- canard
- (ka-nar ; le d ne se lie pas : le ka-nar et l'oie ; au pluriel l's ne se lie pas : les ka-nar et les oies ; d'autres lient cette s : les ka-nar-z et les oies) s. m.1° Oiseau palmipède, lamellirostre, vivant à l'état sauvage et domestique, recherché pour sa chair.Canard musqué, oiseau d'Amérique, nommé à tort canard de Barbarie.Familièrement. Mouillé, trempé comme un canard, très mouillé.• Il vint ici mouillé comme un canard, SÉV. 163.Plonger comme un canard, très bien plonger ; et figurément, s'esquiver, se soustraire à un danger.Familièrement. C'est un canard privé, c'est-à-dire c'est un homme qui joue le rôle du canard privé, qui par son cri attire dans le piége les canards sauvages.2° Populairement, conte absurde et par lequel on veut se moquer de la crédulité des auditeurs. Cette nouvelle n'était qu'un canard.• Je suis fâché de ne vous avoir pas traité comme mon enfant ; vous le méritiez mieux que ce donneur de canard à moitié qui nous promettait tant de châteaux en Espagne, la Comédie des proverbes, III, 7.• Vous serez mis en cage ; vous êtes un bailleur de canards, Recueil des plus excellents ballets, p. 19, 1612.3° Petit imprimé contenant le récit d'un événement du jour et dont on crie la vente à Paris.Se dit ironiquement de faits, de nouvelles, de bruits plus ou moins suspects qui se mettent dans les journaux. Cette nouvelle n'est qu'un canard. Quel canard !4° Note fausse tirée d'un instrument à anche à sons éclatants. Cette clarinette fait des canards.5° Petit morceau de sucre trempé dans de l'eau-de-vie ou dans le café (comme le canard dans l'eau).6° Sorte d'artifice lancé dans l'eau.7° Espèce de filet soutenu par des roseaux.8° S. m. plur. Conduits d'air dans des galeries souterraines de mines.9° Adj. Chiens canards, chiens à poil épais et frisé qu'on dresse à aller chercher dans l'eau les canards atteints par le chasseur ; et, substantivement, un canard.Bois canards, morceaux de bois flotté qui vont à fond ou s'arrêtent sur les bords.Terme de marine. Bâtiment canard, barque canarde, etc. qui tangue beaucoup et embarque de l'eau par l'avant.XVIe s.• Et en sort une troisiesme et bastarde race, quand le canard d'Inde et la cane commune s'accouplent ensemble, O. DE SERRES 346.• La charge d'un canard est de huit ou dix canes, O. DE SERRES 377.• Vendre ou donner un canard à moitié, mentir, en donner à garder, en faire accroire, COTGRAVE .• Il baissait la teste comme un canard [il était honteux], Nuits de Straparole, t. I, p. 92, dans LACURNE.Voy. cane. Bourguig. cainar ; bas-lat. canardus, sorte de navire. Un canard, pour une billevesée, vient de l'ancienne locution : vendre un canard à moitié ; locution dans laquelle on a supprimé à moitié. Il est clair que vendre un canard à moitié, ce n'est pas le vendre du tout ; de là le sens de attraper, moquer.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.