ka-rè-sé) v. a.1° Faire des caresses. Caresser un enfant, un chien.• .... L'âne de la fable, Qui, pour se rendre plus aimable Et plus cher à son maître, alla le caresser, LA FONT. Fabl. IV, 5.• Et soit frayeur encore ou pour me caresser De ses bras innocents je me sentis presser, RAC. Ath. I, 2.• Il faut nous flatter et nous caresser comme des enfants, pour nous tenir en bonne humeur, NICOLE dans BOUHOURS, Rem..• Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse, Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, Lorsqu'au premier faquin il court en faire autant ?, MOL. Mis. I, 1.Poétiquement. Le zéphyr caresse les fleurs. Le flot caressait les flancs du navire.Ironiquement. Il lui caressa les épaules à coups de bâton.Caresser la bouteille, aimer à boire.Se dit, particulièrement et dans un langage libre, des caresses amoureuses.• Leurs femmes caresser...., RÉGNIER Sat. IX..• Vos griffes la pourront blesser Quand vous voudrez la caresser, LA FONT. Fables, IV, 1.• Boit son vin, caresse sa fille, LA FONT. ib. IV, 4.• Les Français chantaient, buvaient, caressaient les filles dans les cathédrales, VOLT. Moeurs, 57.• De mon vin ils prennent leur part, Ils caressent ma chambrière, BÉRANG. Mon enterr..Terme d'artiste, étendu aussi aux oeuvres littéraires. Caresser un ouvrage, le faire avec amour.2° Fig. Flatter.• Quoiqu'un peuple l'adore, et qu'un roi le caresse, CORN. Cid, IV, 2.• Il feint, il me caresse et cache son dessein, RAC. Mith. IV, 2.• Selon qu'il vous menace ou bien qu'il vous caresse, La cour autour de vous ou s'écarte ou s'empresse, RAC. Brit. IV, 1.• Mon fils peut caresser la main qui nous opprime !, C. DELAVIGNE Vêpres sic. I, 1.3° Entretenir, nourrir. Caresser un amour, un espoir, une idée. Un mal que nous caressons.• Quand de vos ennemis caressant l'insolence, VOLT. Tancr. IV, 6.• Par des soumissions caresser son orgueil, VOLT. Alz. I, 1.4° Terme de peinture. Caresser le nu, jeter les draperies de manière à faire apercevoir le nu.5° Se caresser, v. réfl. Se donner réciproquement des caresses.CARESSER, FAIRE DES CARESSES Ces termes ne sont pas synonymes en tout. Caresser un enfant, ou faire des caresses à un enfant, peuvent se dire exactement l'un pour l'autre. Mais il n'en serait plus de même dans cette phrase-ci : Le roi lui fit beaucoup de caresses, c'est-à-dire le reçut avec des marques d'affection toutes particulières ; au lieu que caresser, si on le mettait ici en place de faire des caresses, porterait l'esprit vers des caresses effectives.Caresse ; ital. carezzare. Ce mot paraît être entré dans la langue au commencement du XVIIe siècle, par l'italien carezzare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.