- peste
- (pè-st') s. f.1° Il se dit, en général, de graves maladies contagieuses ou épidémiques. La fièvre jaune est une peste originaire d'Amérique.• Le Seigneur envoya la peste dans Israël, depuis le matin de ce jour-là jusqu'au temps arrêté ; et depuis Dan jusqu'à Bersabée il mourut du peuple soixante et dix mille personnes, SACI Bible, Rois, II, XXIV, 15.Peste d'Athènes, maladie fébrile très grave qui sévit à Athènes d'une manière effroyable pendant la guerre du Péloponnèse, dans le Ve siècle avant l'ère chrétienne ; elle était caractérisée par une éruption.Peste antonine, maladie fébrile qui sévit dans l'empire romain, et particulièrement à Rome, sous l'empire d'Antonin ; les ravages en furent affreux.Peste bovine, maladie très contagieuse qui attaque l'espèce bovine et qui cause de très grands ravages.Par extension.• Vois combien de serpents, à mon commandement, D'Afrique jusqu'ici n'ont tardé qu'un moment, Et, contraints d'obéir à mes clameurs funestes, Ont, sur ce don fatal, vomi toutes leurs pestes, CORN. Méd. IV, 2.2° Particulièrement, en termes de médecine, maladie fébrile, généralement contagieuse, endémique dans le Levant, souvent épidémique, caractérisée par des bubons et des anthrax.• M. Musnier, de Gênes, m'a écrit que la peste a été si grande à Naples, qu'il y est mort, outre une infinité de monde, quarante-quatre médecins, GUI PATIN Lettres, t. II, p. 250.• Un mal qui répand la terreur, Mal que le ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom), LA FONT. Fabl. VII, 1.• MM. Chicoineau et Verny, arrivés à Marseille, trouvèrent la peste accompagnée de toute la désolation, de toute la consternation, de toutes les horreurs qu'elle a jamais traînées après elle, FONTEN. Chirac.• Vous avez vu des tremblements de terre ; mais, mademoiselle, avez-vous jamais eu la peste ? - Jamais, répondit la baronne, VOLT. Candide, XII.Peste noire, la plus formidable épidémie dont l'histoire ait conservé le souvenir, et qui régna dans le milieu du XIVe siècle ; c'était une vraie peste.Fuir quelqu'un ou quelque chose comme la peste, s'en écarter le plus possible.• Je m'aperçois tous les jours que tous ceux qui me connaissent me fuient comme la peste, disant que je suis trop médisante, LEGRAND le Fleuve d'oubli, sc. 3.Fig. et familièrement. Dire peste et rage de quelqu'un, en dire tout le mal possible.3° Fig. Chose pernicieuse, funeste, qui corrompt le coeur ou l'esprit.• La Discorde aux crins de couleuvre, Peste fatale aux potentats, MALH. III, 2.• Tous les livres semblables [à ceux d'Escobar, de Sanchez, etc.] que Nos seigneurs les évêques appellent la peste des consciences, PASC. 2e factum pour les curés de Paris.• Plusieurs n'étant ni excités à leur salut ni instruits de leur devoir, frappés de la maladie et du péché, renfermaient dans leur sein deux pestes ensemble et mouraient d'une double mort, FLÉCH. Panég. II, 331.4° Il se dit aussi des personnes qui peuvent faire beaucoup de mal.• Il ne manquait pas de flatteurs, peste fatale qui renverse plus d'États que les armes des ennemis, VAUGEL. Q. C. 5.• Quelques gens d'Israël qui étaient des hommes couverts d'iniquité, et comme des pestes publiques, SACI Bible, Machab. I, X, 61.• Mainte peste de cour fit tant, par maint ressort, Que la candeur du juge, ainsi que son mérite, Furent suspects au prince...., LA FONT. Fabl. X, 10.• Vous avez là, ma fille, une peste avec vous, Avec qui, sans péché, je ne saurais plus vivre, MOL. Tart. II, 2.• C'est une peste dans une famille bourgeoise qu'une Mme Patin, DANCOURT Chev. à la mode, v, 1.• Il regrette sincèrement le temps qu'il a perdu avec les grands et les femmes, ces pestes du talent, DIDER. Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 316, dans POUGENS.Il se dit aussi des animaux nuisibles ou incommodes. Les loirs sont la peste des jardins.• Nous fûmes extrêmement incommodés des moucherons, qui sont la peste de ce pays, REGNARD Voyage de Laponie..Familièrement et par exagération. C'est une méchante peste, se dit d'un méchant petit garçon, d'une jeune fille très malicieuse.Des pestes de.... des gens très désagréables.• Des pestes de valets j'admire l'insolence, HAUTEROCHE App. tromp. I, 4.• Cela me raccommode avec ces pestes de femmes, et puis c'est le diable de me refâcher contre elles, MARIVAUX Surp. de l'amour, I, 2.5° Adj. C'est un petit peste, se dit d'un petit garçon qui est malicieux.Il est un peu peste, elle est un peu peste, se dit d'un homme, d'une femme qui a de la malice, de la malignité.• Qui se sent prude et précieuse, Pour toujours est en sûreté ; Et fût-elle peste et rieuse, Les rieurs sont de son côté, Mlle DE LA VIGNE dans RICHELET, Dict..L'emploi de peste comme adjectif a vieilli.6° Par imprécation.• La peste du.... Peste soit du.... La peste Soit du causeur !, MOL. le Dép. II, 7.• Peste soit des carognes qui me laissent dans l'inquiétude !, MOL. Mar. forcé, XI.La peste soit le.... Peste soit le....• La peste le.... La peste soit la bête !, MOL. l'Ét. I, 4.• La peste le coquin !, MOL. Festin, III, 6.• Peste soit le coquin de battre ainsi sa femme !, MOL. Méd. malgré lui, I, 2.La peste soit fait le....• La peste soit fait l'homme, et sa chienne de face !, MOL. Éc. des f. IV, 2.La peste m'étouffe !• La peste m'étouffe, monsieur, si je le sais !, MOL. Impromptu, sc. 3.7° Par exclamation, peste ou la peste !• Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ?, MOL. Amph. I, 1.• Peste ! comme l'utilité vous a bientôt rapproché les distances !, BEAUMARCH. Barb. de Sév. I, 4.XVIe s.• Il se leva à Rome une peste si violente, que les hommes en mouroient tout subitement, AMYOT Rom. 37.• Il s'alla accointer de Curio, l'amitié et acointance duquel luy fut une peste, AMYOT Anton. II.• La peste n'est pas tousjours d'une mesme sorte : qui a esté cause que l'on lui a donné divers noms, à sçavoir fieuvre pestilente, caquesangue, coqueluche, suette, trousse-galant, bosse, charbon, pourpre et autres, PARÉ XXIV, 1.• Remede contre.la peste par art : fuir tost et loing, retourner tard, COTGRAVE .Wallon, pest ; du latin pestis, fléau en général, et, particulièrement, maladie dangereuse et commune à beaucoup. Corssen, Beitr. p. 396, pense que pestis est pour perdtis, de perdere, perdre, ruiner.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREPESTE. Ajoutez : - REM. Les quatre vers de Mlle de la Vigne, cités au n° 5, d'après Richelet, appartiennent à une pièce qui se trouve dans Mélange curieux contenant les meilleures pièces attribuées à M. de St-Évremond, t. I, p. 78, Cologne, 1708.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.