- volume
- (vo-lu-m') s. m.1° Terme d'antiquité. Il se dit des livres qui étaient des feuilles roulées autour d'un bâtonnet arrondi de cèdre, de buis, d'ivoire ou d'os ; ce bâtonnet portait le nom d'ombilic, qu'on donnait aussi aux deux bouts saillants ou boutons de ce bâtonnet.• Ptolémée Philadelphe, en mourant, la laissa [la bibliothèque d'Alexandrie] composée déjà de cent mille volumes ; les princes de cette race qui le suivirent l'augmentèrent encore, de sorte qu'enfin il s'y trouva sept cent mille volumes, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VII, p. 300, dans POUGENS.2° Chez les modernes, livre relié ou broché, imprimé ou manuscrit. Il a fait relier les deux tomes en un seul volume.• Après mille discours dignes d'un grand volume, RÉGNIER Sat. x..• Douze ans sont écoulés depuis le jour fatal Qu'un libraire, imprimant les essais de ma plume, Donna, pour mon malheur, un trop heureux volume, BOILEAU Épît. VI.• A l'avénement de Louis XIV à la couronne, on n'y trouva [à la bibliothèque du roi] que cinq cents volumes ; il y en avait environ soixante-dix mille après la mort de ce prince, MAIRAN Élog..• Bignon, Je suis plus fâché que vous de donner l'histoire de Pierre le Grand volume à volume, comme le Paysan parvenu ; mais ce n'est pas ma faute, VOLT. Lett. d'Argental, 1er nov. 1760.• Il [Arnaud] combattit contre les jésuites et contre les réformés jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans ; on a de lui cent quatre volumes, VOLT. Louis XIV, 37.Par exagération.• Il faudrait des volumes..., il serait très long d'exposer par écrit... Il faudrait des volumes pour vous raconter toutes ses fautes, dont les moindres étaient d'une importance extrême, RETZ Mém. t. II, liv. I, p. 135, dans POUGENS.Un volume de lettres, une liasse de lettres.• Elle [Madame] revint à Paris en litière ; et, comme elle y montait, Montalais lui jeta un volume de lettres du comte de Guiche, LA FAY. Hist. Henr. d'Angl..Par exagération. Un volume, des volumes, une très longue lettre.• Pour celle [la lettre] de madame de Chaulnes, c'était un volume, elle ne finissait point, SÉV. 6 nov. 1689.• Venez me voir, venez m'ôter la plume des mains... voilà le moyen d'empêcher mes volumes, SÉV. 21 sept. 1676.• Quoique Madame n'eût jamais guère vu cette tante, elle lui écrivait des volumes deux et trois fois la semaine, SAINT-SIMON 53, 142.• Je voudrais bien épargner à vos bontés ces volumes d'écriture, et vous consulter de vive voix, VOLT. Lett. d'Argental, 23 juill. 1744.Travail qui fournit la matière d'un volume.• J'amasse de tes faits le pénible volume, BOILEAU Épît. VIII.Volume in-folio, livre où la feuille de papier fait deux feuillets.Volume in-quarto, celui où la feuille fait quatre feuillets.Volume in-octavo, in-douze, in-seize, etc. celui où la feuille pliée fait huit, douze, seize feuillets, etc.3° Fig. Développement, ampleur.• La forme du soulier, au volume près, était égale pour les hommes comme pour les femmes, Hist. des Vestales, dans DESFONTAINES.Fig.• La plupart des changements qu'un homme fait à son état pour le rendre meilleur, augmentent la place qu'il tient dans le monde, son volume, pour ainsi dire ; mais ce volume plus grand donne plus de prise aux coups de la fortune, FONTEN. Bonh. Oeuv., t. III, p. 265.• N'y a-t-il pas mille occasions où la sagesse même doit jeter en avant un volume d'espérance au défaut d'une masse de bien réel ?, BUFF. Ess. arithm. mor. t. x, 134.• Il ne serait pas impossible qu'en ne s'occupant que du désir d'obliger, on se fît une réputation tout opposée, parce que le volume des bienfaits ne peut jamais égaler le volume des besoins, DUCLOS Consid. moeurs, VII.Fig. En grand volume, en petit volume (locution familière à madame de Sévigné ; c'est un archaïsme, voy. l'historique), en grande quantité, en petite quantité, avec beaucoup de force, avec peu de force.• Écrivez-moi en petit volume, SÉV. 8 avril 1689.• Je n'aime point votre petit torticolis ; c'est toujours une douleur sensible et importune, quoique en petit volume, SÉV. 5 nov. 1676.• Je l'ai vu [le cardinal de Retz] fort possédé de l'envie de vous témoigner en grand volume son amitié, quand il aura payé ses dettes, SÉV. 26 juin 1675.• Vous avez eu des temps enragés, et nous aussi ; un froid extrême, et de la neige en grand volume, comme vous savez, SÉV. 22 févr. 1695.• Le plaisant caractère [de madame de Montbrun] ! toute pleine de sa bonne maison, qu'elle prend depuis le déluge.... M. de Sottenville en grand volume, SÉV. 2 oct. 1689.4° Il se dit de la masse d'eau que roule un fleuve, une rivière.• Pour rendre intarissable la source des eaux du canal et en mesurer le volume, sans jamais le faire dépendre du cours des rivières voisines, MARMONTEL Mém. VII.5° Terme de musique, par comparaison avec un volume d'eau. Masse de son que donne une voix ou un instrument sur chacun des degrés de son diapason.• Cette voix éclatante, qui remplissait la salle de son volume harmonieux, MARMONTEL Cont. mor. Soliman, II.6° Terme de géométrie et de physique. L'espace occupé par les corps. Le volume d'un corps est égal à son poids divisé par sa densité. Cela est d'un gros volume et d'un petit poids.• Les pesanteurs spécifiques des métaux et des denrées, sous un volume égal, VOLT. Zadig, 10.• Il [le rhinocéros] approche de l'éléphant pour le volume et la masse, BUFF. Quadrup. t. IV, p. 318.• On sait qu'un corps plongé dans l'eau déplace un volume d'eau parfaitement égal au sien, BRISSON Traité de phys. t. I, p. 273.• A un volume d'eau de cinq pouces cubes ajoutez un pareil volume de cendre, le volume du mélange ne sera que de six pouces cubes, BRISSON ib. t. I, p. 14.7° Il se dit de la grosseur des organes du corps vivant. La comparaison du volume du cerveau.• Le volume que ce viscère [le foie] avait acquis venait d'une tumeur qui s'était formée à la face concave, SABATIER Instit. Mém. scienc. 1807, 2esem. p. 134.8° Terme de miroitier. Tout morceau de glace, de quelque dimension qu'il soit.XIIIe s.• Je metrai en une petite somme ce qu'ilz ont espandu en divers volumes, J. DE MEUNG Végèce, I, 8.XIVe s.• Il entrerent de nuit en la maison du bedel de l'estude de Tholouse, et prindrent en icelle un volume et unes viez concordanses de theologie, DU CANGE volumen..XVe s.• Et fit retailler à un chacun son glaive [lance] au volume de cinq piés, FROISS. I, p. 224, dans LACURNE.XVIe s.• En Hollande on s'exerce en grand volume en telle espece de chasse, O. DE SERRES 995.Provenç. volum ; espagn. volumen ; ital. volume ; du lat. volumen, repli, volume, de volvere rouler, le même que le grec. Les anciens nommaient volume un livre, parce qu'un livre était une longue page de papyrus enroulée autour d'une baguette. Volume, dans le français, a pris le sens de grosseur à cause de l'idée de pli et repli qui y est attachée. Aux XIVe et XVe s. on disait volumer pour composer, écrire.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.