- vanter
- (van-té) v. a.1° Louer extrêmement.• Rien que ton intérêt n'occupe sa pensée ; Nuls divertissements ne l'appellent ailleurs, Et, de quelque bons yeux qu'on ait vanté Lyncée, Il en a de meilleurs, MALH. II, 12.• Le prince vantait les conseils de l'un, la hardiesse de l'autre ; chacun avait son rang dans ses discours, BOSSUET Louis de Bourbon..• Cependant, à le voir avec tant d'arrogance Vanter le faux éclat de sa haute naissance, BOILEAU Sat. v..• Quelquefois il vous plaint, souvent même il vous vante, RAC. Athal. I, 1.• Je ne veux point ici vous vanter mes services, RAC. ib. III, 4.• Anne d'Autriche, dont on vantait l'esprit, les grâces, la bonté, n'avait presque jamais été en France que malheureuse, VOLT. Louis XIV, 4.2° Se vanter, v. réfl. Se louer excessivement.• Tant il eut une honte extrême De s'être ainsi vanté soi-même, SCARR. Virg. VIII.• C'est le défaut de tous les héros de Corneille de se vanter toujours, VOLT. Comm. Corn. Rem. Sertor. III, 2.• Les demeures de nos pères ne nous conviennent non plus aujourd'hui que leurs lois ; et, comme nous valons mieux qu'eux à tous égards, sans nous vanter, ce me semble..., P. L. COUR. Simple discours..3° Se vanter de, se faire gloire de, se faire honneur de.• Et bien ! à vos dépens vous verrez que Sévère Ne se vante jamais que de ce qu'il peut faire, CORN. Poly. v, 6.• Là Mégère punit les langues indiscrètes, Surtout ceux qui, tachés du plus noir des forfaits, Se sont vantés d'un bien qu'on ne leur fit jamais, LA FONT. Psyché, II, p. 194.• Quel objet a-t-il en tout cela [un joueur de billard] ? celui de se vanter demain entre ses amis de ce qu'il a mieux joué qu'un autre, PASC. Pens. IV, 2, éd. HAVET..• Quoiqu'elle ne se vantât jamais des belles actions qu'elle faisait, vous pouviez vous vanter des vôtres avec elle en toute sûreté, MARIV. Marianne, 4e part..• Une fille d'Agrippa fut cette Bérénice célèbre pour avoir été aimée d'un des meilleurs empereurs dont Rome se vante, VOLT. Dict. phil. Juifs..Il n'y a pas de quoi se vanter, se dit de quelqu'un qui a fait une action blâmable, honteuse.Se vanter que....• Que dites-vous de mes canons ? .. je puis me vanter au moins qu'ils ont un grand quartier de plus que tous ceux qu'on fait, MOL. Préc. 10.4° Se faire fort de.• Je ne me vante pas de pouvoir le fléchir, CORN. Pomp. IV, 2.• Gorgias fut le premier qui osa se vanter dans un nombreux auditoire, qu'il était prêt à répondre sur quelque matière qu'on voulût lui proposer, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. XI, 2e part. p. 765, dans POUGENS..• Il [Paracelse] se vantait de conserver un homme en vie pendant plusieurs siècles, et il mourut lui-même âgé de quarante-huit ans, ROLLIN Hist. anc. XXVI, IV, 3.5° Se vanter de, dire hautement, publiquement.• Du moins, quand cette nuit j'aurai su les frotter, Je ne crois pas qu'après ils aillent s'en vanter, DUCERCEAU Éc. des pères, II, 6.Je ne m'en vante pas, il ne s'en vante pas, se dit d'une action qu'on a faite, mais qu'on a quelque raison de cacher à ceux qu'elle intéresse.• Je lui ai conseillé de ne rien épargner ; mais je ne m'en vante pas à Mme la duchesse de Noailles, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 25 nov. 1700.Il fait bon battre un glorieux, il ne s'en vante pas, voy. glorieux.XIe s.• N'en vanteras [tu ne t'en vanteras] el regne dunt tu fus, Ch. de Rol. CXLIV.• Ki traïst altre, nen est dreiz qu'il s'en vant, ib. CCXCI.XIIe s.• À Saltevade sunt li felun returné, De lur grant felunie se sunt la nuit vanté, Th. le mart. 150.XIIIe s.• Bien vous poez vanter que jamais vous n'aurez...., Berte, XVII.• Secedin, ce vaillant turc, se vanta que il mangeroit le jour de la feste saint Sebastien es paveillons le roy, JOINV. 222.XVe s.• ... J'ay, je m'en puis bien vanter, Le rebours de ma voulenté, CH. D'ORL. Ball. 17.• Encor ne le dy-je pas pour me Vanter : mais n'a au territoire.... Homme plus saige, fors le maire, Patelin.• À petit parler, bien vanter, VILLON Arch. de Bagn..XVIe s.• Plutarque aime mieux que nous le vantions de son jugement que de son savoir, MONT. I, 170.• Un president se vantoit, où j'estois, d'avoir amoncelé deux cents et tant de lieux estrangiers en un sien arrest presidental, MONT. IV, 220.Lat. vanitare, qui est dans saint Augustin, Op. t. I, p. 437 et 761, de vanus, vain. Le provenç. vanar, ital. vanare, dérivent du lat. vanare, mentir, qui vient aussi de vanus.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.