- signer
- (si-gné ; au XVIe siècle, Beze dit : prononcez siner ; au XVIIe Chifflet, Gramm. p. 227, dit que le g ne se prononce pas ; et en conformité la Fontaine, Épître 1re, met : En attendant que Mars m'en donne un [passe-port] et le sine) v. a.1° Au sens latin, faire une marque ; ce sens n'existe que dans quelques termes d'art.Marquer les endroits des pièces de verre qu'on veut couper.Terme de charpenterie. Marquer les bois avec la rouannette.En orfévrerie. Marquer l'argenterie avec le poinçon.2° Mettre son seing à une lettre, à un acte, etc. pour le rendre valable, pour s'engager soi-même.• Le mariage de Mlle d'Houdancourt et de M. de Ventadour a été signé ce matin, SÉV. 14.• Et le roi trop crédule a signé cet édit, RAC. Esth. I, 3.• Ils font comme les jésuites, qui, dit-on, forçaient tout le monde à signer la constitution, sans vouloir la signer eux-mêmes, J. J. ROUSS. Lett. de la Mont. 2.Fig.• C'est le vrai caractère que nature a gravé sur le front de ceux qu'elle a signés poëtes, sculpteurs...., DIDER. sur Térence..Fig. Je vous le signerais de mon sang, je suis prêt à vous le signer de mon sang, se dit pour attester énergiquement la vérité de ce qu'on avance.Les martyrs ont signé leur confession de leur sang, ils ont souffert la mort pour la défense de la religion.• Ces glorieux athlètes, qui eurent le courage et le bonheur de signer leur foi de leur sang, BOURDAL. Serm. 20e dim. après la Pentec. Domin. t. IV, p. 219.On dit de même : signer du sang de quelqu'un, faire périr quelqu'un en accomplissant quelque chose.• Et du sang du tyran signez cet hyménée, CORN. Héracl. III, 1.Signer une paix, un traité, conclure une paix, un traité.• Ordonnez, et j'espère Signer en votre nom cette paix salutaire, VOLT. Adél. du Guesclin. IV, 5.Fig. Signer la paix, effectuer une réconciliation.• Le transport du vizir marquait sur son visage Qu'un heureux changement le rappelle au palais, Et qu'il y vient signer une éternelle paix, RAC. Bajaz. III, 1.3° Absolument. Apposer sa signature.• Si vous n'eussiez pas signé [Mme de Grignan s'engageant pour son mari], vous faisiez comme tout le monde aurait fait ; et, en signant, vous faisiez au delà de tout le monde, SÉV. 6 nov. 1675.• J'ai dit qu'il [Fénelon] avait signé par obéissance ; quand on signe de cette sorte, on fait ce que la théologie appelle déposer son doute ou son opinion, BOSSUET Rem. sur la réponse, VII, IX, 47.• Tout est perdu, monsieur ; les créanciers n'ont pas voulu signer, GOLDONI Bourru bienfaisant, II, 6.• Je persiste à croire que les philosophes m'ont daigné prendre pour leur représentant, comme une compagnie fait souvent signer pour elle le moindre de ses associés ; je consens de signer, quoique j'aie la main fort tremblante, VOLT. Lett. à Schomberg, 28 mai 1770.• Si le testateur déclare qu'il ne sait ou ne peut signer, il sera fait mention de la déclaration, ainsi que de la cause qui l'empêche de signer, Code civ. art. 998.Signer à un contrat, y mettre sa signature comme témoin ou par honneur.• Assurément je ne signerais point à son contrat de mariage, SÉV. 384.• Ah ! sire, vous avez signé à mon contrat de mariage, BÉRANG. Contr. de mar..4° Familièrement. Signer son nom, écrire son nom, sa signature.• Et quand un gentilhomme en commençant à vivre Sait tirer en volant, boire et signer son nom, Il est aussi savant que défunt Cicéron, REGNARD Ménechm. III, 8.• Et bien ou mal enfin je sais signer mon nom, MONTFLEURY Femme juge et part. II, 1.• Éginhard, secrétaire de Charlemagne, nous apprend que ce conquérant ne savait pas signer son nom ; cependant il conçut par la force de son génie combien les belles-lettres étaient nécessaires, VOLT. Moeurs, 19.Il ne sait pas signer son nom, il ne sait pas signer.5° Signer une oeuvre, se dit d'un artiste qui met son nom au tableau, à la statue, à la gravure, etc. qu'il a exécutée.6° Fig. Approuver.• A : Que la loi règne et non le caprice. - B : Le genre humain est prêt à signer tout cela, VOLT. Dial. XXIV, 13.7° Se signer, v. réfl. Faire le signe de la croix.• La vieille se signa pour l'agonie que sonnait la cloche, CHATEAUBR. Natch. 2e part. vers le 1er quart..Avec ellipse du pronom personnel.• La chimie curieuse a des transmutations, des précipitations, des détonations, des explosions.... et mille autres merveilles à faire signer mille fois le peuple qui les verrait, J. J. ROUSS. Lett. de la Mont. 3.XIe s.• De sa main destre [il] l'ad asols e seignet [marqué du signe de la croix], Ch. de Rol. XXV.XIIIe s.• Quant evesque et abbé revenront de seignier [faire le signe de la croix sur] Le lit au roi Pepin...., Berte, XI.• Et la roine se sina de sa main diestre, et se commanda à Dieu, Chr. de Rains, p. 20.• Diex les maint et ramaigne ! L'apostoles de Rome les beneïst et saigne, Ch. d'Ant. I, 943.• Et qui veut avoir certaine mesure et oster soi de peril, si face se [sa] mesure sengnier au seing le conte, et adont porra mesurer sans peril, BEAUMANOIR XXVI, 6.• Et dist le saint roi : je vourroie estre seigné [marqué] d'un fer chaut, par tel convenant [à condition] que touz vileins seremens feussent ostez de mon royaume, JOINV. 293.• Madame ma mere me dit que toute foiz que je voudroie dire aucune chose, que je appelasse l'aide du saint Esprit et que je seignasse ma bouche [fisse le signe de la croix], JOINV. 256.XIVe s.• Pour avoir signé et ourlé une douzaine de touailles de toille de Reins, pour servir en la chambre du roy, DE LABORDE Émaux, p. 499.• À Jehan Malin, orfevre, pour seigner, aus armes de monseigneur le duc, V douzaines d'escuelles et XII plas d'argent, DE LABORDE ib..XVe s.• Quant Wautre Tillier vit le roy, qui estoit arresté, il dit à ses gens : veez là le roy ; je veux parler à luy ; ne vous mouvez d'icy, se je ne vous signe [fais signe], FROISS. II, p. 141, dans LACURNE.• Il rua de sa massue après le très vaillant prince ; mais luy, comme expert au mestier d'armes, escheva le coup, non pas si tost que l'escu, qu'il jecta au devant, ne fust un peu signé, Perceforest, t. IV, f° 15.XVIe s.• Les marques desquelles nostre Seigneur a accoustumé de signer les brebis de son troupeau, CALV. Instit. 653.• En beau papier je sçay tant bien signer, S'il vous plaisoit, monseigneur, me finer Un cent d'escus...., MAROT VI, 258.• On temps passé, les Thraces et Cretes signoyent les jours bien fortunez de pierres blanches, RAB. Garg. I, 10.• Ils avoyent treuvé male encontre, par faulte de s'estre seignez de la bonne main on matin, RAB. ib. I, 25.• Cassander, combien que les autres l'escrivissent et le nommassent roy, se signa tousjours comme il avoit accoustumé, AMYOT Demétr. 22.• Comme on luy presenta à signer la sentence, MONT. II, 1.Berry, siner, signer, se seigner, faire le signe de la croix ; Génev. se signer, apposer sa signature ; bourguig. seignai ; provenç. signar, senhar, senar ; anc. catal. senyar ; anc. espagn. señar ; espagn. mod. signar ; ital. segnare ; du lat. signare, de signum, signe.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESIGNER. Ajoutez :8° Se signer, mettre sa signature (emploi inusité).• Si vous voulez que je vous die ce qui m'en semble et que je me signe..., MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..• Je me signai audit mariage, MALH. ib..Être signé, avoir mis sa signature (emploi inusité).• Je suis signé au mariage de mon frère, MALH. ib..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.