- sang
- (san ; devant une voyelle ou une h muette, le g se lie et se prononce k ; un san-k illustre ; suer san-k et eau ; c'est aussi la règle que dans le XVIIe siècle donne Chifflet, Gramm. p. 213) s. m.1° Liquide assez épais, d'une couleur rouge tantôt claire et vermeille, tantôt foncée et comme noire, qui remplit le système entier des vaisseaux artériels et veineux. Le sang est employé dans les raffineries de sucre pour clarifier les sirops.• Il tombe dans son sang, CORN. le Ment. IV, 1.• Ayant présenté les fils d'Aaron, il prit du sang du bélier qui avait été immolé, en toucha l'extrémité de l'oreille droite de chacun d'eux et les pouces de leur main droite et de leur pied droit, SACI Bible, Lévit. VIII, 24.• Gardez-vous seulement de manger du sang de ces bêtes ; car leur sang est leur vie, et ainsi vous ne devez pas manger avec leur chair ce qui est leur vie, SACI ib. Deutéron. XII, 21.• La belle [Fontanges] perdant tout son sang, pâle, changée, accablée de tristesse, SÉV. 441.• Les jésuites sont plus puissants que jamais : ils ont fait défendre aux pères de l'Oratoire d'enseigner la philosophie de Descartes, et, par conséquent, au sang de circuler, SÉV. 12 oct. 1678.• On le vit à la bataille de Cerné charger trois fois les ennemis, couvert de sang et de poussière, FLÉCH. Duc de Mont..• Dans leur sang odieux [des Romains] j'ai pu tremper mes mains, RAC. Mithr. V, 5.• Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses ?, RAC. Athal. I, 1.• Il [un guerrier] paraissait comme le dieu Mars : des ruisseaux de sang coulaient autour de lui ; les roues de son char étaient teintes d'un sang noir, épais et écumant, FÉN. Tél. II.• Un seul de ces animaux [lions marins] auquel on coupa la gorge, et dont on recueillit le sang, en donna deux barriques, sans compter celui qui restait dans les vaisseaux de son corps, BUFF. Quadr. t. VI, p. 298.• On a démontré que le sang mis en contact avec le gaz oxygène prend une couleur rouge très vive, tandis que dans une atmosphère de gaz azote ou hydrogène il devient très noir, SENNEBIER Ess. art d'obs. t. II, p. 139, dans POUGENS.• La température du sang artériel n'est que d'environ un degré plus élevée que celle du sang veineux, THENARD Traité de chim. t. III, p. 596, dans POUGENS.• En montant à cet assaut [de Smolensk], nos colonnes d'attaque laissèrent une longue et large traînée de sang, de blessés et de morts, SÉGUR Hist. de Nap. VI, 4.Baptême de sang, le martyre souffert sans avoir reçu le baptême.Tout en sang, couvert de sang.• Une belle nuit, il [un fou] se donna cinq ou six coups de couteau, et, tout nu et tout en sang...., SÉV. 143.• J'ai vu le triste Hémon abandonner son rang Pour venir embrasser ce frère tout en sang, RAC. Théb. III, 3.Mettre en sang, battre, blesser jusqu'à ce que le sang coule abondamment.• Le père [de Rosimond], fort emporté, battit cruelle ment son fils, et le mit en sang, FÉN. t. XIX, p. 21.Fouetter, pincer, mordre jusqu'au sang, jusqu'à entamer la peau et faire paraître le sang.Se battre au premier sang, se battre en duel à condition que le combat cessera à la première blessure d'un des deux adversaires.• Il y a, je l'avoue, une autre sorte d'affaire où la gentillesse se mêle à la cruauté, et où l'on ne tue les gens que par hasard ; c'est celle où l'on se bat au premier sang ; au premier sang ! grand Dieu ! et qu'en veux-tu faire de ce sang, bête féroce ! le veux-tu boire ?, J. J. ROUSS. Nouv. Héloïse..Fig. et familièrement. Suer sang et eau, se donner beaucoup de peine.• Je suais sang et eau pour voir si du Japon Il viendrait à bon port au fait de son chapon, RAC. Plaid. III, 3.Fig. Je donnerais de mon sang, le plus pur de mon sang, je répandrais tout mon sang, jusqu'à la dernière goutte de mon sang pour..., se dit pour exprimer la grande affection qu'on a pour quelqu'un ou pour quelque chose.• Je donnerais mon sang pour vous soulager et pour vous servir, MAINTENON Lett. à Mme des Ursins, 4 juillet 1706.• Je donnerais de mon sang pour entendre dire : M. le cardinal est bien déclaré contre les jansénistes, MAINTENON Lett. au card. de Noailles, 24 oct. 1708.On dit de même, familièrement : Je voudrais qu'il m'en eût coûté une pinte de mon sang, et que cela fût ainsi, ne fût pas ainsi.Fig. Je le signerais de mon sang, se dit quelquefois pour assurer la vérité d'une chose.• Léonor : Me le signerez-vous ? - Moncade : De mon sang s'il le faut, BARON Hom. à bon. fort. III, 3.Fig. Le sang de l'âme, les larmes.• Les larmes que saint Augustin appelle si élégamment le sang de l'âme, BOSSUET Sermons, Parole de Dieu, 2.2° Le sang de Jésus-Christ, le sang de l'Agneau, le sang que Jésus-Christ a versé pour la rédemption des hommes, et sa présence dans l'eucharistie.• Il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui sera répandu pour plusieurs, SACI Bible, Évang. St Marc, XIV, 24.• On voit Madame présenter son corps à cette huile sacrée, ou plutôt au sang de Jésus-Christ, qui coule si abondamment avec cette précieuse liqueur, BOSSUET Duch. d'Orl..• Elle souhaite mille fois d'être plongée au sang de l'Agneau, BOSSUET ib..• Si le sang des veaux et des boucs rendait accessible le saint des saints, bien qu'une loi si rigoureuse en fermât l'entrée, le sang de l'homme-Dieu, Jésus-Christ n'ouvrira-t-il pas le sanctuaire ?, BOSSUET Sermons, Ascension, 1.3° Terme de zoologie. Animaux à sang rouge, les vertébrés.Animaux à sang blanc, les mollusques et autres animaux dont le sang est blanc.• Le sang des insectes est une liqueur subtile, transparente et ordinairement sans couleur, et qui, quoiqu'elle ne soit pas naturellement inflammable, résiste dans quelques espèces à un degré de froid supérieur à nos plus rudes hivers, BONNET Contempl. nat. Oeuv. t. VIII, p. 116, dans POUGENS.Animaux à sang froid, animaux dont le sang n'est pas sensiblement plus échauffé que le milieu qu'ils habitent.4° Il se dit de différents états physiques définis par un certain état du sang. Sang allumé. Rafraîchir le sang. Le sang lui monte facilement à la tête, et il a des étourdissements.• De peur de troubler mon sang, je ne veux rien envisager dans l'avenir qui me puisse déplaire, SÉV. 26 août 1685.• On a le mal dans le sang et dans les entrailles, avant qu'il éclate par la fièvre, BOSSUET Comédie, 8.5° Fig. Il se dit de différents états de l'âme définis par un certain état du sang.• Tel Sophocle à cent ans charmait encore Athènes, Tel bouillonnait encor son vieux sang dans ses veines, CORN. Au Roi, 1676.• Oh ! si M. le chevalier avait une telle cause en main, avec ce beau sang bouillant qui fait les héros et la goutte, il la saurait bien soutenir d'une autre manière que je fais, SÉV. 584.• Cette force, cette vigueur, ce sang chaud et bouillant, semblable à un vin fumeux, ne leur permet [aux jeunes gens] rien de rassis ni de modéré, BOSSUET Panég. St Bernard, 1.• Il se pique d'avoir le sang chaud et l'estomac dévorant, MAINTENON Lett. à l'abbé Gobelin, 8 mai 1675.• Tout mon sang de colère et de honte s'enflamme, RAC. Esth. III, 4.Il a le sang chaud, il est prompt et colère.Cela rafraîchit le sang, calme le sang, met du baume dans le sang, ce qui arrive est agréable et de nature à tranquilliser.• Il n'y a rien qui rafraîchisse le sang comme d'avoir su éviter de faire une sottise, LA BRUY. XI.Cela glace le sang, cela cause de l'effroi.Le sang se glace, on éprouve un grand effroi.• Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace, RAC. Esth. I, 3.• À ce nom redoutable, mon sang se glaça dans mes veines, LESAGE Gil Blas, III, 1.Je n'ai pas une goutte de sang dans mes veines, je suis saisi d'effroi, d'horreur.Vous me faites tourner le sang, vous me causez des émotions pénibles.Cela fait bouillir le sang, vous me faites bouillir le sang, cela me cause, vous me causez une impatience extrême.Le sang bout, se dit d'une extrême impatience.• Le sang me bout sur les Calas ; quand la révision sera-t-elle donc ordonnée ?, VOLT. Lett. d'Argental, 19 fév. 1763.Le sang lui bout dans les veines, se dit aussi de la première vigueur de l'âge.• Tant que le sang bout dans nos veines, CORN. Imit. I, 13.Cela allume le sang, cela irrite, anime excessivement. Cette lecture m'allumait le sang.Le sang lui monte à la tête, il est près de se fâcher.Le sang lui est monté au visage, il a été ému de honte ou de colère.Tout son sang bouillonne, son courroux est extrême.Familièrement, faire du bon sang, se faire du bon sang, prendre du plaisir, éprouver du contentement.• Je ne ferai de bon sang qu'à mon arrivée, MARIV. Pays. parv. 3e part..On dit aussi : Se faire une once de bon sang, s'amuser à une chose plaisante.Faire du mauvais sang, de mauvais sang, éprouver de la contrariété, prendre de l'humeur.• La lecture des malheurs imaginaires de Cleveland, faite avec fureur et souvent interrompue, m'a fait faire, je crois, plus de mauvais sang que les miens, J. J. ROUSS. Confess. V.• Je ne doute point que le mauvais sang que je me fis durant cette absence n'ait contribué à la maladie où je tombai après son retour, J. J. ROUSS. ib. VIII.Fig. Cet homme a du sang dans les veines, il est sensible à l'injure, il est hardi, résolu ; et, par la forme négative, il n'a pas de sang dans les veines, il n'est pas sensible aux injures, il est timide, irrésolu.Avoir du sang aux ongles, sous les ongles, au bout des ongles, savoir bien se défendre en toute manière, soit en action, soit en paroles ; avoir de la force et du courage.• Si nos ennemis avaient du sang aux ongles, SÉV. 301.Fig. La vie des hommes, en parlant de mort, de meurtre, de carnage.• Vous perdez en la mort d'un homme de son rang ; Vengez-la par une autre, et le sang par le sang, CORN. Cid, II, 9.• La terre ne cachera plus le sang qui a été répandu, SACI Bible, Isaïe, XXVI, 21.• Seigneur, soyez favorable à votre peuple d'Israël que vous avez racheté, et ne lui imputez pas le sang innocent qui a été répandu au milieu de votre peuple, SACI Deutéron. XXI, 8.• Je ne veux point ici rappeler le passé, Ni vous rendre raison du sang que j'ai versé, RAC. Athal. II, 5.• Je meurs, mais mon ombre s'envole bien accompagnée : je viens d'envoyer devant moi ces gardiens sacriléges [les eunuques d'un sérail] qui ont répandu le plus beau sang du monde [tué une belle femme], MONTESQ. Lett. pers. 161.• Serions-nous donc pareils au peuple déicide, Qui, dans l'aveuglement de son orgueil stupide, Du sang de son Sauveur teignit Jérusalem ?, LAMART. Harm. I, 6.Le prix du sang, le prix payé à un homme qui a livré un condamné à mort.• Il ne nous est pas permis de le mettre [l'argent payé à Judas] dans le trésor, parce que c'est le prix du sang, SACI Bible, Évang. St Math. XXVII, 6.Fig.• Je [moi, Palmire] suis le prix du sang du malheureux Zopire, VOLT. Mahom. IV, 3.Se baigner dans le sang, faire mourir beaucoup de monde.• Dans l'infidèle sang baignez-vous sans horreur, RAC. Ath. IV, 3.Épargner le sang, épargner la vie des hommes.Verser le sang, répandre le sang, tremper ses mains dans le sang, donner la mort à un homme, à des hommes.• Personne n'ignore les dérèglements de ce prince [Henri VIII], ni l'aveuglement où il tomba par ses malheureuses amours, ni combien il répandit de sang depuis qu'il s'y fut abandonné, BOSSUET Var. VII, 1.• Ils répandraient avec plaisir le sang du fils d'Ulysse, FÉN. Tél. I.• Exterminez, grands dieux, de la terre où nous sommes, Quiconque avec plaisir répand le sang des hommes, VOLT. Mahomet, III, 8.Aimer le sang, être altéré de sang, se repaître de sang, se plaire dans le sang, aimer à donner la mort.Il y a eu beaucoup de sang répandu dans cette guerre, beaucoup d'hommes y ont péri.Faire couler le sang, être cause d'une guerre ou d'une rixe sanglante.Le sang a coulé, a été répandu, il y a eu des personnes blessées dans cet engagement, dans cette rixe.Par exagération. Inonder de sang un pays, y faire périr beaucoup de personnes.Mettre un pays à feu et à sang, y commettre toutes sortes de cruautés.Fig. Ils se font la guerre à feu et à sang, ils sont fort irrités les uns contre les autres et cherchent à se nuire de toutes les façons.Laver son injure dans le sang, se venger en tuant celui de qui on l'a reçue.• Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage, CORN. Cid, I, 8.Payer une chose de son sang, être mis à mort pour l'avoir faite ou dite.Le sang de cet homme crie vengeance, il faut que le meurtre de cet homme soit vengé.Fig. Son sang est sur lui, c'est sur lui que retombe la responsabilité de sa mort ou de tout autre malheur.• Puisque M. Jurieu ne veut pas suivre ces belles lumières, son sang est sur lui, et son crime est inexcusable, BOSSUET 6e avert. 21.6° De sang, de nature sanguinaire.• Je pense que vous aimez particulièrement cette histoire [Judith et Holopherne], et que vous êtes bien aise de voir une action de sang et de meurtre approuvée dans l'Écriture, VOIT. Lett. 25.• Et dont l'âme de sang, injuste et déloyale, Souille avec tant d'horreur la majesté royale, DU RYER Scévole, III, 3.• Sauvez-moi de tous ces hommes de sang, SACI Bible, Psaumes, LVIII, 3.• Un tribunal de sang te condamne au supplice, VOLT. Alz. V, 4.• En Saxe, Charlemagne fit des lois de sang, VOLT. Moeurs, 82.• Son insensibilité [du peuple romain] allait au point qu'au milieu des plus belles scènes [de Térence], il demandait un ours, des athlètes ou des gladiateurs ; il fallait à ce peuple des spectacles de sang, CONDIL. Hist. anc. XI, 1.• On se rappellera longtemps ces jours où des hommes de sang prétendirent élever des autels aux vertus sur les ruines du christianisme, CHATEAUBR. Génie, I, I, 4.Tribunal de sang, tribunal établi en 1567, dans les Pays-Bas, par le duc d'Albe.7° Fig. Le sang, la substance du peuple, des pauvres.• Je ne m'étonne point que les fripons engraissés de notre sang se déclarent contre M. Turgot, qui veut le conserver dans nos veines, VOLT. Lett. La Lande, 19 déc. 1774.• On a presque regret d'être homme quand on songe aux malheureux dont il faut manger le sang, J. J. ROUSS. Hél. V, 7.Sucer le sang du peuple, s'engraisser du sang du peuple, se dit de gens en place qui s'enrichissent en appauvrissant le peuple.8° Race, extraction, famille.• Seigneur, je suis Romain et du sang de Pompée, CORN. Cinna, V, 1.• La mère sort d'un sang fécond en procureurs, HAUTEROCHE Bourg. de qual. I, 1.• Je n'ai pas reconnu mon sang dans votre style, SÉV. à Bussy son cousin, 9 juin 1669.• Il était juste que ce précieux dépôt [les princes de Condé, de Conti et de Longueville emprisonnés] demeurât entre les mains du roi, et il lui appartenait de garder une si noble partie de son sang, BOSSUET le Tellier..• Quelque glorieuse que fût la source dont il sortait, l'hérésie des derniers temps l'avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d'erreur et de mensonge, FLÉCH. Turenne..• Sorti de l'ancienne et illustre maison de la Tour d'Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, FLÉCH. ib..• Tous les liens du sang n'ont pu le retenir, RAC. Phèdre, IV, 1.• Je n'ai pu conserver Que la fierté d'un sang que je ne puis prouver, RAC. Iphig. II, 1.• Rome, par une loi qui ne se peut changer, N'admet avec son sang aucun sang étranger, RAC. Bérén. II, 2.• Ce que le sang peut communiquer de dispositions et de talents est fort douteux, MAIRAN Elog. Bremond..• Quoique le sang des Jagellons eût régné longtemps, ces princes ne furent jamais ni absolus par leur royauté, ni rois par droit de naissance, VOLT. Moeurs, 119.• Le roi [Henri VIII] fit périr par la main du bourreau la mère de ce cardinal [de Pole], sans respecter la vieillesse, ni le sang royal dont elle était, VOLT. ib. 135.• Plus le sang de Charlemagne s'éloignait de sa source, plus il dégénérait, VOLT. ib. 24.La pureté du sang, se dit d'une famille de haute extraction dans laquelle il n'y a point eu mésalliance.• La pureté du sang ne fit que servir de motif à la pureté des moeurs de Mme la Dauphine, FLÉCH. Dauphine..En Espagne, pureté de sang, absence de toute hérésie dans une famille.Les enfants par rapport à leurs pères, les membres de la famille par rapport les uns aux autres.• Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte, CORN. Cid, I, 8.• Ne me dis point qu'elle est et mon sang et ma soeur, CORN. Hor. IV, 6.• N'écoutez point pour lui ces maximes cruelles : En épousant Pauline il s'est fait votre sang, CORN. Poly. III, 3.• N'aie point peur, je ne suis pas mort ; va, tu es mon vrai sang, ma véritable fille, et je suis ravi d'avoir vu ton bon naturel, MOL. Mal. imag. III, 21.• Si vous dites vrai, nous la renoncerons pour notre sang, MOL. G. Dand. II, 9.• Enfin, vous voyez comme votre sang [votre parente] prend mon parti, MOL. Critique, 3.• Adieu, mon sang, SÉV. à Bussy, son cousin, 19 mai 1671.• Ces monstres.... Qui, prenant en dégoût les fruits nés de leur flanc, S'irritent sans raison contre leur propre sang, BOILEAU Sat. X..• David m'est en horreur, et les fils de ce roi, Quoique nés de mon sang, sont étrangers pour moi, RAC. Athal. II, 7.• Et, quand je veux chercher le sang qui m'a fait naître..., RAC. ib. II, 1.• Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines, VOLT. Zaïre, II, 3.Mauvais sang, les membres pervers d'une famille.• Et quand nos vieux héros avaient de mauvais sang, Ils eussent, pour le perdre, ouvert leur propre flanc, CORN. Poly. V, 4.En une autre acception, mauvais sang, personne ou personnes dignes de réprobation.• Et depuis quand, seigneur, la soif du premier rang Craint-elle de répandre un peu de mauvais sang ?, CORN. Sertor. I, 1.Les princes du sang, les princes qui sont de la maison royale ou impériale.• Enfin il [M. de Pompone] ne sera plus que le plus honnête homme du monde : vous souvenez-vous de Voiture, en parlant de M. le Prince : Il n'avait pas un si haut rang ; Il n'était que prince du sang, voilà justement l'affaire, SÉV. 388.• Vieillir fille est un piètre état ; les princesses du sang ont bien de la peine à soutenir cet état contre nature, VOLT. Lett. Thiriot, 21 déc. 1737.Droit du sang, celui que donne la naissance. Henri IV arriva au trône par le droit du sang.Cela est dans le sang, se dit d'une personne qui a de bonnes ou de mauvaises qualités qu'elle tient de famille.Il se dit aussi d'une bonne ou d'une mauvaise qualité qui vient du tempérament.• Cela est dans ton sang d'adorer le vrai mérite, LEGRAND Triomphe du temps futur, 3e part. sc. 1.La vertu des pères ne passe pas toujours avec le sang dans leurs enfants, ne se transmet pas toujours avec le sang, les enfants n'ont pas toujours les bonnes qualités de leurs pères.Le plus pur du sang, le membre de la famille le plus chéri.• Pourquoi, moi-même enfin me déchirant le flanc, Payer sa folle amour [de Ménélas] du plus pur de mon sang ?, RAC. Iphig. IV, 4.Fig. Il lui en a coûté le plus pur de son sang, il a donné le plus pur de son sang, il a sacrifié la meilleure partie de ce qu'il possédait.9° Le sang, les sentiments d'affection entre les membres d'une même famille.• Elle est mère, et le sang a beaucoup de pouvoir, CORN. Rodog. II, 4.• ...De ce soupir que faut-il que j'augure ? Du sang qui se révolte est-ce quelque murmure ?, RAC. Iphig. I, 3.• Et le sang reprendra son empire ordinaire, RAC. Théb. III, 5.• Ceux qui l'ont connu croiront aisément que les affections communes, le sang, le nom n'avaient pas beaucoup de pouvoir sur lui, et qu'il se tenait isolé de tout sans se faire violence, FONTEN. Littre..Le murmure du sang, la force du sang, la voix du sang, les sentiments qui parlent en faveur des membres de notre famille.• La voix du sang se fit entendre, je me rappelai tous mes devoirs envers mes parents, LESAGE Gil Bl. X, 2.En un sens particulier, la force du sang, les sentiments que l'on ressent quelquefois pour une personne de même sang, bien qu'on ne la connaisse pas.La chair et le sang, même signification.• Le combat d'une femme chrétienne, non pas contre les persécuteurs de la foi, mais contre la chair et le sang, contre ses proches, BOURDAL. 1er dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 26.• La nature en cette occasion [dans une contagion] relâche beaucoup de ses droits et de ses obligations ordinaires ; les lois de la chair et du sang ne sont pas si fortes que l'horreur d'une mort presque inévitable, FLÉCH. Duch. de Mont..Terme de l'Écriture. La chair et le sang, la nature corrompue.• La multitude adore des divinités de chair et de sang, FÉN. t. XVII, p. 240.10° Sang se dit de races d'hommes, par rapport aux croisements.• Le sang tartare s'est mêlé d'un côté avec les Chinois et de l'autre avec les Russes orientaux, BUFF. Hist. nat. Hom. Oeuv. t. V, p. 20.Sang mêlé, se dit de populations où il y a eu des croisements.• Le sort des Espagnols, dans tous les pays du monde, est d'être un sang mêlé ; celui des Maures coule encore dans leurs veines en Europe, et celui des sauvages dans l'autre hémisphère, RAYNAL Hist. phil. VIII, 7.Un sang-mêlé, un homme qui provient de pareils croisements.Au pluriel. Des sang-mêlé, c'est-à-dire des hommes à sang mêlé. On dit que les sang-mêlé sont moins prolifiques que les individus de race pure.Le sang est beau dans ce pays, les hommes y sont beaux et bien faits.• Ce qui rend le sang si beau en Perse, c'est la vie réglée que les femmes y mènent, MONTESQ. Lett. pers. 34.• Le sang de Géorgie est encore plus beau que celui de Cachemire ; on ne trouve pas un laid visage en ce pays, BUFF. Hist. nat. Hom. Oeuv. t. V, p. 94.• C'est une ville fort agréable ; l'air y est bon, les promenades y sont délicieuses, et le sang y est superbe, PICARD Petite ville, IV, 5.C'est un beau sang, se dit d'une famille composée de beaux enfants.11° Terme d'hippologie. Pur sang, ou, simplement, sang, ensemble, chez le cheval, de caractères extérieurs et de qualités innées qu'on ne rencontre que chez les races nobles.• Les chevaux de pur sang ont de la distinction, de l'élégance et de la grâce dans les formes ; la peau fine et souple ; les crins fins et soyeux ; les muscles fermes, bien dessinés sous la peau ; les os durs et compactes ; les vaisseaux sous-cutanés très apparents ; les allures très rapides ; le système nerveux et les facultés intellectuelles bien développés, VALLON Cours d'hippologie..Demi-sang, ou deuxième sang, produit d'un individu de pur sang avec un individu de race commune.Trois-quarts de sang, produit d'un pur sang et d'un demi-sang, sept-huitième, quinze-seizième de sang, en suivant le croisement dans le même sens.Aujourd'hui, on s'accorde à reconnaître deux chevaux de pur sang : le cheval arabe, chez qui le sang est d'origine et un don de la nature ; et le coureur anglais, qui, n'ayant du sang que par des croisements, n'en a pas moins acquis tous les caractères, et chez qui le sang est de seconde main et un don de l'hérédité.On ne confondra pas pur sang avec pure race, qui appartient à tout animal descendant directement de la souche de la race elle-même.Par abréviation, un pur sang, un cheval de pur sang.Au plur. Des pur sang, des demi-sang. On sous-entend chevaux : des (chevaux à) pur sang, des (chevaux à) demi-sang.12° Terme de vétérinaire. Sang de rate, maladie propre aux bêtes à laine et aux bêtes à cornes.• Plus d'un mal contagieux s'étend de l'animal à son gardien ; il en est ainsi pour la morve, pour le sang de rate et pour d'autres maladies encore, BAYLE-MOUILLARD Projet de code rural, page 90.13° Sang-froid, voy. sang-froid, à son rang alphabétique.14° Terme d'alchimie. Sang des philosophes, esprit minéral que l'on supposait être dans les métaux.PROVERBESBon sang ne peut mentir, les personnes nées d'honnêtes parents ne dégénèrent point.Il exprime aussi que l'affection naturelle entre personnes de même sang ne manque pas de se déclarer, de se découvrir dans l'occasion.• Bon sang ne peut mentir ; je t'aime toujours, DANCOURT Bourg. à la mode, I, 10.Il se dit parfois, par ironie, d'une fille qui n'est pas moins coquette que sa mère l'a été ou l'est encore.Qui perd son bien perd son sang, perdre son bien c'est presque la même chose que de perdre la vie.XIe s.• Nos les ferons [nos espées] vermelles de chald sanc, Ch. de Rol. LXXIV.XIIe s.• Ilec sanc de pechié covint par sanc laver, Th. le mart. 149.• Delivre mei des ovranz [ceux qui opèrent] iniquitet, e des humes de sanc salve mei, Liber psalm. p. 76.XIIIe s.• Home de sanc et tricheur aura nostre sire Deux en contre cuer, Psautier, f° 10.• Tel coup que li clairs sans en conviendra issir, Berte, XIII.• Quant Berte l'entendi, tous li sans lui remue, ib. LII.• Si te fremira tous li sans, Parole te faudra et sens, Quant tu cuideras commencier, la Rose, 2407.• ....Si comme aucuns fiert autrui par mal talent en liu saint, ou bat, ou fet sanc, ou tue, BEAUMANOIR XI, 15.XIVe s.• Boins sans ne poet falir, adès se monterra [montrera], Baud. de Seb. IX, 411.• Quelconque personne soit du sang ou lignage royal ou d'autre, Ordonn. des rois de France, t. V, p. 113.• Garin ala devers le maire de la justice et se plaignit du sang que lui avoit fait ladite femme, DU CANGE sanguis..• Le suppliant frappa un petit cop de la main sur le visage ledit homme, et lui fist un pou de sang volage parmi les dens, DU CANGE ib..XVe s.• À son costé dextre estoit tout le sang de France, c'est assavoir tous les grans seigneurs de France, comme Anjou, Berry, Bourgogne..., Journ. de Paris sous Charles VI et VII, an 1431.• A peu qu'il ne chut à la renverse, tant fort fut effrayé ; et quand il eut son sang, il..., LOUIS XI Nouv. II.• Quand la jeune meuniere ouit qu'on trouveroit bien remede à son fait, le sang lui commença à revenir, LOUIS XI ib. III.• Et en lisant, le sang lui monte et le coeur lui fremit, LOUIS XI ib. XXVI.XVIe s.• Il la battit à sang et à marque, MARGUER. Nouv. XLVI.• Elle s'osta la vie aussi magnanimement comme il appartenoit à sa vertu et au noble sang dont elle estoit issue, AMYOT Cat. d'Ut. 9.• Gens de sang, de sac et de corde, Qui vous faites nommer zelez, Sat. Mén. p. 213.• Nul sang blanc, nulle puce blanche, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 358.• Les seigneurs françois aimoient mieux employer à la guerre le sang de leur corps que le sang de leur bourse, ainsi qu'on l'appelle communement, FAUCHET De l'orig. des dignitez de France, liv. II, p. 59, dans LACURNE.• Par laditte coustume les viscontiers ont le sanc et le larron ; est à sçavoir cognoissance de meslée, de debat fait à sang courant, et du larron prins en icelle seigneurie, posé qu'il doive estre pendu et estranglé, Coust. génér. t. I, p. 645.Provenç. sang, sanc ; espagn. sangre ; portug. et ital. sangue ; du lat. sanguis, sanguinem.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESANG.6° Ajoutez :Mettre la main au sang, verser le sang.• Celui qui s'est mis sur un chemin pour voler et pour tuer est voleur devant que de mettre la main au sang, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..16° Sang bleu, nom, dans l'Amérique du Sud, des métis nés d'un croisement d'indigène, de nègre et d'Européen (sangre azul), Journ. offic. 22 avril 1877, p. 2998, 1re col.On voit par ce sens précis combien Lamartine s'est mal exprimé en comparant : " Le sang rouge du Franc au sang bleu du Germain. " Il a sans doute pris sang bleu métaphoriquement et a voulu signifier par là le tempérament flegmatique des Allemands.17°
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.