- soit
- (soi ; le t se lie : soi-t avec lui, soi-t avec nous ; certains font sentir le t, quand soit est isolé, cela ne vaut rien) adv.1° Que cela soit, j'y consens, voy. être 1, au n° 15.Ainsi soit-il, voy. être 1, au n° 15.2° Conjonction exprimant une alternative.• Soit une vérité, soit un conte, n'importe, CORN. Androm. IV, 4.• Soit qu'il soit fidèle, soit qu'il ne le soit pas, elle [l'Église] le considère toujours, ou comme étant l'un de ses enfants, ou comme étant capable de l'être, PASC. Prov. XIV.• Soit que je fusse manichéen, soit que je fusse catholique, soit que je ne fusse rien du tout, ma raison me disait que je n'étais pas ce que je devais être, BOURDAL. Jugem. dern. 1er avent, p. 76.• N'en doutez point, seigneur, soit raison, soit caprice, Rome ne l'attend pas pour son impératrice, RAC. Bérén. II, 2.3° On emploie aussi ou, au lieu de répéter soit.• Soit qu'ils se trompent ou non dans cette supposition, PASC. Prov. XVII.• Hérodote avait promis une histoire particulière des Assyriens, que nous n'avons pas, soit qu'elle ait été perdue, ou qu'il n'ait pas eu le temps de la faire, BOSSUET Hist. I, 7.• La mort, soit qu'elle ait été sainte ou criminelle, BOURDAL. Carême, II, Prépar. à la mort, 409.• Soit dans l'ordre de la nature ou dans l'ordre de la grâce, BOURDAL. Carême, III, Parole de Dieu, 2.• Soit que je vous regarde ou que je l'envisage, Partout du désespoir je rencontre l'image, RAC. Bérén. V, 7.• Et, soit frayeur encore, ou pour me caresser, De ses bras innocents je me sentis presser, RAC. Athal. I, 2.• Ainsi, soit que nous considérions l'éclat ou l'esprit de son ministère [de Jésus-Christ]...., MASS. Avent, Divinité de J. C..4° En supposant. Soit quatre à multiplier par six.5° C'est-à-dire, à savoir. Un capital d'environ quatre cent mille florins, soit un million de livres italiennes.6° Tant soit peu, voy. tant.1. Soit que veut le subjonctif.2. Les grammairiens ne veulent pas qu'on mette ou devant soit : Soit qu'il l'accorde, ou soit qu'il le refuse, est mauvais suivant eux ; ils veulent qu'on dise : Soit qu'il l'accorde, soit qu'il le refuse, ou bien : soit qu'il l'accorde ou qu'il le refuse. Cette prescription était inconnue au XVIe siècle ; et, de fait, ou n'est qu'un pléonasme qui ne mérite pas condamnation.XIIIe s.• Prendre mari est chose à remenant ; N'est pas marchés qu'on laist quant [on] se repent ; Tenir l'esteut, soit lait ou avenant, Romancero, p. 73.• Garde que tu aies en ta compaingnie preudommes et loiaus qui ne soient pas plein de convoitise, soient religieus, soient seculiers, JOINV. 300.XVIe s.• La meilleure maniere de prier est de requerir Dieu de nous faire bien, soit que nous le demandions ou ne le demandions pas, CALV. Inst. 713.• Soit que je vive, ou bien soit que je meure, Le plus heureux des hommes je demeure, DU BELLAY II, 31, recto..• La mort, soit que nous la voyions en nous ou en aultruy...., MONT. I, 89.• Le senat empescha qu'il ne se feist, soit ou par une opiniastreté de se vouloir formaliser contre tout ce que le peuple desiroit, ou pour ce qu'il ne voulust point que ce personnage retournast par la grace et le benefice du peuple, AMYOT Cor. 45.• Tous animaux, ou soient ceux des campagnes, Soient ceux des bois, ou soient ceux des montagnes, RONS. 116.• Qui n'est jamais attaint du poignant aiguillon Ou soit de prophetie, ou soit de poësie, RONS. 784.• Mais nous pauvres chetifs, soit de jour, soit de nuit, Toujours quelque tristesse espineuse nous suit, RONS. 815.• Toutes aires et places, soient terres labourables, vignes, prez, bois et autres, O. DE SERRES 14.Troisième personne du présent du subj. du verbe être. Anciennement, alors qu'on avait le sentiment que soit était un verbe, on le mettait au pluriel quand la construction l'exigeait ; et, quand la phrase était au passé, au lieu de soit, on se servait de fust, fut.• Il se cognoissoit detteur de Dieu à glorifier son nom ; fust par vie, fust par mort, CALV. Inst. 561.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESOIT. Ajoutez :7° Soit ou non, que la chose soit ou ne soit pas.• Soit ou non que l'exportation de ces produits ait lieu à la décharge des taxes intérieures, le service doit veiller à ce que les dispositions relatives à la circulation aient été observées, Douanes, Tarif de 1877, p. XCV.• Peuvent être réadmises, quelle qu'en soit la nature, et soit ou non qu'elles portent des marques de fabrique, les marchandises françaises qui ont été expédiées à l'étranger par erreur, ib. p. CXV.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.