signe

signe
(si-gn' ; au XVIe siècle, Bèze dit : prononcez sine ; au XVIIe, on trouve souvent signe écrit sine, ce qui indique la prononciation courante) s. m.
   Indice d'une chose présente, passée ou à venir.
   Là bientôt il montra quelques signes de vie, CORN. Poly. I, 4.
   Oh, que voilà bien, entre vos deux yeux, un signe de longue vie !, MOL. l'Av. II, 6.
   S'il ne donne pas de signes suffisants de sa douleur, PASC. Prov. X..
   Il faut qu'on n'en puisse dire, ni il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent ; mais il est honnête homme.... quand en voyant un homme on se souvient de son livre, c'est mauvais signe, PASC. Pens. VI, 15 ter, éd. HAVET..
   Si je ne vous mande point le contraire, avant que de fermer demain ma lettre à Paris, c'est signe que cela est vrai, SÉV. 144.
   Il [Jésus] vient au monde avec le signe de l'humilité, avec le signe de la pauvreté, avec le signe de la mortification, BOURDAL. Myst. Nat. de J. C. t. I, p. 14.
   Et ne devrait-on pas, à des signes certains, Reconnaître le coeur des perfides humains ?, RAC. Phèdre, IV, 2.
   Paul Émile, avant que de combattre contre Persée, immola de suite à Hercule jusqu'à vingt boeufs, sans trouver dans toutes ces victimes aucun signe favorable ; ce ne fut qu'au vingt-et-unième qu'il crut en voir qui lui promettaient la victoire, ROLLIN Hist. anc. Oeuvr. 2e part. p. 440, dans POUGENS.
   C'est bon signe quand un roi et un simple homme pensent de même, VOLT. Lett. au roi de Pr. 27 juill. 1770.
   Si quelque chose peut confirmer ce que nous avons dit au sujet de la cessation graduelle de la vie, et prouver encore mieux que sa fin n'arrive que par nuances souvent insensibles, c'est l'incertitude des signes de la mort, BUFF. Hist. nat. Hom. t. IV, p. 377.
   Je m'en tiendrai, comme j'ai fait jusqu'à présent, à cette réflexion d'Aristote : je lui demandais à quel signe on reconnaît un bon ouvrage ; il me répondit : s'il est impossible d'y rien ajouter, et d'en retrancher la moindre chose, BARTHÉL. Anach. ch. 58.
   Fig. Il ne nous a donné aucun signe de vie, il n'a pas donné le moindre signe de vie, il n'a pas donné signe de vie, se dit d'un homme absent qui n'écrit point, ne donne aucune marque de souvenir.
   Il y a longtemps, mon cher et illustre maître, que je n'ai entendu parler de vous, et que de mon côté je ne vous ai donné signe de vie, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 12 févr. 1774.
   Donner signe de vie, signifie aussi montrer qu'on existe.
   M. de Marsillac a paru un peu sensible à la prospérité de la belle Fontanges, il n'avait donné jusque-là aucun signe de vie, SÉV. 418.
   Un signe de vie, lettre ou moyen quelconque par lequel on se rappelle au souvenir de quelqu'un.
   Je remercie M. de Dangeau de son signe de vie, MAINTENON Lett. à Mme de Dangeau, t. VII, p. 93, dans POUGENS..
   Marque distinctive.
   L'Europe, l'Afrique et l'Asie reçoivent des prédicateurs dans lesquels Dieu a mis son signe, afin qu'ils découvrent sa gloire aux gentils, BOSSUET Hist. II, 4.
   Et notre père même, en commençant à croître, Nous attachait un signe afin de nous connaître [deux jumeaux], REGNARD Ménechm. I, 2.
   Ce qui sert à représenter une chose. Les mots ne sont que les signes des idées. Les signes algébriques, géométriques. Les signes de la ponctuation.
   À l'égard du gouvernement despotique, ce serait un prodige si les choses y représentaient leur signe, MONTESQ. Esp. XXII, 2.
   Lorsque l'on a des signes de richesses, on peut faire un amas de ces signes et les distribuer à qui l'on veut, MONTESQ. ib. XVIII, 17.
   Lettré, lâche, hypocrite et charlatan, parlant beaucoup sans rien dire, plein d'esprit sans aucun génie, abondant en signes et stérile en idées, J. J. ROUSS. Hél. IV, 3.
   En général, ne substituez jamais le signe à la chose, J. J. ROUSS. Ém. III.
   Il paraît étonnant que, les signes de la musique étant restés aussi longtemps dans l'état d'imperfection où nous les voyons encore aujourd'hui, la difficulté de l'apprendre n'ait pas averti le public que c'était la faute des caractères et non pas celle de l'art, J. J. ROUSS. Dissert. sur la mus. mod. préf..
   Je suis convaincu que l'usage des signes est le principe qui développe le germe de toutes nos idées, CONDIL. Conn. hum. introd..
   L'arithmétique fournit un exemple bien sensible de la nécessité des signes, CONDIL. Art de pens. I, 5.
   Le plus frappant des avantages des signes, celui qui se présente le premier à la vue, est de transmettre à l'individu toutes les idées acquises par l'espèce jusqu'à lui, DESTUTT TRACY Mém. sc. mor. et pol. t. I, p. 418.
   Dans les sciences naturelles, figures ou caractères particuliers, différents des lettres proprement dites et des abréviations, qui servent à désigner certains objets, certaines qualités, ou à remplacer des phrases et des expressions qui reviennent souvent dans une description. Signes botaniques. Signes zoologiques.
   Démonstration extérieure pour faire connaître ce qu'on pense, ce qu'on veut. Les muets parlent par signes. On illumina en signe de réjouissance.
   Vous regardiez d'un autre cô ; je vous fis signe tant que je pus, VOIT. Lett. 9.
   Le roi prit la parole.... et dit.... et fit un signe de tête à l'ambassadeur, qui lui fit comprendre qu'il ne voulait point de réplique, SÉV. 109.
   Ma pauvre tante me pria l'autre jour par signes de vous faire mille amitiés, SÉV. 149.
   J'ai vu les filles de Sion la tête levée, marchant d'un pas affecté, avec des contenances étudiées, et faisant signe des yeux à droit [droite] et à gauche, BOSSUET la Vallière..
   Jupiter, père et roi des dieux et des hommes, qui d'un signe de sa tête ébranle l'univers, FÉN. Tél. VIII.
   Je faisais signe de la main pour demander qu'on m'écoutât, FÉN. ib. VI.
   Elle fit signe qu'elle ne voulait aucun soulagement, FÉN. ib. VIII.
   Les enfants de cette grande famille [les pythagoriciens] dispersée en plusieurs climats, sans s'être jamais vus, se reconnaissaient à certains signes, et se traitaient au premier abord comme s'ils s'étaient toujours connus, BARTHÉL. Anach. ch. 75.
   Un regard, un vain signe, un bruit léger me glace, C. DELAV. Paria, III, 4.
   Le signe de la croix, l'action que les catholiques font en portant la main du front à l'estomac, puis de l'épaule gauche à l'épaule droite, en forme de croix. Faire le signe de la croix. Faire des signes de croix.
   Une tour.... qui.... Fut bâtie en trois nuits, au dire de nos pères, Par un ermite saint qui remuait les pierres Avec le signe de la croix, V. HUGO Ball. les Deux archers..
   Faire le signe de la croix derrière son dos, se disait des écoliers qui jetaient leurs mains par-dessus leurs épaules, en faisant avec précipitation le signe du salut, Souv. de la marq. de Créquy, t. I, p. 120.
   Terme de marine. Nom générique de tout ce qui sert à faire un signal.
   Terme de médecine. Tout phénomène apparent, tout symptôme et toute disposition ou caractère par le moyen duquel on parvient à la connaissance d'effets plus cachés, dérobés au témoignage direct des sens. On distingue trois ordres de signes dans la maladie : les diagnostiques, les commémoratifs et les pronostics.
   Marque ou tache naturelle sur la peau.
   Le signe noir qu'elle avait à côté de l'oeil gauche, était une des plus grandes séductions que l'amour eût attachées à toute sa personne, COMTE DE CAYLUS Contes orient. Oeuvr. t. VII, p. 409, dans POUGENS.
10°   Miracle, manifestation d'une puissance surnaturelle.
   Ils demandent un signe ; et il ne leur en sera point donné d'autre que celui du prophète Jonas, SACI Bible, Évang. St Luc, XI, 29.
   Et on demande : qu'avez-vous pour vous faire plutôt croire que les autres ? quel signe faites-vous ? vous n'avez que des paroles, et nous aussi, PASC. Pens. XXIII, 31, éd. HAVET..
   Faisant des signes et des prodiges que nul autre avant lui n'avait jamais faits, MASS. Avent, Dispos. à la comm..
11°   Phénomènes que l'on voit quelquefois dans le ciel et qu'on regarde comme des présages.
   Cela me fait souvenir d'une invention pour faire paraître des signes dans le ciel, DESC. Météor..
   Voici ce jour horrible où tout périt pour moi.... Que ce jour est marqué par des signes affreux !, VOLT. Alz. I, 4.
12°   Terme d'astronomie. Les douze constellations qui forment le zodiaque. Les douze signes du zodiaque.
   Hipparque fut le premier qui chez les Grecs s'aperçut que le soleil ne se levait plus au printemps dans les signes où il s'était levé autrefois, VOLT. Newt. III, 10.
   Particulièrement, la douzième partie de l'écliptique, division qui n'a plus rien de commun avec les douze constellations zodiacales.
   Les signes sont des espaces égaux, chacun de trente degrés, formant ensemble les 360 degrés du cercle de l'écliptique, BAILLY Hist. astr. mod. t. III, p. 279.
   Les signes du zodiaque sont actuellement séparés des constellations ; ce sont deux choses distinctes, qu'il ne faut pas confondre, BAILLY ib..
   Maintenant que l'on cherche à tout ramener aux notions et aux expressions les plus simples, on commence à ne plus considérer les signes du zodiaque, et à marquer la position des astres sur l'écliptique par leur distance à l'équinoxe, LAPLACE Expos. V, 1.
13°   Il s'est dit anciennement pour seing.
   Plût à Dieu qu'il ne fallût ni sceaux ni signes pour l'assurance de ces pactions, et que la conscience et la foi en fussent les seules dépositaires !, MALH. le Traité des bienf. de Sénèque, III, 15.
14°   Étendard (latinisme inusité ; étendard se disant en latin signum).
   Ils [les vexillaires] tenaient levés les signes militaires des cohortes, l'aigle, le dragon, le loup, le minotaure, CHATEAUBR. Mart. VI.
PROVERBE Jeunesse qui veille et vieillesse qui dort, c'est signe de mort.
   1. SIGNE, SIGNAL., Le signe fait connaître, il est quelquefois naturel ; le signal avertit, il est toujours artificiel. On s'explique par signes avec les sourds ; et on convient d'un signal pour se faire entendre à des gens éloignés.
   2. SIGNE, SYMPTÔME., En médecine, le signe est une conclusion que l'esprit tire des symptômes observés. Le signe appartient plus au jugement et le symptôme aux sens. Le point de côté est un symptôme de la pleurésie, il ne devient signe que quand par la percussion on constate de la matité dans la poitrine.
   XIIIe s.
   Le signe de la mort estoit tel dans une épidémie], que là où le nez seignoit, il convenoit morir, JOINV. 236.
   XIVe s.
   Icellui de Chevreuse puisse faire drecier signe de justice [gibet] à deux pilliers en lieu convenable, et faire tout ce qui à hault justicier appartient, DU CANGE furca..
   Je di, ù qu'il ait finne amour, Ce ne poet iestre sans cremour [crainte] ; C'est d'amours li plus ciertains signes, J. DE CONDÉ t. II, p. 301.
   XVe s.
   Et fit tout trousser et charger, chars et sommiers, et fit signe [feignit] qu'il vouloit aller autre part, FROISS. I, I, 233.
   Et quant aux signes especiaulx, Li capricornes, li toreaulx, La Vierge, le mouton, l'acaire [aquarius], E. DESCH. Poésies mss. f° 471.
   Pour ce que les Lyegeois faisoient signe de soy vouloir rebeller, COMM. II, 5.
   Dont le connestable monstroit signe de desplaisir, COMM. III, 3.
   XVIe s.
   Sa verité est signée par les croyans, comme quand on met signe [seing] ou paraphe en une lettre, CALV. Instit. 424.
   Faire trois signes de croix au benedicite, MONT. I, 396.
   Et tout ainsi que c'est signe de vaillance de bien executer, aussi est-ce signe de prudence de bien deliberer, LANOUE 678.
   Après avoir baillé le signe et le mot de la bataille, AMYOT Sylla, 61.
   Du sel et des lentilles, que les Romains estiment signes de deuil et presage de mort, AMYOT Crassus, 38.
   Il feit signe de la teste, qu'il avoit la voix empeschée, et qu'il ne pouvoit parler, AMYOT Démosth. 36.
   Le syrop faisant signe de se moisir, après en avoir osté les fleurs de moisissure, le rebouillirez...., O. DE SERRES 858.
   Les vertus surmontent les signes [influences astrologiques], COTGRAVE .
   Wallon, seinn ; Berry, sine ; provenç. signe ; espagn. signo ; ital. segno ; du lat. signum.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
SIGNE. Ajoutez :
15°   Absolument, le signe, l'argent mis dans la main de la diseuse de bonne aventure. Nous aurions bien d'autres choses à vous dire, heureux jeune homme ; mais il faut commencer par mettre le signe dans la main.
   Qu'à cela ne tienne, repris-je, et sur-le champ je leur donnai un doublon, CAZOTTE le Diable amoureux, ch. XVI.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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  • signe — SIGNE. s. m. Indice, ce qui est la marque d une chose ou presente, ou passée, ou à venir. Signes necessaires. signes équivoques ou probables. par tout où l on voit de la fumée, c est signe qu il y a du feu. la respiration est un signe de vie.… …   Dictionnaire de l'Académie française

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  • SIGNE — s. m. Indice, marque d une chose présente, passée ou à venir. Signe certain. Signe infaillible. Signes équivoques. Signes douteux. Signe évident. Signe remarquable. La fumée est signe de feu. L intermittence du pouls est souvent un signe de mort… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 7eme edition (1835)

  • SIGNE — n. m. Indice, marque d’une chose. Signe certain. Signe infaillible. Signe évident. Signe douteux. Signes diagnostiques. Signes caractéristiques. Les signes précurseurs d’une révolution. Quand les hirondelles volent bas, on croit que c’est signe… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

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