vouloir

vouloir
vouloir 1.
(vou-loir), je veux, tu veux, il veut, nous voulons, vous voulez, ils veulent ; je voulais ; je voulus ; je voudrais ; veuille, qu'il veuille, veuillons, veuillez, qu'ils veuillent ; que je veuille, que tu veuilles, qu'il veuille, que nous voulions, que vous vouliez (voy. sur ces deux dernières formes la remarque 2), qu'ils veuillent ; que je voulusse ; voulant ; voulu, v. a.
   Être en volonté de.
   Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos, MALH. VI, 18.
   Qui veut également tout ce qu'on lui propose, Dans le secret du coeur souvent veut autre chose, CORN. Othon, v, 1.
   Ne veuillez pas vous perdre, et vous êtes sauvé, CORN. Poly. IV, 3.
   M. de Beaufort et Mme de Montbazon ne voulaient proprement rien à force de tout vouloir ; et ces sortes d'esprit assemblent toujours dans leurs imaginations des choses contradictoires, RETZ Mém. t. II, liv. III, p. 221, dans POUGENS.
   [Louis XIV] Voulant la paix, quoiqu'il fasse la guerre Avec succès, depuis plus de trente ans, LA FONT. Poés. mêlées, LXXII.
   Célimène : Voulons-nous nous asseoir ? - Arsinoé : Il n'est pas nécessaire, MOL. Mis. III, 5.
   Elle [une religieuse] sort quand elle veut ; mais elle ne le veut guère, parce qu'elle a principalement dans la tête de vouloir aller en paradis, SÉV. 322.
   La profonde obscurité du coeur de l'homme, qui ne sait jamais ce qu'il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu'il veut, BOSSUET Anne de Gonz..
   Ô mon Dieu, dit-il, vous le voulez ; que votre volonté soit faite ; je me jette entre vos bras, BOSSUET Louis de Bourbon..
   Saint Thomas a dit que la volonté était naturellement réfléchissante sur elle-même, qu'on aimait à aimer, qu'on voulait vouloir, BOSSUET États d'orais. v, 5.
   Dès que l'âme veut que le bras soit mû, le bras est mû, quoiqu'elle ne sache pas seulement ce qu'il faut faire pour le remuer, MALEBR. Rech. vér. II, I, 5.
   Laissez faire, ils ne sont pas au bout ; J'y vendrai ma chemise, et je veux rien ou tout, RAC. Plaid. I, 7.
   Moi, je ne veux rien ; c'est ma femme qui veut, DESTOUCH. Fausse Agnès, I, 1.
   Puisque madame le veut, que Suzanne le veut, que vous le voulez vous-même, il faut bien que je veuille aussi, BEAUMARCH. Mar. de Figaro, II, 20.
   Vous me donnez l'espérance d'un temps plus heureux ; je veux espérer, LETOURNEUR Trad. de Cl. Harl. Lett. LXXXII.
   Absolument.
   Si tout est fait pour nous, s'il ne faut que vouloir, Que n'employons-nous mieux ce souverain pouvoir ? Que ne régnons-nous sur nous-mêmes ?, DESHOUL. t. I, p. 132.
   Et vous reconnaîtrez mes soins, si vous voulez, RAC. Andr. IV, 3.
   Encore une fois, il faut vouloir ; le célèbre curé de Saint-Sulpice voulut, et il bâtit sans aucun fonds un vaste édifice [Saint-Sulpice], VOLT. Pol. et lég. Embell. de Paris..
   On ne peut vouloir qu'en conséquence de ce qu'on sent ou de ce que l'on a senti, BONNET Ess. anal. âme. XIX.
   J'ai toujours la puissance de vouloir, non la force d'exécuter, J. J. ROUSS. Ém. IV..
   Dès lors elle [l'âme] ne se borne plus à désirer ; elle veut ; car on entend par volonté, un désir absolu, et tel, que nous pensons qu'une chose désirée est en notre pouvoir, CONDIL. Traité sens. I, II, 9.
   Terme de turf. Comme il veut, exclamation que pousse souvent la foule au moment où le cheval gagnant va atteindre le poteau, et signifiant qu'il lui est facile de gagner sans effort.
   Vouloir ou en vouloir, se dit, en termes de haras, d'une jument qui paraît disposée à souffrir l'étalon.
   Tu l'as voulu, vous l'avez voulu, se dit par forme de reproche à quelqu'un qui a fait quelque faute contre laquelle il avait été prémuni.
   Vous l'avez voulu ; vous l'avez voulu, Georges Dandin, vous l'avez voulu ; cela vous sied fort bien, et vous voilà ajusté comme il faut, MOL. G. Dand. I, 9.
   On dit : Je voudrais au lieu de : je veux, pour exprimer modestement son désir. Je voudrais vous entretenir en particulier.
   Par une sorte de défi. Je voudrais bien voir qu'il osât l'entreprendre. Je voudrais bien voir cela.
   Il ne sait ce qu'il veut, se dit d'un homme irrésolu, qui ne sait pas se décider.
   Faire de quelqu'un ce qu'on veut, tout ce qu'on veut, avoir un grand empire sur ses sentiments, sur ses actions.
   Un roi n'a qu'à vouloir ; on fait de cette nation-ci [la française] tout ce qu'on veut, VOLT. Dict. phil. Courtisan lettré..
   Cet homme veut ce qu'il veut, il l'exige, il le veut fortement.
   Familièrement. Que veux-tu, que voulez-vous (sous-entendu, qu'on dise, qu'on fasse) ? et signifiant il en est ainsi.
   Que veux-tu, mon pauvre nourricier ? il faut bien obéir à notre maître, MOL. Méd. malgré lui, I, 5.
   Que veux-tu ? mais, s'il faut ne te rien déguiser, Mon innocence enfin commence à me peser, RAC. Andr. III, 1.
   Que voulez-vous ? il a les préjugés de son pays, ceux de son parti et les siens propres, VOLT. Dial. XVI.
   Le comte : Je ne te reconnaissais pas, moi ; te voilà si gros et si gras.... - Figaro : Que voulez-vous, monseigneur ! c'est la misère, BEAUMARCH. Barb. de Sév. I, 2.
   Dieu le veuille ! se dit pour marquer qu'on souhaite qu'une chose arrive ou qu'on en doute.
   Il veut que cela soit, veuille Dieu, veuille diable, se dit d'un homme qui veut venir à bout de quelque chose à quelque prix que ce soit et par toutes sortes de moyens, justes ou injustes.
   On dit dans le même sens : Veuille Dieu, veuille sa mère.
   Vouloir, avec un nom de personne pour complément, avoir la volonté que la personne soit telle ou telle, ou qu'elle se présente. Je vous veux raisonnable.
   Mascarille : Voulez-vous deux témoins qui me justifieront ? - Albert : Veux-tu deux de mes gens qui te bâtonneront ?, MOL. Dép. amour. III, 10.
   Dieu vous voulait où vous êtes, MAINTEN. Lettre à Mme de Bouju, t. v, p. 267, dans POUGENS.
   Vouloir une femme, en désirer la possession.
   Je sais que les ans lui mettront Comme à toi les rides au front, Et feront à sa tresse blonde Même outrage qu'à tes cheveux : Mais voilà comme va le monde, Je t'ai voulue, et je la veux, MALH. IV, 16.
   Commander, exiger avec autorité.
   Il a dit : Je le veux, désobéirez-vous ?, CORN. Cid, II, 1.
   Je veux moins de valeur et plus d'obéissance, RAC. Iphig. IV, 6.
   Sa fière autorité veut de la déférence, VOLT. Sémiram. I, 4.
   Je le veux, je le veux.... comme il dit çà, ce monsieur ! je le veux.... ah ! le roi dit bien : nous voulons, COLLÉ Part. de chasse, III, 7.
   Obéissez, je le veux. - Ma foi, il a dit : je le veux, comme un homme qui y est habitué, A. DUVAL Menuis. de Livonie, III, 3.
   Souhaiter, désirer.
   Qu'est-ce que vous voulez, mon papa ? ma belle maman m'a dit que vous me demandez, MOL. Mal. imag. II, 11.
   Je voudrais que toutes les âmes éloignées de Dieu fussent présentes à ce discours, BOSSUET Anne de Gonzague..
   Voulez-vous du public mériter les amours, Sans cesse en écrivant variez vos discours, BOILEAU Art p. I.
   Cependant, quand je veux oublier cet outrage, Et cacher à mon coeur cette funeste image, Vous osez à mes yeux rappeler le passé !, RAC. Mithr. IV, 4.
   Je viens vous rappeler qu'on me veut pour lord-maire, C. DELAV. Popularité, I, 8.
   Je voudrais m'emparer de toute la nature, P. LEBRUN Marie Stuart, III, 1.
   Consentir à. Oui, je le veux bien. Il faut vouloir tout ce que vous voulez.
   Veut-elle bien céder à la nécessité ?, CORN. Médée, III, 2.
   Je veux bien l'avouer, ces nouvelles m'étonnent, CORN. Hor. III, 5.
   Seigneur, voulez-vous bien vous en fier à moi ?, CORN. Nicom. IV, 3.
   Par civilité, veuille, veuillez, aie, ayez la bonté, la complaisance. Veuille me dire au plus tôt ce que tu penses de tout cela.
   Veuillez vous souvenir Que les événements régleront l'avenir, CORN. Pomp. II, 4.
   Veuillez être discret, Et n'allez pas, de grâce, éventer mon secret, MOL. Éc. des femmes, I, 6.
   Voulez-vous bien ? est quelquefois une formule impérative. Voulez-vous bien vous taire ? taisez-vous. Voulez-vous bien finir ? finissez.
   Voulez-vous bien n'être pas joli comme ça !, BEAUMARCH. Mar. de Fig. II, 6.
   Je veux bien a quelquefois une signification hautaine comme de supérieur à inférieur. Je veux bien que vous sachiez que vous n'avez rien à ordonner ici.
   Si vous ne le savez, je veux bien vous l'apprendre, CORN. Nicom. II, 3.
   Anciennement, vouloir bien, ne pas craindre de.
   [Condé, répondant à la harangue du président de Maisons, dit] qu'ayant appris de la bouche de la reine que Sa Majesté ne leur avait permis de s'assembler que pour le tarif et les rentes, il voulait bien leur dire qu'il ne souffrirait point leur désobéissance ni leurs entreprises, Mme DE MOTTEVILLE Mém. à la date de 1648.
   Je quittai un mari qui m'aimait, pour me jeter entre les bras d'un jeune homme qui avait bien voulu depuis peu de temps me faire savoir que je lui étais devenue odieuse, SCARRON Nouvelles, l'Adultère innocent..
   Cela [la perruque exprimée en vers] est dit en quatre vers que je veux bien vous écrire ici, afin que vous me mandiez si vous les approuvez, BOILEAU Lett. à Maucroix, 29 avril 1695.
   Il s'emploie pour marquer la concession que l'on fait, pour admettre hypothétiquement une chose.
   Je vous que cette offense attaque votre gloire ; Mais qui l'osa commettre a pu ne pas le croire, ROTR. Antig. IV, 6.
   Ils regorgent de biens et d'honneurs, je le veux, BOURDAL. 1er avent, sur la récompense des saints.
   Qu'il soit doux, complaisant, officieux, sincère ; On le veut : j'y souscris, et suis prêt à me taire, BOILEAU Sat. IX.
   Mais je veux qu'on vous laisse une part dans la gloire : Que produit pour l'État cette noble victoire ?, C. DELAV. Vêpr. sicil. I, 2.
   Familièrement. Je veux bien que cela soit, je veux que cela soit, je suppose que cela soit, quoique je n'en convienne pas, ou quand cela serait vrai.
   Si vous voulez, si vous l'admettez.
   Quand on veut parler d'un grand conquérant, chacun pense à Alexandre ; ce sera donc, si vous voulez, ce même Alexandre qui nous fera voir la pauvreté des rois dans leurs conquêtes, BOSSUET la Vallière..
   Le corps qui avait concentré dans ses mains tous les pouvoirs, manqua aux engagements qu'il avait pris avec ses sujets, ou, si l'on veut, avec ses esclaves, RAYNAL Hist. phil. IV, 31.
   Que voulez-vous qu'il ait dit... ? comment imaginez-vous qu'il ait pu dire.... ? Que voulez-vous, mon père, que j'aie fait ?, MOL. Fourber. II, 3.
   Prétendre.
   Chacun veut en sagesse ériger sa folie, BOILEAU Sat. IV.
   Cette inclination qu'on veut que vous ayez pour le jansénisme, MAINTEN. Lett. au card. de Noailles, 20 nov. 1702.
   Je ne sais ; il veut absolument Que j'aie eu quelque part à cet enlèvement, BARON École des pères, IV, 2.
   Oui, grand Dieu, c'est en vain que l'humaine faiblesse Sans toi veut se parer du nom de la sagesse, L. RAC. la Grâce, I.
   Saviez-vous que c'est moi que ce couplet veut ridiculiser ?, GENLIS Théâtr. d'éduc. le Méchant par air, IV, 6.
   Vouloir de, avec un substantif pour complément, rechercher, accepter.
   Je ne veux point d'un trône où je sois leur captive, CORN. Othon, III, 3.
   Vous avez dit qu'il était bien aisé de quitter le monde, quand le monde ne voulait plus de nous, MASS. Avent, Afflictions..
   Que le public veuille ou non veuille De tous les charmes qu'il accueille...., VOLT. Lett. en vers et en prose, 14.
   Si Mlle Gothon veut bien de monsieur, il n'y a pas à aller par quatre chemins, CARMONTELLE Prov. la Guinguette, sc. 6.
   Je ne veux pas d'un monde où tout change, où tout passe, LAMART. Médit. I, 18.
   Populairement. En veux-tu ? en voilà, abondamment, en grande quantité. C'était un bal magnifique : il y avait des glaces en veux-tu ? en voilà.
   Demander un prix d'une chose qu'on veut vendre. Il veut cent mille francs de sa terre. Combien voulez-vous, que voulez-vous de votre voiture ?
10°   Fig. Se dit des choses qui ont de l'autorité. La loi veut que.... La raison voulait qu'on prît ce parti.
   Ce qu'il [Calvin] pouvait [dans la conjuration d'Amboise] ? rompre absolument l'entreprise, en la faisant déclarer au roi ou à la justice ; l'ordre des empires le veut ; la loi éternelle l'ordonne, BOSSUET Déf. Var. 1er disc. 19.
   Le malheur, le bonheur a voulu que..., il est arrivé par malheur, par bonheur que....
   Puisque mon malheur veut que je sois cette victime publique, BALZ. liv. I, lett. 5.
   Son bonheur voulut que les Turcs ne l'attaquassent pas dans ces funestes conjonctures, VOLT. Ann. Emp. Ferdinand II, 1634.
11°   Fig. Être d'un caractère à exiger l'emploi de (avec un nom de personne pour sujet). Il y a des enfants qui veulent être menés par la crainte.
   Ils vous diront.... Qu'aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d'un sceptre de fer veut être gouverné, RAC. Athal. IV, 3.
12°   Fig. Demander, réclamer, avec un nom de chose pour sujet.
   Un si rare service.... Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant, CORN. Hor. v, 2.
   Comme en un grand dessein et qui veut promptitude...., CORN. Sert. v, 6.
   Un intérêt pressant veut que je vous implore, RAC. Esth. II, 7.
   Et pour être approuvés De semblables projets veulent être achevés, RAC. Mithr. III, 1.
   Les ouvrages qui veulent être faits avec une certaine légèreté, J. J. ROUSS. Conf. III.
   L'histoire de ses maux voudrait un long discours, DELILLE Én. I.
   L'amitié ne veut pas qu'on tente l'impossible, ARNAULT Oscar, I, 3.
   Il se dit, dans un sens analogue, des cas régis par une préposition, par un verbe, des modes exigés par une conjonction. Quoique veut le subjonctif. Ce verbe veut l'accusatif. Cette préposition veut l'ablatif.
13°   Fig. Se prêter à, avec un nom de chose pour sujet. Cette machine ne veut pas marcher.
   Ce n'est pas seulement la propriété d'avoir qu'on a attribuée à des êtres inanimés et à des idées abstraites, on leur a aussi attribué celle de vouloir ; on dit : Ce bois ne veut pas brûler ; cette clé ne veut pas tourner, etc., DUMARS. Trop. II, 1.
14°   Être disposé de manière à.
   La disposition et la décoration de ces jardins [de Colbert à Sceaux] voulaient rappeler en petit ceux de Versailles, J. DUMESNIL Histoire des amat. franç. t. II, p. 329.
15°   Vouloir du bien, vouloir du mal à quelqu'un, avoir de l'affection ou de la haine pour lui.
   Peuple, qui me veux mal, et m'imputes à vice D'avoir...., MALH. v, 4.
   C'est me vouloir du bien d'une étrange manière !, MOL. Mis. IV, 3.
   L'amour par lequel on se veut du bien et on désire en général sa béatitude, BOSSUET Préf. sur l'instr. past. de M. de Cambrai, VI, 71.
   Mlle d'Hamilton ne lui voulut aucun mal de la promptitude dont il obéissait au roi son maître, HAMILT. Gram. 11.
   Le pauvre garçon est sensible, et on lui en veut du mal, MARIV. Pays. parv. 6e part..
   Je me trouve bien confuse de voir que vous m'ayez tant aimée, vous qui devez me vouloir tant de mal, MARIV. Marianne, 4e part..
   J'ai l'âme aimante, et je me suis toujours attaché aux gens, moins à proportion du bien qu'ils m'ont fait que de celui qu'ils m'ont voulu, J. J. ROUSS. Conf. III.
   Particulièrement. Vouloir du bien à quelqu'un, être disposé à le protéger, à l'avancer.
   J'honore sa valeur, j'estime sa personne, Et penche d'autant plus à lui vouloir du bien, Que, s'en voyant indigne, il ne demande rien, CORN. Héracl. I, 2.
   Je le gronde quelquefois ; mais je lui veux du bien, GOLDONI Bourru bienfais. II, 2.
   Que le mal que je lui veux m'arrive, me puisse arriver, se dit pour exprimer qu'on est bien éloigné de souhaiter du mal à quelqu'un.
   Je ne l'aime guère ; que le mal que je lui veux m'arrive !, GENLIS Théâtre d'éduc. la Lingère, I, 2.
   Fig. Vouloir du mal, vouloir mal à une chose, la condamner, en être irrité.
   Je suis sotte, et veux mal à ma simplicité De conserver encor pour vous quelque bonté, MOL. Mis. IV, 3.
   Que l'éclat de la plus belle victoire paraît sombre [à côté d'une mort chrétienne] ! qu'on en méprise la gloire et qu'on veut de mal à ces faibles yeux qui s'y sont laissé éblouir !, BOSSUET Louis de Bourbon..
   Se vouloir du bien, du mal, avoir de l'affection, de l'inimitié l'un pour l'autre.
   Deux personnes qui se voulaient tant de bien, HAMILT. Gram. 8.
   Je n'ai vu jamais aucun de ceux qui l'entouraient se vouloir du mal l'un à l'autre, J. J. ROUSS. Confess. v..
   Fig. Se vouloir mal de quelque chose, s'en faire des reproches.
   Je l'aime et le dédaigne, et, n'osant m'attendrir, Je me veux mal des maux que je lui fais souffrir, CORN. Tite et Berén. I, 1.
   Laissez ; je me veux mal d'une telle faiblesse, MOL. D. Garc. II, 6.
   Je me veux mal de mort d'être de votre race, MOL. Fem. sav. II, 7.
   Se faire bien vouloir, mal vouloir de quelqu'un, gagner son affection, s'attirer son inimitié.
16°   Vouloir le bien de quelqu'un, vouloir lui être utile.
   Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres, est qu'ils veulent leur bien, VAUVENARGUES. Réfl. 160.
17°   En vouloir à quelqu'un, avoir contre lui un sentiment de rancune. Ne m'en veuille pas trop d'avoir agi sans te consulter.
   Leur secte [des chrétiens] est insensée, impie et sacrilége.... Mais sa fureur ne va qu'à briser nos autels, Elle n'en veut qu'aux dieux, et non pas aux mortels, CORN. Poly. I, 3.
   Il faut que l'on en veuille à Mlle de Murçai à la poste, ou que son écriture indéchiffrable en veuille aux yeux des commis, MAINTEN. Lett. à Mme de Villette, 3 fév. 1682.
   Comme il [Hartsoeker] était accusé d'en vouloir toujours aux plus grands hommes, tels que MM. Huyghens, Leibnitz, Newton, il se justifie par en parler plus librement que jamais, FONTEN. Hartsoeker..
   Aristophane en voulait à Euripide ; il va dans cette pièce jusqu'à lui reprocher qu'il était fils d'une vendeuse d'herbes, FONTEN. Rem. sur Aristoph..
   Les anciens peignaient Jupiter prenant le tonnerre composé de trois flèches brûlantes dans la patte de son aigle, et le lançant sur ceux à qui il en voulait, VOLT. Dict. phil. Tonnerre..
   En vouloir à la vie de quelqu'un, avoir formé le projet de le tuer.
   Je ne suis plus son fils, s'il en veut à vos jours, CORN. Héracl. I, 4.
   Va, César est bien loin d'en vouloir à ta vie, VOLT. M. de Cés. I, 3.
   En vouloir à, avec un nom de chose comme complément, être irrité contre cette chose, la condamner.
   Voilà, mon père, comme agissent ceux qui n'en veulent qu'aux erreurs, et non pas aux personnes ; au lieu que vous, qui en voulez aux personnes plus qu'aux erreurs, vous trouvez que ce n'est rien de condamner les erreurs, si on ne condamne les personnes à qui vous les voulez imputer, PASC. Prov. XVIII.
   Elle [l'hérésie] n'en voulait d'abord parmi nous qu'aux abus prétendus du culte ; elle a depuis attaqué le culte lui-même, MASS. Petit carême, Obstacles..
   S'en vouloir, se reprocher un tort.
   Non, laissez-moi, je m'en veux de vous avoir écouté si longtemps, PICARD Collatéral, v, 2.
   En vouloir à, avoir des prétentions sur.
   Cousine, il te connaît, et t'en veut tout de bon, CORN. le Ment. III, 5.
   Puisque Jason en veut à la toison dorée, CORN. Tois. d'or, IV, 1.
   Quand l'ennemi se présentant, Comme il en voulait à l'argent, Sur le mulet du fisc une troupe se jette, LA FONT. Fabl. I, 4.
   Un certain drôle qui, dit-on, en veut à ma nièce, HAUTEROCHE Cocher supposé, sc. 20.
   J'en veux à votre coeur, non pas à votre bourse, MONTFLEURY Femme juge et partie, II, 2.
   Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? est-ce à vous à qui il en veut ?, MARIV. Fauss. confid. I, 6.
   Je sais bien qu'en amour il n'est pas mal d'avoir le consentement de la personne à qui on en veut, VOLT. l'Ingénu, 5.
   En vouloir à, diriger une attaque sur.
   D'autres disaient qu'on en voulait à quelque petite ville du pays de Trèves, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 402.
   Ouais ! il me semble que j'entends un chien qui aboie ; n'est-ce point qu'on en voudrait à mon argent ?, MOL. l'Av. I, 7.
   M. de Louvois est parti pour voir ce que les ennemis veulent faire : on dit qu'ils en veulent à Maestricht, SÉV. 293.
   Toujours la calomnie en veut aux gens d'esprit, GRESSET le Méch. I, 2.
   En vouloir signifie aussi quelquefois chercher, désirer de rencontrer.
   Je ne te cherchais pas, j'en voulais à ton maître, HAUTEROCHE Esp. foll. v, 13.
   À qui en voulez-vous ? qui prétendez-vous attaquer ? et aussi, qui demandez-vous ? qui cherchez-vous ?
   Êtes-vous de cette maison, ma bonne dame ? - Oui, monsieur ; à qui en voulez-vous, vous dis-je ?, LAMOTTE Magnifique, II, 4.
   À qui en veut-il ? de qui se plaint-il ?
   Fig.
   Le bonheur en veut à..., la chance est pour.... Le bonheur en voulut à mon père ; Vardes tomba et fut désarmé, SAINT-SIMON 10, 120.
   Le malheur lui en veut, la chance est contre lui.
   Hélas ! la pauvre fille, le malheur lui en voulait, ce jour là, MARIV. Pays. parv. 1re part..
18°   Vouloir dire, signifier. Que veut dire ce mot, ce procédé ? Equus veut dire en français cheval.
   Entendre ce que parler veut dire, comprendre à demi-mot.
   Que veut dire cet homme ? que prétend cet homme ? que demande-t-il ?
   Que veut dire cela ? Que veut dire ceci ? s'emploie quelquefois pour marquer un simple étonnement.
   Qu'est-ce que cela veut dire ? affirme un sentiment mêlé d'improbation.
   Que veut dire cette clause ? elle ne signifie rien.
   Que veulent dire ces vers ? on n'en comprend pas le sens.
19°   Au XVIIe siècle, quand vouloir était suivi d'un verbe réfléchi, on mettait souvent le pronom personnel avant le verbe vouloir ; cela peut encore être employé.
   Je me suis voulu jeter dans le hasard, CORN. Héracl. II, 2.
   Les examinateurs s'étant voulu écarter un peu de cette méthode, PASC. Prov. III.
   Et Mignot aujourd'hui s'est voulu surpasser, BOILEAU Sat. III.
   Comme cette affaire fit alors un fort grand bruit, et que les ennemis de Port-Royal s'en sont voulu prévaloir dans la suite contre ce monastère, RAC. Port-Royal, I.
   À propos de la paix de Ryswyk, ne trouvez-vous pas qu'elle est si glorieuse aux alliés et nommément au roi Guillaume, qu'on ne peut assez admirer que la France se soit voulu assujétir à une mortification si honteuse ?, BAYLE Lett. à Constant, 14 nov. 1697.
   Dans ces cas, l'usage du XVIIe siècle était de ne pas faire accorder voulu, malgré la forme réfléchie.
PROVERBE Ce que femme veut, Dieu le veut, les femmes veulent ardemment ce qu'elles veulent, et viennent à bout de l'obtenir.
   1. L'impératif est veuille, veuillons, veuillez. Cependant l'Académie dit : veux, voulons, voulez, quand on engage à avoir une volonté ferme. On en trouve en effet des exemples dans les auteurs modernes : Ne m'en veux pas (V. HUGO) ; Veux-le bien (COUSIN, Fragments, p. 211, 1833){{}}; Voulons le faire (BONIFACE, Gramm. n° 363){{}}; Voulez sortir (ID.). Ces exemples sont rapportés et condamnés par M. Jullien, Gramm. p. 117, qui recommande de dire : Ne m'en veuille pas, veuillez-le bien, veuillons le faire, <
   2. M. Jullien dit : " Au présent du subjonctif le Dictionnaire de l'Académie donne voulions, vouliez. Je crois que c'est à tort. Fléchier, à la fin de son Traité des jeux de théâtre, écrit : Ne croyez que nous veuillions vous effrayer, Le grammairien Cl. Irson [XVIIe s.] n'admettait que ces formes. Régnier Desmarais remarquait que l'usage de voulions, vouliez, contraire à l'analogie, commençait à s'introduire, et, de fait, Mme de Sévigné emploie le plus souvent ces formes. Une épigramme de Piron (Oeuvres complètes, VI, p. 505) porte : Pourvu que vous m'en veuilliez croire. " La forme dont M. Jullien prend la défense est certainement la meilleure. Vouloir est un verbe où l'i, qui appartient au subjonctif roman, a modifié l'o, l'ou du radical (comme l'a dans vaille, de valoir) ; et c'est un barbarisme assez récent et désormais autorisé par l'usage que de dire voulions, vouliez ; mais c'est un meilleur usage de dire veuillions, <
   3. Molière a fait quelquefois voudriez de deux syllabes :
   Mais le mal c'est.... que monsieur votre père Est un autre vilain qui ne vous laisse pas, Comme vous voudriez bien, manier ses ducats, MOL. l'Ét. I, 2.
C'est un archaïsme : dans l'ancienne langue ce mot et les mots analogues n'étaient que de deux syllabes. Aujourd'hui ils sont de trois.
   Xe s.
   Voldrent la veintre li Deo inimi [les ennemis de Dieu], Eulalie.
   À ezo nos voldret concreidre li rex pagiens, ib..
   [Elle] Volt lo seule [siècle] lazsier, si ruove krist, ib..
   XIe s.
   Kil [Qui le bétail] voldrad clamer emblet, e il volge doner wage...., Lois de Guill. 25.
   [Je vous donnerai] Teres e fiez tant cum vos en vuldrez, Ch. de Rol. v.
   Ademplir [je] voeill vostre comandement, ib. XXII.
   Mais li quens Guenes illoec ne volsist estre, ib. XXV.
   Voillet o non, tut i laisset sun tens [sa vie], ib. CIX.
   XIIe s.
   Et Dieus pour quoi le consent [pourquoi Dieu y consent-il], Qu'il se veut [qu'on veuille] si bien mentir ?, Couci, IV.
   Quel guerredon ele me voudra rendre, ib. v.
   Et s'il est riens qui m'en puisse partir, Ne quier je [je ne demande pas] ja savoir, ne Diex le vueille !, ib. VIII.
   Je ne doi pas [à l'] amors grant mal vouloir, ib. IX.
   Ou veuil ou non, servir la [la servir] me convient, ib. XXI.
   Ne me vout [voulut] pas Diex pour neiant doner Touz les soulaz qu'ai eüs en ma vie, ib. XXII.
   Du tort et de la honte me vorroie vengier, Sax. XVI.
   Li plus hardis des trois vossist [voudrait] estre à Paris, ib. XXIV.
   XIIIe s.
   En cele nuit li empereres Alexis prist de son tresor quanqu'il en pot porter, et enmena de gent ce qu'il en pot mener et qui aler s'en vodrent avec lui, VILLEH. LXXXIII.
   Si, comme Diex vout, [ils] desconfirent les Grieus, et les commencierent à abattre et à ocirre, VILLEH. CXXXVII.
   Rien que la vielle vueille, [elle] ne li veut contredire, Berte, XIV.
   Vueillez que cors et ame et quantque j'ai soit vo [vôtre], ib. XXXII.
   Je veuil pour vous mon cor travailler et pener, ib. XLIII.
   Je veus par vostre amour ici en droit vouer...., ib. XLII.
   Mieus [je] voudroie estre morte, si me soit Diex sauvere [sauveur]...., ib. CXIII.
   Car certes el [l'Envie] ne vorroit mie, Que biens venist, neis [même] à son pere, la Rose, 258.
   Gars, pourquoi es-tu si hardis, Qui bien velz estre d'un garçon Dont j'ai mauvese soupeçon ?, ib. 3547.
   L'une veut d'un, l'autre veut d'autre ; Ce que fait l'une, ne fait l'autre, Contenance des femmes.
   XIVe s.
   Et par consequent il lui veult très grans biens come à home, ORESME Éth. 242.
   Adont li bers Bertran hautement dit li a : En volez vous encores ? or ne me celez jà, Guesclin. 1808.
   XVe s.
   Or veuille-je raconter et retourner aux messages d'Angleterre, FROISS. I, I, 65.
   [Son cheval] l'emporta, voulust ou non, droit en-my le logis des Anglois, FROISS. I, I, 91.
   Si escripsit devers messire Jean d'Armignac que à ce besoin il ne lui voulsist faillir, FROISS. II, II, 1.
   Là furent faits plusieurs chevaliers.... qui estre le volrent, FROISS. II, II, 58.
   Tous ceus faisoient du roi ce qu'ils vouloient, et le menoient et le demenoient ainsi comme il leur plaisoit, FROISS. II, III, 36.
   Et quand il fut assailly, alors il dit : que voulez-vous que je vous die ?, Jeh. de Saint. ch. 3.
   Puisque le cueur de moi avez, Le vostre fault que me laissiez ; Car sans cueur vivre ne pourroye ; Faictes en, comme vous vouldrez, Ma seule souveraine joye, CH. D'ORL. Bal. 2.
   Et le roy.... faisoit ce qu'on vouloit ; aussi estoit-il aucunement empesché de maladie, JUVÉN. Charles VI, 1407.
   Aucuns ont voulu dire que ledit conte du Mayne avoit intelligence avec eulx, COMM. I, 3.
   Le conte de Charolois vouloit dire que le roy ne les devoit rachapter [certaines villes], luy ramentevant combien il estoit tenu à sa maison durant qu'il estoit fugitif de son pere, COMM. I, 12.
   XVIe s.
   Je ne suis point voulu passer oultre jusques à ceste heure, MARGUER. Lett. LVIII.
   Où est l'ami que tant bon on reclame, Qui pour l'ami voulust bailler son ame ?, MAROT I, 265.
   Compter vous vueil un debat qui m'esveille, MAROT I, 399.
   Chante qui veut, balle qui veut baller ; Ce seul plaisir seulement je vousisse...., MAROT II, 393.
   Balaam, vousist-il ou non, ne se peut tenir de dire que Dieu n'est pas semblable aux hommes, pour mentir, CALVIN Instit. 157.
   La raison le veult ainsi, RAB. Garg. I, 28.
   Si par nous eust esté pourté faveur à tes malvouluz, RAB. I, 31.
   Ce que j'en dy, ce n'est pas mal que je vous vueille...., RAB. Pant. III, 31.
   Un obstiné, qui une mesme chose Veutet deveut cent fois en un instant, ST GELAIS 4.
   Nostre langue n'est tant irreguliere, qu'on voudroit bien dire, DU BELLAY I, 11, verso..
   Que pleust aux muses, pour le bien que je veux à nostre langue, que...., DU BELLAY I, 35, recto..
   Quasi touts desestimez et mal voulus, MONT. IV, 24.
   Ceux à qui nous ne voulons point de bien, LANOUE 74.
   Son auctorité le rendoit mal voulu, à cause qu'il estoit homme superbe, AMYOT Thésée, 22.
   Ils estoient tous deux bien voulus de leurs semblables, AMYOT Rom. 7.
   Ils sont plus tourmentés sans comparaison de leurs douleurs quand il veut pleuvoir, que lors qu'il fait beau temps, PARÉ IX, 5.
   Je suis de tel advis : me blasme de ceci, M'estime qui voudra, je le conseille ainsi, RONS. 125.
   Bourg. veloi ; wallon, voleur ; provenç. voler ; ital. volere ; du lat. fictif volere, dérivé de l'indicatif latin volo, je veux ; goth. viljan ; all. wollen ; angl. to will ; radical sanscr. var, vri, choisir.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. VOULOIR. - REM. Ajoutez :
   4. Avec le prétérit indéfini de vouloir, et un que suivant, Mme de Sévigné a mis le verbe de la proposition subordonnée au prétérit indéfini du subjonctif : Elle n'a jamais voulu qu'il ait été saigné, 5 août 1671 ; Ils n'ont pas voulu que nous soyons partis plus tôt, 25 mai 1689. On dirait plutôt : qu'il fût saigné ; que nous partissions ; mais il n'y a rien à redire à ces phrases de Mme de Sévigné.
————————
vouloir 2.
(vou-loir) s. m.
   Acte de la volonté, action de vouloir.
   Une infinité de corps qui pourraient y être [sur la terre], si c'eût été le vouloir de Dieu de les y mettre, DESC. Méth. VI, 3.
   Pourvu que leur vouloir se range sous le nôtre, CORN. Gal. du Palais, IV, 8.
   Oh ! bien, bien ; tout cela sera le mieux du monde ; Mais rien n'ira pourtant que selon mon vouloir, J. B. ROUSS. Flatt. v, 7.
   Nos pensées, nos perceptions, nos vouloirs ou volontés, et nos sentiments de plaisir ou de douleur, DUMARS. Oeuv. t. v, p. 304.
   Malin vouloir, intention maligne, intention de nuire.
   Ce doucet est un chat, Qui, sous son minois hypocrite, Contre toute ta parenté D'un malin vouloir est porté, LA FONT. Fabl. VI, 5.
   De vos malins vouloirs voilà la digne issue, LA FONT. Florentin, sc. 14.
   J'ai soupçonné que, dans toute cette affaire, il y avait eu quelque malin vouloir ; et vous pouvez en général me mander si je me trompe, VOLT. Lett. d'Argental, 17 mars 1770.
   Mauvais vouloir, bon vouloir, disposition défavorable, favorable à. Son mauvais vouloir est visible.
   De votre bon vouloir nous sommes assurés, CORN. Nicom, I, 3.
   " Le vouloir pour la volonté est un terme qui a vieilli, et qui n'est plus reçu dans la prose, encore employé dans la poésie par ceux mêmes qui excellent aujourd'hui en cet art, " VAUGEL. Rem. t. II, p. 748, dans POUGENS.
   Voltaire, de son côté, dit : Joins le vouloir des dieux.... le vouloir n'est plus d'usage, VOLT. Comm. Corn. Rem. Théod. I, 1.
Mais l'usage a annulé ces décisions.
   XIIe s.
   Ne Diex voloir ne m'en doinst ne poissance, Couci, XVII.
   Puis qu'ele m'a du tout à son vouloir, ib..
   Tel poesté ne puet nul chardenaus aveir ; Par mei n'aura nul d'els de derraisun poeir, E poesté du pape n'aura par mun voleir, Th. le mart. 56.
   XIIIe s.
   Moult avoit grant desir d'accomplir son vouloir, Berte, LXV.
   Ors ne lion n'est ne beste sauvage, Qui, tel foiz est, ne fraigne son voloir De fere mal et ennui et damage, EUST. LE PEINTRE dans Couci, p. 99.
   Dites, fait-il, vostre voloir, la Rose, 2909.
   XVe s.
   J'ay bon vouloir envers vous ; mais tristesse M'a si longtemps en son dangier nourry Que j'ay du tout joye mis en oubli, CH. D'ORL. Ball. 41.
   XVIe s.
   Si vous condescendez à mon vouloir, vous ne bougerez jamais de ma compaignye, RAB. Pant. II, 9.
   Pour avoir la liberté, il n'a besoing que d'un simple vouloir, LA BOËTIE Servit. vol. p. 20.
   Vouloir 1.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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