- tonneau
- (to-nô) s. m.1° Grand vaisseau fait de douves de bois assemblées, entouré de cercles et fermé par deux fonds, pour mettre des liquides et des marchandises. Un tonneau d'huile.• Dans un canton [de la Suisse], sur treize tonneaux de vin on en donne un [pour l'impôt], et on en boit douze ; dans un autre canton, on paye la douzième partie, et on en boit onze, VOLT. l'Hom. aux 40 écus, Entret. avec un géomètre..• Les Gaulois habitants des Alpes avaient inventé les vases de bois appelés tonneaux, comme l'atteste Pline, MONGEZ Instit. Mém. hist. et litt. anc. t. III, p. 61.Fig. Si on ne lui donne de la fumée, il s'enfume lui-même, et s'enivre pour ainsi dire à son tonneau, Anti-Ménagiana, p. 52.Fig. et familièrement. C'est un tonneau ; se dit quelquefois d'un ivrogne.2° Grand vase en terre cuite, employé chez les anciens, et auquel les modernes donnent le nom de tonneau en certaines locutions.Le tonneau de Diogène, tonneau dans lequel Diogène faisait sa demeure.• Est-il vrai que tu étais heureux dans ton tonneau ?, FÉN. Dial. des morts anc. Diogène, Denis l'ancien..• Il est vrai que, quand tout le monde se ferait Diogène, comme Rousseau, il faudrait parcourir bien des tonneaux avant de rencontrer un Diogène comme celui-là, D'ALEMB. Oeuv. t. v, p. 375.Fig. Rouler son tonneau, se livrer à quelque travail sans objet, par allusion à Diogène, qui, pour ne pas paraître oisif au milieu des Corinthiens se préparant à soutenir un siége, se mit à rouler son tonneau.• Diogène sous ton manteau, Libre et content, je bois et ris sans gêne, Diogène sous ton manteau, Libre et content, je roule mon tonneau, BÉRANG. Nouv. Diog..Les deux tonneaux de Jupiter, tonneaux qui, suivant Homère, sont placés à côté de Jupiter, et contiennent l'un les biens, l'autre les maux.• Des deux tonneaux de Jupiter, le plus gros est celui du mal ; or pourquoi Jupiter a-t-il fait ce tonneau aussi énorme que celui de Cîteaux ?, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 5 mai 1756.• Votre Majesté a bien raison de dire que le mauvais tonneau de Jupiter, celui qui verse les maux sur les hommes, est plus grand et plus plein que celui qui verse les biens, D'ALEMB. Lett. au roi de Pr. 11 oct. 1782.Fig. Tonneau des Danaïdes, voy. danaïdes.3° Le contenu du tonneau.Toute marchandise renfermée dans un tonneau.4° Tonneau rempli de terre servant dans les siéges et les fortifications.• [à Suze] Louis XIII escalada les retranchements, poussé par les épaules pour escalader sur les roches et sur les tonneaux et sur les parapets, SAINT-SIMON 8, 96.5° Sorte de demi-tonneau dans lequel certaines marchandes se tiennent au marché pour leur commerce.• Mme de Luxembourg ressemblait à ces grosses vilaines harengères qui sont dans un tonneau avec leurs chaufferettes sous elles, SAINT-SIMON 97, 27.6° Dans le commerce des vins, des cidres, mesure plus grande que le muid. Notre province de Normandie... savoir, du tonneau contenant trois muids mesure de Paris à raison de 288 pintes de clair sans marc ni lie pour chacun muid ; de la pipe qui est la moitié du tonneau ; du muid qui est le tiers et du demi-muid qui est le sixième, Lett. pat. juill. 1680.7° Appareil qui sert de but pour tirer à la bombe.8° Baril défoncé, sur lequel les argenteurs posent la chaudière, afin qu'elle soit plus à portée de l'ouvrier.9° Terme de marine. Anciennement, poids de deux mille livres, et, en volume, espace de 40 pieds cubes.• Après la paix de 1763, la Grande-Bretagne a envoyé assez régulièrement, tous les ans, aux côtes de Guinée, 195 navires, formant ensemble 23 000 tonneaux, et montés de 7 ou 8000 hommes, RAYNAL Hist. phil. XI, 20.Aujourd'hui, le tonneau de mer, ou tonneau métrique, est du volume d'un mètre cube, et du poids de 1000 kilogrammes (eau distillée). Navire de 500 tonneaux, de 1000 tonneaux.Tonneau de jauge, totalité des tonneaux que la jauge assigne ; tonneau de déplacement, le volume d'eau qu'un navire déplace.10° Tonneau de pierres se dit d'une quantité de pierres de quatorze pieds cubes, qui pèse environ la moitié d'un tonneau de navire.11° Nom donné en Flandre à l'engrais provenant des fosses d'aisance.12° Espèce de jeu, table percée de trous, qui répondent à autant de cases marquées 10, 20, 30, 50, 100, etc. ; on tâche de loin d'y faire entrer des palets de fer, de cuivre ou de plomb, après être convenu du nombre qu'il faut atteindre pour gagner la partie. Jouer au tonneau.XIIe s.• Il i ont mis du fu tout rasé [ras] un tonel, Sax. IX.• Mes hummes [ils] unt batuz, mun somier escurcié ; Mes tuneaus e mon vin tolu e esforcié, Th. le mart. 142.XIIIe s.• Il pristrent dix sept grans nés [nefs], et les emplirent de grans merriens et d'estoupes et de pois et de tonnauts vuis [vides], VILLEH. XCV.• Nus jaugeur ne puet ne ne doit prendre de un tonnel jaugier, quelque li tonniax soit, petit ou grans, que deux deniers, Liv. des mét. 27.• Jupiter en toute saison A sor le suel de sa maison, Ce dit Omers, deus plains tonneaus, la Rose, 6839.• Ou le tonnel sans fons ira Emplir, ne ja ne l'emplira, Si cum font les Belidiennes Por lor folies anciennes, ib. 19501.• Ne vont pas après Dieu tel gent le droit sentier ; Ainz [onque] Diex ne vout avoir tonel sor son chantier, Ne denier l'un sor l'autre, ne blé, ne pain entier, RUTEB. 177.XVIe s.• Item est à entendre que les noms des chargements sont differents, combien que qui l'entend tout revient à ung ; car en ponent parlent à tonneaux, et en Provence et levant parlent à bottes : ung tonneau vault deux bottes, et doit poiser le tonneau de dix neuf à vingt quintaux peu plus peu moins, et la botte neuf quintaulx et demy, ANT. DE CONFLANTS Faits de la marine, dans JAL.• C'est ressembler aux tonneaux qu'on perce : l'on n'en peut rien tirer qu'on ne leur donne du vent, CHARRON Sagesse, I, 21.• À savoir le tonneau contenir 504 pots, la pipe ou queue 252 pots, la barique ou demie queue 126 pots ; le hambourt ou le demi ponçon 81 pots ; le baril de cervoise 72 pots, le baril d'huile 64 pots, Ordonn. des assises de Caudebec, du 30 janv. 1584, homologuées par Lett. Pat. 6 sept. 1585.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRETONNEAU. Ajoutez :
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.