- panier
- (pa-nié ; l'r ne se prononce et ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des pa-nié-z en osier) s. m.1° Ustensile d'osier, de jonc, etc. qui sert à contenir des provisions, des marchandises, etc.• Cher compagnon, baisse-toi, je te prie : Je prendrai mon dîner dans le panier au pain, LA FONT. Fabl. VIII, 17.• Exupère.... pousse si loin l'excès de son détachement et de ses largesses, qu'il est réduit de porter la divine eucharistie dans un panier d'osier, et le sang de Jésus-Christ dans un vase de terre, MASS. Confér. Us. des reven. ecclés..• L'Automne, un panier à la main, Cueille les fruits qu'elle colore, BERNIS Quatre sais. Print..Panier de marée, panier dans lequel on apporte d'ordinaire la marée à la halle.Panier à bouteilles, panier à compartiments, dans lequel on met des bouteilles.On dit de même : le panier aux verres, le panier à l'argenterie.Il est sot comme un panier, se dit d'un homme fort sot (locution qui s'explique par l'historique ; l'expression complète est : sot comme un panier percé).• Pour le coup, monsieur l'avocat, vous voilà sot comme un panier, LEGRAND les Paniers, sc. 25.Il est resté sot comme un panier, il est demeuré muet de surprise, s'apercevant qu'il avait été attrapé.Fig. et familièrement. Un panier percé, un prodigue, un dissipateur.• Son mari [de la comtesse de Roucy] glorieux et bas plus qu'elle, panier percé qui jouait et perdait tout, SAINT-SIMON 39, 199.• Cette Nérine-ci n'est pas trop pour mon maître. A-t-elle grand tort ? non ; c'est un panier percé, REGNARD le Joueur, I, 3.Panier percé, se dit aussi d'une mémoire qui ne retient rien.2° Contenu d'un panier, panerée. Un panier de fruits, de raisin.Le dessus du panier, ce qu'il y a de plus beau et ce qui est placé en dessus pour faire valoir le reste ; le fond du panier, le rebut, ce qu'il y a de moins beau, de moins bon.• Une de nos folies a été de souhaiter de découvrir tous les dessous de cartes de toutes les choses que nous croyons voir, et que nous ne voyons point : tout ce qui se passe dans les familles, où nous trouverions de la haine, de la jalousie, de la rage, du mépris, au lieu de toutes les belles choses qu'on met au dessus du panier, SÉV. 197.Fig. Le dessus du panier, ce qu'il y a de mieux.• Je vous donne avec plaisir le dessus de tous les paniers, c'est-à-dire la fleur de mon esprit, de ma tête, de mes yeux, de ma plume, de mon écritoire, SÉV. 234.3° Fig. L'anse du panier, les profits illicites que les domestiques font sur l'achat des denrées.• Je m'accostais souvent de certaines servantes Que je voyais toujours propres, lestes, pimpantes, Et qui, pour soutenir l'éclat de leurs atours, Sur l'anse du panier faisaient d'habiles tours, la Maltôte des cuisinières, cité par CH. NISARD, Revue de l'instruction publique, 21e année, n° 1.• La réponse des servantes aux langues calomnieuses qui ont frotté sur l'anse du panier ce carême, Titre d'un opuscule imprimé à Paris en 1663.• Depuis le commencement du carême, je perds plus de six écus ; car ma maîtresse va tous les jours à la halle, et moi après elle avec un grand panier ; je ne gagne pas pour faire mettre des bouts à mes souliers, depuis que je ne gouverne plus l'anse du panier, ib..• Elle s'amusera à se faire brave aux dépens de l'anse du panier, ib..Faire danser l'anse du panier, se dit d'une servante qui fait payer à ses maîtres ce qu'elle achète, plus cher qu'on ne lui a vendu.En un sens analogue, porter le panier.• Sur chaque fourniture il vous revient un droit : Rôtisseur, épicier, chandelier, tout vous doit ; De porter le panier ne soyez pas honteuse, Et faites-vous paver le droit de la porteuse, la Maltôte des cuisinières, SÉV. ib..Faire danser l'anse du panier, se disait au XVe siècle : battre le cabas, E. DESCH. Miroir de mariage, p. 68. (Battre le cabas, ou faire danser l'anse du panier, c'est en user librement avec le panier dont on est chargé.)4° Panier à salade, espèce de panier à jour, plus étroit du haut que du bas, ayant une anse en fil de fer ou en osier, où l'on met la salade après l'avoir lavée pour la faire égoutter.Populairement. Panier à salade, voiture pour les prisonniers ; c'est une longue voiture séparée en deux compartiments par une allée.Le panier à salade est aussi une voiture élégante en osier pour la promenade.5° Panier au papier, panier où l'on jette les papiers inutiles, que l'on ne veut pas conserverPanier aux ordures, panier dans lequel on dépose les ordures, les épluchures de ménage, pour de là les jeter à la rue.6° Sorte de cage en osier, de forme conique, qui sert à chauffer le linge.• Ces paniers d'osier, de forme conique et à pointe, dont on fait usage pour chauffer le linge, GENLIS Maison rust. t. I, p. 412, dans POUGENS.7° Panier d'un coche, grande caisse, faite d'osier qui se plaçait devant ou derrière le coche, et où l'on mettait des marchandises et parfois des voyageurs.• Le dernier jésuite qui sortira du royaume emmènera avec lui le dernier janséniste dans le panier du coche, D'ALEMB. Lett. à Voltaire, 2 mars 1764.8° Panier à ouvrage, petite corbeille où les femmes mettent leurs ouvrages d'aiguille.9° Terme de jeu. Petite corbeille dans laquelle on met les enjeux. Mettre au panier.Ces enjeux eux-mêmes.10° Panier anglais, panier pour faire voyager des arbres rares, délicats et en pleine végétation.11° Panier roulant, sorte d'ustensile avec lequel on fait marcher les enfants.• Émile n'aura ni paniers roulants, ni lisières, J. J. ROUSS. Ém. II.12° Ruche d'abeilles faite en paille ou en osier.• Il lui demanda où diable il se venait fourrer nu, et les mains liées, entre des paniers à mouches, SCARR. Rom. com. II, 16.13° Jupon garni de baleines, qui soutenait la robe des femmes.• Julie : Il trouve le panier ridicule, incommode, Et pour cet ornement il marque tant d'horreur...., - Lisette : Convenez que le vôtre est d'une riche ampleur : Je ne m'étonne pas qu'il lui choque la vue, DESTOUCH. Homme singul. II, 1.• J'eus beaucoup d'obligation à l'énorme panier de Mme de Vambures, qui, en remplissant tout le fond du carrosse, m'apprit que je devais m'asseoir sur le devant, MARIVAUX Pays. parv. part. 6.• Ces Pyrrhus, ces Brutus en perruque, en chapeau, En paniers de baleine, et couverts d'oripeau, FAVART Acajou, I, 4.• Son corps pressé gémit sous les barrières D'un lourd panier qui flotte aux deux portières, VOLT. Épît. 64.• J'ai laissé passer prudemment Des paniers la troupe titrée Qui remplit tout l'appartement De sa bigarrure dorée, VOLT. ib. 57.• Les comédiens calquent les modes françaises sur l'habit romain, on voit Cornélie en pleurs avec deux doigts de rouge, Caton poudré à blanc, et Brutus en panier, J. J. ROUSS. Hél. II, 17.• C'était l'Électre de Crébillon ; au lieu du panier ridicule et de l'ample robe de deuil qu'on lui avait vus dans ce rôle, elle [Mlle Clairon] y parut en simple habit d'esclave, MARMONTEL Mém. v..Fig. Paniers se dit pour caractériser le goût du XVIIIe siècle dans les modes et dans les arts.14° En architecture, une voûte, une arcade à anse de panier, une voûte, une arcade surbaissée, qui n'a pas son cintre parfait.Ornement d'architecture plus étroit et plus haut que la corbeille, portant des fleurs et des fruits.15° Terme de maçonnerie. Plâtre au panier, plâtre qui a été passé par une sorte de panier d'osier à claire-voie.16° Sorte de piége pour les oiseaux.17° Panier à espadon, sorte de garde en osier, qui garnit une lame de bois, ou une languette en forme de sabre, dont on se sert pour apprendre à tirer l'espadon.18° Partie placée au milieu de la corde de l'arbalète, où se met la balle ou le jalet quand on veut tirer.19° Panier de bonde, sorte de nasse sans goulet, que l'on place ordinairement près des chutes de moulins.20° Sorte d'engin qui sert à nettoyer le coton arrivant des îles.21° Terme d'art militaire. Panier d'ancrage, engin de pontonnier, qu'on emploie à défaut d'ancre ; c'est une sorte de panier en clayonnage qu'on remplit de gros gravier.Panier à feu, machine de guerre, qui se jette avec un mortier, comme la bombe.PROVERBESPetit mercier. petit panier, ou à petit mercier, petit panier, c'est-à-dire la dépense, l'entreprise doit être proportionnée à la fortune.Au jour du jugement, chacun sera mercier et portera son panier, c'est-à-dire chacun répondra de ses oeuvres.Adieu paniers, vendanges sont faites, se dit quand il est venu quelque fléau sur les vignes, de sorte qu'on n'aura pas besoin de paniers, et fig. de toutes les affaires manquées sans ressource. Locution qui vient, d'après Brantôme, d'un capitaine Panier, qui, blessé mortellement, eut le temps de dire : Adieu, Panier, vendanges sont faites ; mais cela paraît une invention ; et l'explication naturelle de ce dicton doit être la vraie.XIIe s.• [Il] Garda sor destre [regarda à droite], s'a veü un panier, Où de rousoles [sorte de gâteau] avoit plus d'un milier, Bat. d'Aleschans, v. 3899.• Cume le brief Hieu [la lettre de Hieu] vint à ces de Samarie, erranment colperent les chiefs as seisante fiz le rei, sis [si les] mestrent en paniers, e enveierent les à Hieu en Jesrael, Rois, p. 381.XIIIe s.• Et bons poissons, Dont lor paniers furent garniz, Ren. 780.XIVe s.• On dit que le pennier scent toujours le harenc, Guesclin. var. du v. 1730.• Une paire de panier fermant à clef, DE LABORDE Émaux, p. 429.XVe s.• Petit mercier, petit pannier, CH. D'ORL. Chans. 81.XVIe s.• Que l'homme estant par trop lunier [consultant la lune], de fruits ne remplit son panier, O. DE SERRES 49.• Après avoir bien à poinct desjeuné, alloyt à l'ecclise, et luy portoyt on dans un grand panier un gros breviaire, RAB. Garg. I, 21.• Vertus Dieu, que ne chantez-vous : adieu paniers, vendanges sont faites ! je me donne au diable s'ilz [les ennemis] ne sont en notre clos, et tant bien couppent et seps et raisins, qu'il n'y aura par le corps Dieu de quatre années que halleboter [grapiller] dedans, RAB. I, 27.• Le capitaine Martin du Bellay recite, au voyage du Luxembourg, avoir veu les gelées si aspres, que le vin de la munition se coupoit à coups de hache et de congnée, se debitoit aux soldats par poids, et qu'ils l'emportoient dans des panniers, MONT. I, 261.• Il est sot comme un panier percé, OUDIN Curios. franç..Berry, pégnié, pégné, pénier, péné ; bourguig. penei ; prov. panier ; catal. paner ; ital. paniere ; du lat. panarium, corbeille à pain, qui vient de panis, pain ; la corbeille à pain étant devenue corbeille en général. On a aussi indiqué penarium, lieu où l'on serre les victuailles ; mais la forme est par a et non par e dans les plus anciens textes.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.